L'édito politique - Catherine Nay

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
A quelques mois des Européennes, Nicolas Sarkozy relance le thème de la lutte contre l'insécurité...

Nicolas Sarkozy a promis hier à Nice de faire passer la lutte contre l'insécurité à la vitesse supérieure. Les socialistes parlent de manoeuvre électorale à l'approche des Européennes. Le Front National lui, l'accuse, par la voix de Marine Le pen d'utiliser l'insécurité à des fins électorales. Qu'en est-il Catherine ?

Oui, vous savez que le Front National n'a jamais pardonné à Nicolas Sarkozy de s'être emparé du thème sécuritaire dont ils croyaient détenir le monopole et qui formait son matelas électoral. Il est vrai que ce thème a porté chance à Nicolas Sarkozy dans sa conquête de l'Elysée. Donc il persiste et c'est chez lui un vrai credo. Mais avec les socialistes, on retombe dans l'éternel clivage : pour la gauche, le délinquant est une éternelle victime de la société, pour la droite, c'est la protection des victimes qui prime. Et puis, il y a ce débat entre lutte contre l'insécurité réelle -ça c'est la droite- et sentiment d'insécurité que Lionel Jospin en son temps avait repris à son compte mais après son échec à la Présidentielle, il avait reconnu sa naïveté.

A vous écouter Catherine, rien n'a changé ?

Le PS à choisi comme angle d'attaque l'atteinte aux libertés et non pas le droit à la sécurité. Depuis 7 ans, le PS n'a toujours pas bâti un projet alternatif a celui de l'UMP alors que les électeurs de gauche -les sondages le montrent- sont en attente parce que l'insécurité, ils la vivent au quotidien. Ce thème, en revanche, Jean-Pierre Chevènement s'en était saisi (ce qui n'a d'ailleurs pas plu aux camarades : souvenez-vous du tollé qu'avait provoqué sa remarque lorsqu'il avait traité les voyous de "sauvageons")
Dire aujourd'hui que Nicolas Sarkozy ne fait que manoeuvrer l'opinion serait nier qu'il y a un problème de bandes alors que le phénomène explose. Et, alors que les maires socialistes semblent être gênés de s'exprimer sur ce phénomène (qu'ils constatent pourtant chez eux), Nicolas Sarkozy, lui pense que la loi doit sans cesse s'adapter aux nouveaux comportements des délinquants et dans la prochaine loi, le seul fait d'appartenir à un groupe dont le seul but est de commettre des atteintes aux personnes pourrait coûter jusqu'à trois ans de prison.
Ces deux dernières années, le socialiste Zapatero avait fait voter un arsenal de peines très lourdes pour lutter contre les délinquants. Des lois, somme toute, assez similaires à celles que M. Sarkozy fait voter actuellement.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, accusait hier Nicolas Sarkozy d'avoir fait voter 23 lois qui ne servent à rien car, dit-il, ni la violence ni la récidive des mineurs, ni la délinquance n'ont reculés.

Je ne sais pas si les lois ont servi ou pas, mais si on se fie aux chiffres de l'Observatoire National de la délinquance, depuis 2002, la délinquance à baissé de 15 % dont -4% en 2008, celle des mineurs à, en revanche cru de 2% et la criminalité en bandes organisées de 17% dont +20% de trafic de drogues... Vous voyez, là c'est une recrudescence probablement liée à la crise.

Justement ! Dans ce contexte de crise, la répression ne peut pas être la seule réponse quand même ?

Non, et ce n'est peut-être pas un hasard si cette semaine, Nicolas Sarkozy va aussi s'adresser à la jeunesse et les jeunes diplômés, souvent précarisés par la crise lorsqu'ils ne possèdent pas un soutien financier suffisant pour se lancer dans la vie active.