L'édito politique - Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Claude Allègre, ministre de la recherche et de l'industrie ?

Marc-Olivier Fogiel : Bonjour Claude Askolovitch. C’est la rumeur qui fait frissonner le petit monde politique : la suite de l’ouverture à gauche pourrait s’appeler Claude Allègre dans un grand ministère de la recherche et de l’industrie !

Et sur le papier, c’est une très mauvaise idée ! Claude Allègre n’est plus au parti socialiste. Pour la gauche, il ne fait plus partie de la famille. La dernière fois qu’il a été ministre, ça c’est très mal terminé. Il avait les profs et les lycéens contre lui et son ami Lionel Jospin avait dû le remplacer en catastrophe. Allègre a un caractère impossible, il provoque le conflit. En plus il est un des rares scientifiques à ne pas croire que le réchauffement climatique a été provoqué par l’homme. Ajoutez qu’il ne connaît pas grand-chose à l’industrie et le tableau est complet !
Et il y a un argument plus fort que toutes les logiques. Nicolas Sarkozy aime bien Claude Allègre. Du coup, à droite, chez les gens qui comptent, tout le monde se pose des questions mais personne ne bouge. On peut murmurer contre une idée du roi, on ne le dit pas.

Marc-Olivier Fogiel : Et pourquoi Sarkozy aime-t-il Allègre?

Parce qu’il le trouve différent, courageux, original et vivant ! Les défauts de Claude Allègre, ce sont aussi ceux du Président. On ne va pas lui demander de rejeter quelqu’un parce qu’il provoque des conflits !
Ensuite, l’ouverture ne sert pas à récupérer des électeurs, ça sert à faire mal à l’ennemi. Ca sert à prendre des compétences et de la méchanceté et Allègre, ça ferait mal, évidemment. Il fut un temps pas si lointain où Claude Allègre était le cerveau même de Lionel Jospin ! Ensuite, il est devenu la preuve d’une certaine lâcheté à gauche... Les socialistes font mine de le mépriser mais ils l’applaudissaient debout dans leurs congrès quand il était fort. Sarkozy peut vouloir chercher une revanche, et une force. Allègre ne connait pas l’industrie, mais il aime les chercheurs, et il peut mettre de la volonté politique. Le modèle Allègre, c’est Eric Besson : un homme qui a franchi la frontière et qui n’a plus aucun doute quand il se bat.

Marc-Olivier Fogiel : Donc selon vous, Sarkozy va le prendre ?

Donc, on n’en sait rien ! Cette affaire a un côté amusant. Pour l’instant, on greffe des raisonnements sur des rumeurs de la cour... Le seul moment réel, ce sont des déclarations de Claude Allègre lui-même, une seule fois. C’était au journal du dimanche il y a deux semaines. Il a parlé d’un grand ministère de la recherche et de l’industrie et il a dit que les profs de facs n’étaient pas assez payés -ce qui est très juste-, mais en parlant, Allègre a commis une faute. Il ne faut jamais montrer son propre désir.
Maintenant, il ne se fera plus prendre. Je lui ai parlé hier, il écrit des livres scientifiques, il a plein d’idées pour sauver le football français, Claude Allègre a 72 ans. Normalement, ça ne devait pas revenir pour lui, mais c’est en train d’exister, donc il est heureux... Ensuite, sur un malentendu, ça peut marcher !