L’autre bataille de la droite autour des investitures pour les législatives : les experts d'Europe 1 vous informent

Antonin André 08.03.2016 1280x640 6:52
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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Antonin André, Axel de Tarlé et Anne Le Gall font le point sur l'actualité du jour.

Antonin André, expert politique

La bataille s’annonce violente chez les Républicains autour de l’investiture des candidats aux législatives : Nicolas Sarkozy veut les désigner dès juin, avant la primaire. Pas question pour Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire.
 
577 candidats investis par Nicolas Sarkozy soit 577 soldats loyaux et dévoués au candidat à la primaire Nicolas Sarkozy qui rouleront pour lui. Voilà ce que redoutent avant tout les prétendants à la primaire sans le dire. Deuxième argument, avoué celui-là : pas question de se retrouver comme François Hollande, une fois élu, président de la République à la tête de députés investis par sa rivale Martine Aubry avec à l’arrivée une légion de frondeurs. Alain Juppé, Bruno Le Maire ou François Fillon qui espèrent l’emporter veulent des députés élus sur leur projet et sur leurs méthodes de gouvernance. Le candidat à la présidentielle d’abord, les investitures aux législatives après. Le bras de fer s’annonce donc tendu, Nicolas Sarkozy est seul contre tous.
 
Nicolas Sarkozy s’est montré souple jusqu’à présent, sur les postes à la direction du parti, sur l’organisation de la primaire. Là encore, peut-il faire une concession ? Non ! Cette fois, il ne cèdera pas, il le répète à chaque fois que la question lui est posée : les investitures auront lieu en juin avant la primaire. Et il a des arguments : Attendre la primaire ? Cela veut dire repousser à décembre les investitures pour une entrée en campagne en janvier, c’est tard. Les Républicains sont dans l’opposition, ils auront beaucoup de nouveaux candidats, inconnus. Beaucoup de femmes aussi qu’il va falloir pousser : le parti exsangue financièrement ne peut pas se permettre de continuer à payer quatre millions d’euros d’amende par an pour non-respect de la parité. Il y a également un argument comptable : les comptes de campagne sont ouverts un an avant la date des élections ce qui veut dire organiser son association de financement dans les règles. Ça ce sont les raisons pratiques.

Mais il y aussi des raisons politiques : Alain Juppé ou François Fillon ont-ils été candidats à la présidence du parti les Républicains ? La réponse est non. Or la désignation des candidats aux législatives, via une commission des investitures, c’est la responsabilité du parti. Sur la primaire et son organisation, Nicolas Sarkozy s’est montré souple c’est vrai parce que le sujet dépasse précisément le cadre du parti. Les investitures, c’est son affaire. Au final, les candidats à la primaire cèderont. Pourquoi ? parce qu’ils n’ont aucun intérêt à faire de ces investitures un casus belli devant leurs électeurs qui n’y verront que de la tambouille politicienne, ça, Nicolas Sarkozy l’a bien compris.

 

Axel de Tarlé, expert économie

La SNCF annonce une perte historique de quelque 12 milliards d'euros mais il est important de préciser qu'il s'agit d'une perte "comptable".

Qu'est-ce qu'une perte "comptable" ? C'est le journal les Echos qui rapporte cette perte monstrueuse de quelque 12 milliards d'euros, une perte "comptable". La SNCF n'a pas perdu de l'argent l'an dernier sur le plan de son activité. 2015 est même plutôt une bonne année avec un chiffre d'affaires en hausse. Simplement, la SNCF a procédé à une opération vérité sur son patrimoine, un peu comme le propriétaire d'une maison qui dirait "ma maison ne vaut pas un million d'euros mais elle vaut 100.000 euros" soit 10 fois moins.  C'est la même chose. La maison SNCF vaut 12 milliards de moins que ce que l'on imaginait.

Pourquoi cette révision à la baisse ? Qu'est ce qui justifie cette énorme perte de valeur de 12 milliards ? D'abord, avec la concurrence du covoiturage, de l'autocar ou avions low cost comme Ryanair, la SNCF est obligée de baisser ses prix. Les TGV rapportent donc moins et le parc de TGV a, par conséquent, durablement perdu de sa valeur. Second point : l'environnement économique de la France est faible et le trafic ferroviaire va en pâtir. Le réseau ferré a donc moins de valeur que prévu soit 10 milliards de moins. Pour finir, l'influence des politiques qui ont imposé par la ligne rapide Paris-Bordeaux en deux heures, des travaux tellement coûteux. La SNCF va donc perdre de l'argent pendant des années sur Paris-Bordeaux.

Et ce n'est pas fini : aujourd'hui même, François Hollande se déplace en Italie et va finaliser avec Matéo Renzi le lancement de la ligne à haute vitesse Turin-Lyon. C'est un projet pharaonique qui va coûter plus de 20 milliards d'euros et qui ne sera donc pas rentable.

 

Anne Le Gall, experte innovation

Innovation : une nouvelle espèce de pieuvre découverte par hasard par des Américains

Il y a quelques jours, des scientifiques étaient en train d'explorer les fonds sous-marins au large d'Hawaï grâce à un petit appareil téléguidé quand ils sont tombés nez à nez avec un poulpe totalement inconnu dans les annales. Une toute petite pieuvre translucide blanche, toute dodue, que les scientifiques ont tout de suite comparée à un fantôme. Cette pieuvre a d'ailleurs très vite été baptisée Casper (pas très scientifique comme surnom mais efficace car cette petite pieuvre ressemble vraiment au petit fantôme blanc sympathique des dessins animés du même nom). Cette espèce est blanche car elle qui est dépourvue de cellules pigmentaires. Il faut dire qu'elle a été découverte par 4.300 m de fond, donc dans un environnement très sombre et que c'est la première fois que l'on trouve un poulpe à une telle profondeur.

En quoi est-ce une bonne nouvelle de découvrir un nouveau poulpe ? Parce qu’un nouveau poulpe, un nouveau crustacé ou un nouveau poisson, c'est une source potentielle de connaissance et de progrès. C'est vrai pour toutes les espèces vivantes mais particulièrement dans les océans car ils couvrent 70 % de la surface du globe et ils sont une mine pour l'innovation de demain. On sait déjà que le sang artificiel (pour les transfusions sanguines du futur) pourrait par exemple provenir de vers de sable marins. Les éponges intéressent aussi les chercheurs pour fabriquer de nouveaux médicaments et le corail pour mettre au point de nouveaux filtres solaires. Les algues, elles, sont intéressantes pour l'alimentation, pour fabriquer les carburants du futur ou de nouveaux plastiques biodégradables. La liste est loin d’être close car les chercheurs à l'origine de la découverte de la pieuvre fantôme Casper estiment qu'il reste encore 95 % des espèces sous-marines à découvrir.