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Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il revient sur la crise déroutante entre l'Ukraine, la Russie et les Etats-Unis.

Cette crise ukrainienne est déroutante parce qu’on cherche à répondre à des questions qui ne se posent pas, avec des solutions qui n’en sont pas. Prenez le prétexte de la crise, son enjeu : l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan. C’est ce que réclament à grands cris les dirigeants ukrainiens et refuse avec colère Vladimir Poutine. Volodymyr Zelensky l’a dit amèrement : si l’Ukraine était dans l’Otan, elle aurait gardé la Crimée et le Dombass. Avec des si, on mettrait Kiev en bouteille et en sécurité. La vérité crue, c’est que l’Ukraine ne sera jamais membre de l’Otan. En 2008, un vice-président qui s’appelait Joe Biden en rêvait. La France et l’Allemagne ont dégainé prudemment leur véto. Depuis 14/18, elles savent qu’une alliance peut être fatale comme un piège. On ne fera jamais entrer dans une alliance militaire qui impose une solidarité automatique en cas d’agression un pays qui est occupé par un autre. Les Européens l’ont encore vérifié en intégrant Chypre, alors que l’armée turque occupe le tiers de l’île où elle a fondé une pseudo république turque de Chypre nord (que personne ne reconnait sauf Ankara) et qui vaut bien les pseudo républiques du Dombass (que seul Moscou a reconnues). Avec Chypre, l’Europe a importé un conflit gelé qu’elle a rendu indégivrable, sauf à intégrer aussi la Turquie… L’Otan est un leurre. Les sanctions, c’est pareil, la même logique irrationnelle.

Les sanctions, c’est l’armée préférée des Européens, la seule qu’ils utilisent…

L’Europe ne bombarde pas, elle sanctionne. Une réponse graduelle, moderne et surtout morale. Quand elle ne sait pas quoi faire contre ce monde injuste, elle le dénonce. Elle le saque et elle se sent mieux. 40 pays, de A comme Afghanistan à Z comme Zimbabwé et une foule de malveillants couchés sur une liste noire en permanence remise à jour, on compte un millier de textes différents selon les régimes de sanctions, toute une administration dédiée, c’est une drogue et une hallucination collective. L’Europe croit agir alors que cela ne sert à rien. On pourrait même dire qu’elle punit d’autant plus facilement qu’elle sait que cela ne changera rien. Ce n’est pas une politique, c’est une posture. Les sanctions n’ont jamais intimidé un tyran. Souvent, elles le renforcent. Les généraux birmans contrôlent la contrebande et prospèrent davantage. Les sanctions n’ont pas eu raison de Cuba,  bien au contraire c’est depuis 60 ans, le meilleur alibi du régime. L’autre effet pervers, c’est que lever les sanctions sans avoir obtenu un changement de politique serait avouer son échec. Elles sont donc reconduites automatiquement.

Avec la Russie, c’est une panoplie de sanctions très dures qui est envisagée…

Envisagée mais de loin… Et qui restent inoffensives. Depuis le temps qu’ils sont au coin, les Russes ont trouvé des alternatives. Ils ont mis leurs avoirs dans des paradis fiscaux. La Chine les aide à contourner les sanctions. Pour la reconnaissance de l’indépendance des deux républiques populaires du Dombass, les anglosaxons ont visé une demi-douzaine de banques, l’Europe a interdit de visa les députés de la Douma, ils  ne pourront plus passer le week-end dans leurs datchas de la Côte d’Azur. L’Allemagne a rajouté la mise en sommeil du gazoduc Nord Stream 2. Mais ne tremblez pas, nord Stream 1 fonctionne à jet continu, le robinet du gaz russe reste ouvert, c’est la peur et la spéculation qui font grimper le prix de l’énergie… Si l’armée russe prend le contrôle de tout le Dombass, de nouvelles sanctions seront prises. Si elle bombarde l’armée ukrainienne d’autres encore plus lourdes. Mais il faudrait que les Russes rasent Kiev pour qu’on leur interdise d’utiliser le dollar ou d’exporter leurs matières premières… Alors seulement, l’Europe pourra trembler en écoutant Poutine, mais trembler de froid.

Cette crise ukrainienne est déroutante parce qu’on cherche à répondre à des questions qui ne se posent pas, avec des solutions qui n’en sont pas.

Prenez le prétexte de la crise, son enjeu : l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan. C’est ce que réclament à grands cris les dirigeants ukrainiens et refuse avec colère Vladimir Poutine. Volodymyr Zelansky l’a dit amèrement : si l’Ukraine était dans l’Otan, elle aurait gardé la Crimée et le Dombass.

Avec des si, on mettrait Kiev en bouteille et en sécurité.

La vérité crue, c’est que l’Ukraine ne sera jamais membre de l’Otan. En 2008, un vice-président qui s’appelait Joe Biden en rêvait. La France et l’Allemagne ont dégainé prudemment leur véto. Depuis 14/18, elles savent qu’une alliance peut être fatale comme un piège.

On ne fera jamais entrer dans une alliance militaire qui impose une solidarité automatique en cas d’agression un pays qui est occupé par un autre.

Les Européens l’ont encore vérifié en intégrant Chypre, alors que l’armée turque occupe le tiers de l’ile où elle a fondé une pseudo république turque de Chypre nord (que personne ne reconnait sauf Ankara) et qui vaut bien les pseudo républiques du Dombass (que seul Moscou a reconnues). Avec Chypre, l’Europe a importé un conflit gelé qu’elle a rendu indégivrable, sauf à intégrer aussi la Turquie…

L’Otan est un leurre. Les sanctions, c’est pareil, la même logique irrationnelle.