L'édito politique - Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Aujourd'hui, François Bayrou battrait Ségolène Royal aux présidentielles

Marc-Olivier Fogiel : L’édito politique d’Europe 1, Claude Askolovitch, bonjour ! Ségolène Royal attaquait Nicolas Sarkozy, elle a rendu service à François Bayrou ! On l’a appris dans un sondage de l’IFOP pour "Sud Ouest". Si le premier tour de la présidentielle s’était rejoué hier, Royal aurait obtenu 20,5% : 5 points et demi de moins qu’en 2007... Et elle serait talonnée par Bayrou avec 19% !

Et c’est le résultat le plus impressionnant de la séquence des excuses à Zapatero. Plus encore que l’amitié réaffirmée entre Sarkozy et l’Espagnol qui montre à quel point Ségolène Royal était cette fois à côté de la réalité.
Ce renversement de tendance présidentiel et virtuel n’a rien de définitif mais c’est une alerte sérieuse pour tous les socialistes qui sont en train de perdre leur avantage comparatif face au centre, et aussi face à l’extrême-gauche. Besancenot est annoncé à 8 % dans le sondage de l' IFOP ! Le PS se fait grignoter parce qu’il se trompe de stratégie. Dans l’affaire des excuses, Royal a oublié sa vraie force - la critique sociale- pour privilégier une stratégie très violente : la diabolisation absolue de Nicolas Sarkozy, désigné comme indigne de sa fonction, voire du pays. C’est un pari -délibéré et peut-être sincère- mais qui n’est pas gagnant, la preuve.

Marc-Olivier Fogiel : Mais Bayrou n’est pas plus tendre avec Sarkozy...

Et on va en avoir confirmation avec son livre, mais Bayrou maîtrise mieux l’anti-Sarkozysme absolu, parce qu’il l’a inventé. C’est sa marque et une obligation aussi : Bayrou vient de la droite, pour justifier son opposition, il se convainc, et il veut convaincre que Nicolas Sarkozy est inadmissible. Le vrai talent de Bayrou est d’avoir imposé son discours au PS.
La musique socialiste se confond désormais avec la musique centriste dans un concours d’anti-Sarkozysme. Ajoutez à cela que les dirigeants socialistes se démolissent entre eux... L’électorat d’opposition n’a aucune raison de ne pas trouver Besancenot plus concret socialement, ou Bayrou plus solide s’il s’agit simplement de défier le président !

Marc-Olivier Fogiel : donc le PS devrait être moins critique envers Sarkozy pour ne pas être confondu avec Bayrou ?

Pratiquement oui. L’anti-sarkozysme, c’est presque un discours de droite pour se différencier ! Le PS ne devrait pas en avoir besoin. Il devrait se contenter d’être de gauche face au pouvoir, donc inventer un programme à lui, peut-être social libéral, peut-être social-démocrate, ou un programme très à gauche, naissant des luttes sociales ?
Les socialistes sont un parti de gouvernement. C’est leur culture. Mais ils font comme s’ils l’avaient oublié en courant après l’homme seul qu’est Bayrou dans un exercice de démolition manifestement jubilatoire, mais qui les enferme !
Martine Aubry vient de lancer la campagne européenne en réclamant un vote sanction contre Sarkozy, mais aussi contre Manuel Baroso, le président de la commission européenne, et contre Silvio Berlusconi pour faire bon poids !
On a donc une opposition, qui dit non non non et non, dans toutes les langues... Mais on n’a pas d’alternative et sans alternative, il n’y aura pas d’alternance.