L'édito politique - Catherine Nay

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Y aura-t-il un remaniement ministériel ?

Marc-Olivier Fogiel : On ne parle plus que de ça dans les sphères politiques, le remaniement ministériel qui se profile. Nicolas Sarkozy a même dû taper sur les doigts de plusieurs de ses ministres qui affichaient leurs ambitions de manière un peu trop voyante. Hier, la dernière rumeur annonçait l’arrivée du gouvernement de Christian Estrosi et donc on fait le point ce matin avec vous Catherine.

Catherine Nay : Oui, d’abord un remaniement ne dépend que du bon vouloir du président alors bien sur le premier ministre peut lui suggérer de modifier l’équipe mais la décision est entre ses mains et vous noterez qu’en ce domaine, Nicolas Sarkozy préfère retoucher que chambouler. Exemple, en décembre, Jean-Pierre Jouyet, promu gendarme de la Bourse a été remplacé par Bruno Le Maire aux affaires européennes, puis Patrick Devedjian est devenu ministre de la relance parce qu’en janvier Xavier Bertrand a quitté le ministère des affaires sociales pour devenir, à sa place, patron de l’UMP. Puis, il a été remplacé par Brice Hortefeux, Eric Besson lui a succédé à l’immigration, tandis que Nathalie Kosciusko, abandonna l’écologie pour le remplacer à l’économie numérique mais vous voyez ce sont toujours les mêmes sur l’échiquier. Deux ministres, Michel Barnier et Rachida Dati, doivent sortir du gouvernement pour aller au parlement européen. Pour le premier, ce devrait se faire dans les quinze jours, parce que tête de liste en Ile-de-France, chef de fil de l’UMP pour mener la campagne dans l’hexagone, il ne peut pas rester à l’agriculture ; la ministre de la justice, elle, devrait demeurer à son poste jusqu’à l’élection. Pourquoi ? Parce que le choix du ou de la future garde des sceaux n’est pas encore bouclé.

Marc-Olivier Fogiel : En juin en tous cas, cela fera deux ans que Nicolas Sarkozy est au pouvoir ; les équipes s’usent ou sont fatiguées. La question donc qui se pose ce matin : va-t-il renouveler l’équipe après les élections européennes histoire de se faire souffler un nouvel air ?

Catherine Nay : C’est ce que préconise Patrick Ollier, Député UMP et à la ville compagnon de Michèle Alliot-Marie. Il l’a dit, il souhaiterait l’arrivée de personnes d’expérience mais question : pensait-il à lui ? Pour remplacer des ministres usés. Question : pensait-il à MAM ? Alors ça va peut-être tanguer dans le couple ; en attendant on a beaucoup glosé dans le Landerneau.

Marc-Olivier Fogiel : Alors on cite beaucoup de noms : Philippe Seguin, Alain Juppé, voilà pour les poids lourds, les personnes d’expérience Catherine….

Catherine Nay : Sauf que le premier - même s’il est flatté que son nom circule – n’a pas à répondre à une sollicitation qu’on ne lui a jamais faite. Il est pour trois ans à la Cour des Comptes et il s’y trouve fort bien. Quant à Alain Juppé, on a compris qu’il reprendrait volontiers du service mais pour l’heure, il n’y a pas adéquation entre l’offre et la demande. François Fillon, c’est sûr, il reste à Matignon au moins jusqu’aux régionales de 2010 et lui, il récuse l’hypothèse d’un remaniement d’envergure. "Nous sommes, dit-il, le seul pays au monde dans les grandes démocraties où après deux ans, on s’interroge de savoir s’il faut changer le gouvernement. Je pense que ce n’est pas un gage d’efficacité". Et c’est vrai vous l’avez noté, ces dernières années, les Européens étaient stupéfaits de voir la vitesse avec laquelle, chez nous, les ministres des finances se succédaient. Il y en a eu onze en quinze ans et là c’est vraiment laisser le pouvoir à la technostructure.

Marc-Olivier Fogiel : Mais que dit Nicolas Sarkozy ? On a beaucoup dit qu’il voulait se séparer de Rama Yade, de Roger Karoutchi, de Christine Boutin... On murmure que MAM l’énerve.

Catherine Nay : Oui, on dit tout cela mais lui, qui n’est jamais en panne de confidents, joue les sphinx et ne dit absolument rien sur le remaniement. On le sent en tous cas déterminé à hésiter. D’abord parce qu’il ne veut pas faire du résultat des européennes un enjeu politique, et puis - c’est peut-être là l’essentiel – il n’a pas envie de changer parce qu’il n’aime pas changer les têtes autour de lui. Alors c’est vrai, on le sait, il peut être très dure, cruel même avec ses ministres mais une fois que sa foudre est tombée sur eux, il ne veut pas s’en séparer bien qu’il en ait brandi la menace. Et là c’est son trait de caractère, il blesse souvent, il aime blesser, mais il ne tue pas car humainement c’est quelqu’un qui a horreur des ruptures et des conflits. Et puis comme le dit François Fillon : "Quand on veut remplacer un ministre, on regarde dans le vivier et on s’aperçoit que le titulaire n’est pas si mal". Voilà pourquoi, moi je crois qu’il ne faut pas s’attendre à un grand chamboulement ministériel dans les prochaines semaines.

Marc-Olivier Fogiel : Merci Catherine Nay.