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Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international.

Face à un mouvement démocratique qui prend tous les jours de l’ampleur à Hong-Kong, la Chine commence à s’inquiéter. Les autorités communistes ont très sérieusement monté le ton ce mardi, menaçant les manifestants d’une intervention militaire.

La situation s’est très brutalement tendue avec une intervention particulièrement musclée du porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao. Une appellation sibylline qui cache en fait l’agence gouvernementale chargée par Pékin de contrôler ces deux régions administratives spéciales. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas mâché ses mots. "Nous ne pouvons pas laisser Hong Kong plus longtemps dans le chaos", a-t-il prévenu. "La Chine ne sera pas faible avec ceux qui enfreignent la loi. Ne sous-estimez jamais la ferme détermination et la puissance du gouvernement central. Ceux qui jouent avec le feu mourront par le feu". Si cela n’était pas une menace d’intervention militaire directe de Pékin pour mettre au pas le mouvement de contestation démocratique, ça y ressemblait fort. D’autant que cette brutale mise en garde des dirigeants communistes intervient après la diffusion d’une petite vidéo de trois minutes montrant un gigantesque exercice anti-émeute, mené par des militaires avec blindés et canons à eau dans une ville quadrillée par les barbelés. Des images mises en ligne par l’Armée populaire de libération qui, dans le commentaire, réaffirme sa capacité à maintenir la souveraineté de la Chine sur l’ensemble de son territoire. Autant dire que l’hypothèse d’un nouveau Tienanmen est désormais sérieusement envisagée par Pékin qui s’exaspère devant l’incapacité des autorités régionales de Hong Kong et de sa police à briser la révolte.

Mais le statut particulier accordé à Hong Kong lors de sa rétrocession à la Chine par la Grande Bretagne en 1997 interdit à Pékin d’intervenir militairement dans ce territoire ?

Effectivement sauf si le gouvernement de Hong Kong lui en fait la demande. Or, on sait que la marge de manœuvre de l’exécutif local est extrêmement réduite, particulièrement si Pékin jette tout son poids dans la balance. Or, c’est ce qu’on est en train de voir se mettre en place. Jusqu’à présent, le Parti communiste chinois a montré une certaine patience dont il n’aurait jamais fait preuve sur le continent, peut-être parce qu’il pensait que la mobilisation finirait par s’essouffler. Cela avait été le cas lors du mouvement des parapluie de 2014, la première révolte démocratique des jeunes à Hong Kong. Mais cette fois, c’est loin d’être le cas. La contestation ne cesse de prendre de l’ampleur, particulièrement depuis lundi quand plusieurs centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues et ont lancé une grève générale. Des secteurs professionnels qui n’avaient jamais manifesté de leur vie comme les fonctionnaires ont maintenant rejoint les étudiants. C’est une catastrophe pour Pékin qui craint la contagion d’une telle contestation sur le continent. D’autant que le Parti communiste chinois se refuse à toute réforme, voire même au plus petit geste de conciliation, et c’est bien ce qui rend les déclaration d’hier aussi inquiétantes. Il y a certainement une volonté d’intimidation dans la violence très assumée des propos mais la réalité, c’est que les dirigeants chinois commencent à manquer tragiquement d’option hors l’intervention militaire.