L'édito politique - Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La grande bataille des Européennes.

Marc-Olivier Fogiel : Bonjour Claude Askolovitch, Bernard Kouchner ne sait pas pour qui il va voter aux européennes, il l’a dit au Parisien samedi, et c’est une hésitation qui fait du bruit.
Mais ça fait partie aussi de son charme à Bernard Kouchner ; il affiche toujours un soupçon de distance avec l’équipe dans laquelle il joue. En 1994, il était numéro deux de la liste Rocard, il avait voté pour la liste Tapie... et il l’avait dit ! Ca c’est Kouchner !
Maintenant, son hésitation est tout de même assez curieuse. Bernard Kouchner est ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, il l’a voulu, personne ne l’a forcé, il est libre de s’en aller s’il n’est pas d’accord, mais en attendant, il a porté et assumé toute la politique internationale de ce gouvernement et de ce président -et notamment la politique européenne-. Si Kouchner n’est pas tout à fait sur de voter pour la liste de l’UMP quand le chef de campagne de l’UMP, c’est simplement le président de la république, ce n’est pas un crime de lèse majesté (ça n’existe pas en politique) mais un péché d’incohérence ! Ca ne correspond tout simplement pas à la situation.
Marc-Olivier Fogiel : Mais les élections européennes ne sont pas la présidentielle et Nicolas Sarkozy n’est pas candidat !
Il est plus que candidat, Nicolas Sarkozy ! Il est le point de repère absolu, l’inspirateur et l’unique orateur de l’UMP ! La semaine dernière c’était à Nîmes, hier c’était en Allemagne...
Le seul programme de l’UMP aujourd’hui, c’est Sarkozy : ce qu’il a fait en Europe, ce qu’il propose en Europe, ce qu’il essaiera de faire en Europe, le partenariat avec la Russie, la main tenue et la porte fermée à la Turquie et plus de coordination économique... Les candidats UMP ne feront que décliner le sarkozysme européen...
On est en plein dans la Ve République : même les eurodéputés, sont les relais du Président au Parlement ! C’est assez inédit, parce que le Parlement Européen est un parlement indépendant, une vraie force législative, mais il y a une logique de situation.
La grande crise économique a fait basculer l’Europe du coté de la décision, donc des états. Ce n’est pas le Parlement ou la commission qui ont dû réagir pour sauver les banques, ce sont Sarkozy, Merkel, Zapatero, Brown et les autres qui ont fait de la politique en Europe. La campagne européenne n'est que la suite de cette séquence.
Marc-Olivier Fogiel : Et en France la campagne va devenir un référendum pour ou contre Nicolas Sarkozy...
Pour l’instant, c’est Sarkozy qui en profite puisqu’il prend l’initiative des débats. Comme d’habitude, il y a un paradoxe et une ironie. Au départ, les socialistes avaient un temps d’avance, ils voulaient prendre le Parlement Européen au sérieux, la crise leur donnait de la force, le moment était venu de relancer la social-démocratie, ils avaient conclu un vrai programme, avec tous les autres partis socialistes européens. Et voilà qu'au lieu de tenir ce programme, les socialistes décidé de jouer sur le rejet de Sarkozy, ils ont lancé leur campagne sur le thème du vote sanction... Du coup, ils ont offert la vedette à leur ennemi : on parle de ses propositions, quand on ne parle plus que de leurs refus.