Publicité
Publicité
macron guerre

Itinérance mémorielle : "On découvre un Emmanuel Macron qui aime la castagne et que l'hostilité stimule"

La Carte blanche de Catherine Nay
10 novembre 2018 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Ce samedi, Catherine Nay décrypte "l'itinérance mémorielle" d'Emmanuel Macron pour le centenaire de la Grande Guerre.


Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous.

Le Président Macron a regagné l'Elysée hier soir, après six jours d'itinérance mémorielle. Un voyage pour commémorer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, l'armistice. Un voyage sans précédent, dont vous faites le bilan, Catherine.

Un périple harassant. 1.000 kilomètres sur les sites incontournables de la Grande Guerre. Une vingtaine d'étapes où il a enchaîné les cérémonies militaires et civiles, les dépôts de gerbe, le recueillement sur les tombes des soldats inconnus. Partout, l'hommage aux Poilus, qui vont entrer au Panthéon. Mais le père de la nation, porteur des souffrances et des grandeurs de la mémoire nationale, a voulu en même temps répondre à toutes les colères et les impatiences du quotidien. "Lier les douleurs d'hier à celles d'aujourd'hui", a-t-il expliqué.

A chaque étape, il est allé au contact des citoyens mécontents, qui l'interpellaient sur leur pouvoir d'achat en baisse, la hausse du prix du diesel, le montant des retraites. Il a affronté les quolibets : "escroc, casse-toi". Malgré un effort indéniable de pédagogie, il n'a pas toujours réussi à convaincre. Et ces images passaient en boucle sur les chaînes de télévision. Résultat : les récriminations de 2018 ont effacé le souvenir des horreurs de 1918, ce passé tragique devant lequel il était venu s'incliner.

Emmanuel Macron voulait renforcer sa stature présidentielle en renouant le dialogue.

Ces images l'ont plutôt fragilisé. C'est qu'entre le Président jupitérien, dont la parole devait se faire rare - c'est ce qu'il promettait en entrant à l'Elysée - et le Chef de l'Etat qui s'arrête hier matin dans un bar PMU de Bully-les-Mines, près de Lens, une ville de 13.000 habitants qui a voté à 59% au 2ème tour pour Marine Le Pen, et qui se met derrière le comptoir et répond aux questions d'une cinquantaine de clients auxquels il paie sa tournée. Ou encore qui grimpe au sommet d'un terril pour assurer qu'il a senti la crise morale profonde du pays. Si on ajoute un parler souvent relâché. La hausse du pétrole ? Mais ce n'est pas bibi. Il y a de quoi être un peu perdu.

On s'étonne, en effet. Mais il est là, le vrai Macron ?

A l'en croire, ce périple mémoriel aura été pour lui un vrai bonheur. On découvre un Président qui aime la castagne, aller se confronter à la colère, et même que l'hostilité le stimule. Parce qu'il pense qu'il a des arguments pour emporter l'adhésion. Il adore se jeter dans la foule, embrasser, toucher les mains, attraper par les épaules, comme un copain. "Je suis avec vous. On va y arriver tous ensemble". Les quolibets, à croire qu'il ne les pas entendus. "Les gens sont formidablement accueillants, ça me fait chaud au cœur", dit-il. Il est courageux, peut-être parce qu'il croit que le combat se termine toujours en sa faveur, comme lorsqu'il a été applaudi par les ouvriers de Renault, à Maubeuge, après qu'un jeune syndicaliste Sud lui a signifié qu'il n'était pas le bienvenu. Très applaudi, en effet, lorsqu'il dit : "le vrai pouvoir d'achat, c'est le travail".

Mais petite parenthèse : le patron, Carlos Ghosn, venait d'annoncer 450 millions d'investissements et 200 embauches l'an prochain. De quoi détendre l'atmosphère. 

Si l'on écoute et lit les confrères, ce voyage sans précédent aura surtout été pour lui un chemin de croix.

Il est possible qu'il n'en touche pas les dividendes en termes de popularité, laquelle est en chute libre. Mais Emmanuel Macron était aussi en campagne de reconquête des élus locaux. Chaque jour, il a déjeuné ou dîné avec eux, grande opération séduction. Il les a écoutés parler longuement, entourés des ministres qui répondaient à leurs questions. Lui concluait ensuite. Et chaque fois, partout, il les a bluffés par sa connaissance des dossiers, et pour certains séduits, comme ils me l'ont dit. Car il est arrivé avec pas mal d'annonces, comme son engagement sur le pacte Ardennes pour réindustrialiser la région.

"Une rencontre positive mais vigilante", m'a dit un maire socialiste, car il faut maintenant que le Président tienne ses promesses. Si c'est le cas, les élus locaux sont l'un des meilleurs relais de confiance pour l'opinion. Un placement d'avenir pour Macron.

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari - La France en face
Politique

La France en face

Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk

Alexis Delafontaine
Politique

La semaine politique

Alexis Delafontaine

La semaine politique, c'est une heure de débats et d’interviews consacrés à l’actualité politique.

Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, s’entretient avec ceux qui font l’actualité nationale et internationale. Produit par le média belge « 21NEWS », ce podcast est à découvrir sur Europe1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

devilno
Politique

Le grand rendez-vous

Pierre de Vilno

Une heure d’entretien incontournable en partenariat avec CNEWS et Les Echos. Une personnalité politique, un dirigeant économique ou un intellectuel revient sur les grands thèmes de l'actualité et répond aux questions sans détour de Pierre de Vilno pour apporter des réponses concrètes aux Français.

De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, Europe 1 a tendu son micro à tous les chefs d’État de la Ve République. Réécoutez ces entretiens exclusifs issus de nos archives qui ont marqué l’histoire politique française.<br /> Vous découvrirez entre autres, le tout premier débat radio ou encore le premier numéro du « club de la presse »…<br /> <br /> “Les Grands Entretiens” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Politique

Démissions !

Olivier Duhamel

Les mandats non déclarés de Jean-Paul Delevoye et les homards de François de Rugy : en l’espace de quelques mois, deux ministres de premier plan ont été poussés vers la sortie en pleine tourmente. Deux cas d’actualité dans une liste en réalité très longue. Avec les meilleures archives d’Europe 1, le politologue Olivier Duhamel raconte l’histoire des démissions de ministres sous la Ve République, d’Antoine Pinay à Jean-Pierre Chevènement, des "Juppettes" à Arnaud Montebourg. Au fil des années, nos ministres en sont venus à répondre de moins en moins de leurs actes sur le plan strictement politique pour relever d’une responsabilité morale, plus diffuse, plus aléatoire. Au point de mettre la démocratie en danger ?Ce podcast est réalisé en partenariat avec Le Club des Juristes.

Jacques Chirac, l’ancien président de la République, est mort à l’âge de 86 ans. Il n’était plus apparu en public depuis plusieurs années mais son destin a épousé pendant des décennies celui de la France, de la Corrèze à l’Elysée. Découvrez nos récits et réécoutez nos meilleures archives dans ce podcast "Chirac : une histoire française".

Politique

Après #PassionConstitution, Olivier Duhamel revient pour une nouvelle série "podcastique" en huit épisodes intitulée "Nos présidents dans la tourmente". Car cela ne vous a pas échappé : Emmanuel Macron a dû faire face ces derniers mois à une crise sociale et politique d’une ampleur inédite, celle des "gilets jaunes". Mais avant lui sous la Ve République, d’autres chefs de l’Etat français ont également affronté des tempêtes, des tourmentes, des "affaires", bref des crises en tout genre. Comment ont-ils fait face ? Et en quoi les institutions les ont aidés à tenir ? Ce podcast est réalisé en partenariat avec Acadomia

1958-2018 : il y a 60 ans naissait la Ve République. Mais la Constitution n’a pas été écrite en une nuit et ce régime ne s’est pas installé du jour au lendemain, loin s’en faut. Dans une série originale inédite imaginée pour Europe 1 Studio, Olivier Duhamel raconte la naissance de la Ve République. De Colombey-les-Deux-Eglises à l’Elysée, en passant par Alger : découvrez ce récit en huit épisodes avec les archives de l’époque au micro d’"Europe numéro 1".