Le hashtag What the Fuck France, la Bastille et les conséquences de la chaleur

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SAISON 2015 - 2016

Géraldine Woessner, Nicolas Carreau et Marion Calais font le point sur l'actualité du jour.

Géraldine Woessner pour Derrière le buzz

Un hashtag pas très reluisant pour la France fait fureur sur Twitter. Les internautes se déchaînent contre la "répression" des femmes qui portent le Burkini.

Ce qui a enflammé la toile, c’est cette photo de policiers verbalisant à Nice, une femme trop couverte, elle ne portait même pas le sulfureux maillot. Un site britannique l’a reprise et Twitter, en une heure ça s’est enflammé. Le hashtag #What the Fuck France, qu’on peut traduire par "c’est quoi ce bordel en France", s’est démultiplié. Des dizaines, des centaines de milliers de messages à travers le monde à la teneur, franchement exaspérée, voir outrancière : ce n’est pas la gestapo en 40 sur cette photo, c’est un policier français. La France pays de fascistes ! Vous n’êtes plus un pays libre ! Même des stars y sont allées de leur tweet militant : forcer une femme à s’habiller d’une certaine manière pour prouver que sa religion la force à s’habiller d’une certaine manière, c’est normal ? Beaucoup de responsables français concluent : nous sommes la risée du monde et en sont désolés.

Est-ce qu’on est vraiment la risée du monde ?

Le Monde en tous cas, s’interroge. Les anglo-saxons, qui ne connaissent pas la laïcité, sont sincèrement choqués. Au canada, aux Etats-Unis, les policières portent le voile, on prie au début de chaque réunion publique et on s’habille évidemment comme on veut. Les plus grands journaux dénoncent une attaque insupportable contre les libertés. Mais ce qui est intéressant, ce sont les commentaires des lecteurs de ces journaux, et du New York times notamment, pas des électeurs de trump mais de la frange éclairée des deux millions d’abonnés du journal, et comme toujours sur les questions de laïcité, ils s’opposent frontalement a la ligne des journalistes. La plupart pensent que la France a le droit de préserver son identité, de se défendre contre le fondamentalisme, et ils soulignent l’absence de réciprocité dans les pays musulmans ou personne ne songerait à se rendre sur la plage en bikini. C’est John qui écrit : "il existe des sociétés religieuses, des sociétés multi culturelles dans le monde mais il existe une seule société séculaire, laïque, la France. elle aussi, a le droit d’exister". Donc vous le voyez derrière le buzz, les opinions sont plus partagées qu'on ne le pense et la France n'est pas la seule, confrontée à la peur, à être déboussolée.

 

 

Nicolas Carreau pour Le livre du jour

La Bastille de Jean-Christian Petitfils aux éditions Tallandier.

Pour changer des romans, Nicolas Carreau a choisi un essai ce matin.

Oui, mais qui se lit comme un roman. Il s’agit du dernier livre de l’historien Jean-Christian Petitfils intitulé : La Bastille. Consacré donc à la sombre forteresse qui se dressait du côté de la place actuelle du même nom. Écoutez comment la décrit Petitfils à l’époque : "Un silence inquiétant planait sur les tours de la Bastille, rompu seulement le jour par le grincement des chaînes et des poutres du pont-levis, et, la nuit, par les gémissements, les lamentations ou les cris lugubres des reclus".

Ça fait peur.

Oui. Mais surtout, la Bastille cache derrière ses verrous des secrets, des mystères fascinants que nous raconte Jean-Christian Petitfils qui fait partie des meilleurs historiens français. Et surtout, il sait captiver ses lecteurs. Il est celui par exemple qui a révélé l’identité du célèbre prisonnier au masque de fer qui a séjourné à la Bastille et qui y est mort d’ailleurs, comme de nombreux détenus. Mais certains ont réussi l’exploit de s’en évader, et ce n’était pas facile, croyez-moi. Les murs faisaient deux mètres d’épaisseur, toutes les portes étaient cadenassées évidemment et des sentinelles gardaient les lieux en permanence. Mais quelques-uns y sont parvenus. Nous vous conseillons le chapitre du livre consacré aux évasions avec celle par exemple du comte Boselli, un italien, enfermé à double tour pour avoir menacé d’assassiner le roi d’Angleterre. Il était enfermé dans une cellule séparé par trois portes du sommet de l’une des tours de la Bastille.

Comment s’est-il évadé ?

Il a réussi à prendre l’empreinte des serrures des portes, un serrurier parisien complice a forgé les clés. Un soir, à la nuit tombée, il n’a eu qu’à ouvrir les portes simplement avec ses clés et il est parti avec son valet. Ensuite, ils ont lancé une ficelle en bas de la tour où les attendaient des amis qui ont attaché une corde à la ficelle. Le comte et son valet ont remonté le tout et sont descendus tranquillement grâce à la corde. Le problème, c’est qu’une sentinelle a entendu du bruit, les a vus et a donné l’alerte ! Le comte a réussi à s’enfuir, mais tous ses complices ont été arrêtés !

Il y aussi le cas de Jean Danry, surnommé Latude. Avec son compagnon de cellule, il a taillé des pièces de tissus dans des chemises et différents vêtements pour fabriquer une corde. Puis, ils ont découpé les buches de bois prévues pour leur chauffage. Avec tout ça, ils ont fabriqué une échelle de corde et se sont enfuis en accrochant l’échelle à un affut de canon. Tout le livre est comme ça, des dizaines de petites histoires qui font la grande. Toutes puisées dans les archives de la Bastille dont beaucoup ont disparu un certain 14 juillet 1789, pillées et disséminées par les Parisiens en colère contre ce symbole de l’absolutisme royal.

Marion Calais pour la Presse quotidienne régionale

À la Une des journaux, les conséquences de la chaleur.

Franchement, le pompon revient au Bien Public qui raconte ce matin qu'à cause des températures élevées, on a découvert des méduses en Côte d'Or. Le pêcheur qui taquinait la carpe dans un étang n'en croyait pas ses yeux et pourtant, explique un spécialiste dans le quotidien, les méduses d'eau douce, ça existe bel et bien. Elles n'apparaissent qu'à partir du moment où l'eau atteint les 25 degrés, c'est presque finalement un thermomètre vivant.
Autre baromètre météo : le niveau des cours d'eau. Il est critique dans le Doubs, écrit l'Est Républicain. Autour de Gap, la sécheresse est telle que de nouvelles restrictions ont été mises en place.
Et face à la chaleur, pour éviter que les plus vulnérables ne souffrent trop, la solidarité se met en place. L'Yonne Républicaine, comme Nord Éclair, relaient ces initiatives communales.

Et puis l'initiative du jour en régions : un bel élan solidaire en Bretagne

Avec une sorte de chantier de rénovation participatif qui vient d'être lancé à Brest, précisément pour le numéro cinq de la rue Saint-Malo. Cette rue, c'est le seul vestige de la ville d'avant-guerre, le seul lieu qui a été épargné par les bombardements. Il y a là de vieilles maisons en pierre, une rue pavée et c'est un site devenu très touristique. Alors, quand l’une des maisons de la rue a été incendiée après l'intrusion d'une bande qui y a fait brûler un scooter, nombreux sont les Brestois qui ont voulu faire quelque chose.
L'association qui fait vivre cette rue a lancé un appel sur les réseaux sociaux et dès lundi, les habitants ont commencé à se mobiliser. Dans Aujourd'hui en France, Étienne 19 ans, raconte ainsi avoir voulu se rendre utile "Je n'avais rien à faire" explique-t-il, il est donc venu participer à la reconstruction de la maison détruite.
Les gens passent entre deux jours de boulot ou quand ils ont une heure ou deux devant eux assurent les bénévoles.