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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Entre le gouvernement et les députés de gauche, le faussé s'agrandit. Tout semble indiquer un recours à "l'arme nucléaire" parlementaire : le 49.3.

Axel de Tarlé, expert Économie

Le mois d'Avril 2016 fera date dans le monde de l'automobile.  Pour la première fois, la voiture la plus vendue auprès des particuliers, en France, est une low cost, une voiture "à bas coût".

La Dacia Sandero s'est hissé en tête des ventes aux particuliers (hors entreprises et loueurs) du mois d'Avril. Rappelons que Dacia est la filiale Low Cost de Renault. Pour ceux qui n'ont pas dans l’œil la Dacia Sandéro, on vous l'a mise sur Twitter E1 matin.

Voiture passe partout, même segment que la Peugeot 208, la Clio de Renault, mais deux fois moins cher: à partir de 8000 euros. Sans faire la pub : c'est vrai que vous avez du neuf, au prix de l'occasion.    

Oui mais, on n'a pas les mêmes options, ni la même finition. Rappelons tout de même qu'on baisse la vitre avec la manivelle !

Exactement,  C'est un principe chez Dacia - Équipements qui datent, mais qui ont fait leur preuve.  La robustesse plutôt que l'innovation. Autre avantage de la robustesse : ce sont donc des voitures qui se revendent très bien sur le marché de l'occasion.  Dacia est élue chaque année, comme le constructeur dont les modèles affichent la plus plus petite perte de valeur à le revente.  D’où un certain succès : désormais 5eme constructeur de France Dacia talonne Volkswagen avec seulement 5 modèle (Sandero, Duster, Logan, Lodgy, Dokker) contre une trentaine pour Volkswagen.    

Sauf qu'aucune de ces voitures "Dacia" ne sont fabriquées en France !    

Exact : en Roumanie et au Maroc, mais pas de "made in France."  Impossible de fabriquer en France avec un prix de vente à 8000 euros. En France, fabriquer une voiture c'est tout de suite pour le haut de gamme, avec une haute valeur ajoutée. On ne va pas se mentir, autant Renault a merveilleusement réussi sur les voitures 1er prix, très rentables et sans véritables concurrents,  autant Renault a plus de mal sur le haut de gamme, "trusté" par les Allemands.

 

Antonin André, expert Politique

Avec le débat sur la loi Travail à l’assemblée, on entre dans le dur : la menace du 49.3, le passage en force plane. Hier soir à l’Elysée le président, le Premier ministre ont dirigé une réunion pour décider d’une stratégie. Alors "49.3 or not 49.3" ?

Je vais d’emblée prendre mon risque, oui ça se terminera par un 49.3. Mais officiellement la décision n’est pas prise. Non parce qu’on n’ouvre pas un débat avec les députés en leur mettant un pistolet sur la tempe. Donc : "né-go-cia-tion", c’est la ligne arrêtée hier soir. La ministre du travail, Myriam El-Khomri, et le rapporteur du texte Christophe Sirugue ont plaidé pour le dialogue. Convaincre 1 par 1 les députés sceptiques de l’utilité de cette Loi plutôt que dégainer d’emblée le 49.3. Stratégie validée par le Président de la République et par le Premier ministre au moment où on entre dans le dur avec le fameux article 2 : celui qui prévoit de privilégier les accords d’entreprise plutôt que les accords de branche, ce qui revient à donner de la souplesse à l’employeur pour s’adapter aux aléas de l’économie. C’est ce qu’on appelle l’inversion de la hiérarchie des normes.    

S’il y a négociation, cela veut dire que le gouvernement pourrait céder sur ce point et assouplir sa position ? 

Je vais être très clair : non. Pas question de revenir sur le principe. En fait on est dans un jeu de rôles, un jeu de postures. C’est pas moi c’est l’Elysée qui le dit : "on va jouer le jeu du débat parlementaire" me dit-on, "mais en fait on est dans une guerre de communication pour savoir qui portera le chapeau du nauséabond 49.3." Le gouvernement se dit ouvert au débat, prêt à  reformuler, à trouver des mots qui conviennent à tout le monde, mais sur le fond le gouvernement ne bougera pas sur le principe de la suprématie de l’accord d’entreprise. On a l’accord de la CFDT donc des partenaires sociaux il n’ y a plus à pinailler !  En face, on est prêt à une guerre d’usure, à coups de milliers d’amendements, mais pas question de voter ce que certains considèrent être une remise en cause des acquis sociaux. Donc oui le 49.3 est dans toutes les têtes. C’est le signe d’abord que la majorité est faible, réduite, et donc incertaine. Politiquement, ce qui est inquiétant pour le président de la République, c’est qu’on assiste à un débat entre la gauche et la gauche, un débat mortifère qui accentue la fracture à moins d’un an de la présidentielle... Pile au moment où François Hollande cherche à rassembler l’ensemble de son électorat de gauche.

 

Retrouvez le podcast de Aujourd'hui dansl'Histoire, présenté par Franck Ferrand.