Tunisie : des ONG réclament le droit de déjeuner en paix pendant le ramadan

Tunisie, ramadan, AFP 1280 5:49
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Un collectif d'associations tunisiennes refuse de se voir imposer le jeûne du ramadan au nom des libertés individuelles. L'an dernier, quelques Tunisiens ont passé un mois en prison pour avoir fumé ou mangé en public pendant le ramadan.

"Dé-jeûner en paix", vous connaissez la chanson de Stéphane Eicher. Ça pourrait aussi être le mot d’ordre des Tunisiens qui refusent de se voir imposer le jeûne du ramadan au nom des libertés individuelles. C’est nouveau ?

La polémique ne l’est pas, mais ce collectif d’associations tunisiennes, oui c’est nouveau. Il est né l’an dernier, après que quelques Tunisiens ont passé un mois en prison pour avoir fumé ou mangé en public lors du ramadan. "Mouch Bessif", c’est le slogan de ce mouvement. Ça veut dire "pas sous la contrainte". La Ligue tunisienne des droits de l’Homme par exemple, ou l’Association tunisienne des Femmes Démocrates demandent "l’égalité pour tous, jeûneurs et non-jeûneurs et le respect de la Constitution tunisienne", la nouvelle Constitution de 2014 écrite collectivement après la "révolution de jasmin". Son article 6 garantit la "liberté de croyance et de conscience".

Mais que dit la loi ? S’il y a eu des condamnations, c’est bien en vertu de la loi ?

Eh bien non. Alors qu’au Maroc par exemple, c’est clair. Selon l’article 222 du code pénal, c’est un à six mois de prison pour tout musulman "qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le Ramadan". Le code pénal tunisien, lui, condamne l'"atteinte aux bonnes mœurs". Quant au ministre de l’Intérieur, il met en avant le risque de "réactions violentes qui menaceraient l’ordre public", en cas de non-respect du jeûne, voire de risque terroriste. On exhume aussi une circulaire de 1981, qui prévoyait la fermeture de cafés et restaurants pendant le jeûne. Mais précisément, aucune loi n’interdit de manger ou boire en public en Tunisie pendant le ramadan. Ça n’est pas un délit.

Et ce collectif d’associations, il arrive à se faire entendre ?

Il y a huit jours, veille du début du ramadan, ce collectif a publié une lettre ouverte aux dirigeants tunisiens. Il a aussi déposé un recours en justice demandant l’annulation de la circulaire de 81. Et enfin, une manifestation est organisée ce dimanche, à Tunis. Mais sans grand espoir de mobiliser massivement. Même si beaucoup de Tunisiens ne respectent pas rigoureusement le jeûne en privé, le dire c’est autre chose. La pression sociale et administrative est là. Et les militants du mouvement "Mouch Bessif" mettent en garde contre le retour d’un certain conservatisme, une réislamisation de la société à laquelle se heurterait la liberté de conscience.

Allons en Allemagne, où on ne plaisante pas avec l’absentéisme scolaire. Hélène Kohl, vous êtes à Berlin pour Europe 1. Des Bavarois qui avaient décidé de faire manquer la classe à leurs enfants un jour avant la date officielle des vacances, viennent d’en faire l’expérience. Ça a donné lieu à une opération policière assez étonnante. Policière ?

Oui cela s’est passé jeudi dernier, il y a une semaine, dans trois aéroports de Bavière, dont Munich, dans le cadre d’une action coordonnée de la police de cette région contre la tendance, de plus en plus forte en Allemagne, de faire sécher la classe aux enfants, pour partir un peu plus tôt en vacances ! C’est formellement interdit ! Et la police bavaroise a estimé qu’elle devait faire respecter cette loi, tout autant que les autres. Au poste de contrôle des passeports, elle a donc pris à part toutes les familles avec des enfants en âge d’être scolarisés. Et si les parents n’étaient pas capables de fournir un document de l’école autorisant le départ anticipé, ils étaient verbalisés, 1.000 euros d’amende à payer sous dix jours.

Donc ils ont pu prendre l’avion ?

Oui mais après un bon rappel à l’ordre. Devant tout le monde, sous les yeux des enfants ! Il fallait frapper fort. Car, déjà, manquer la classe sans justification est systématiquement inscrit dans le dossier scolaire de l’enfant en Allemagne, mais visiblement ça ne suffit pas. Il y a quelques années, c’était un phénomène plutôt limité à la communauté turque, qui retournait plusieurs mois au pays pendant l’été. Mais depuis une décennie, la tendance s’est généralisée avec des parents qui ne veulent pas rater une seule minute de leur week-end à la mer, ou qui veulent éviter les embouteillages, payer moins cher, et qui restent indifférents aux mises en garde des autorités scolaires.

Ça vaut en Bavière, ça vaut ailleurs en Allemagne ?

Oui plusieurs autres Länder l’ont déjà annoncé, avec la perspective des vacances d’été. Hier, la fédération des enseignants a apporté son soutien à l’idée, ainsi que plusieurs syndicats de médecins, qui en ont assez de faire des faux certificats médicaux. Ici à Berlin c’est un vrai trafic, avec des pédiatres complices de parents qui montrent aux enfants qu’on peut mentir et tricher, au dépend de l’école, pour un simple plaisir personnel.

En bref, cette semaine aux Etats-Unis, un tribunal a tranché : à 30 ans, il est temps de quitter la maison familiale…

Un couple a obtenu en justice l’expulsion de son fils de 30 ans du domicile familial. Il y était revenu il y a huit ans après avoir perdu son job et depuis, pas moyen de le faire bouger. Et en plus, les relations se sont dégradées, les parents et le fils ne se parlaient plus. La cour suprême de l'Etat de New York a estimé qu’à 30 ans, il pouvait se débrouiller seul et lui a même refusé le délai de six mois qu’il demandait au nom de "l’entraide familiale".

La Suède est en train de fournir à chaque foyer un livret pour savoir quoi faire en cas de guerre !

Vingt pages illustrées, envoyées par la Poste, pour savoir où sont les abris ? Quelle nourriture stocker ? A quelles sources d’information se fier ? Bref, tout ce que vous devez savoir en cas de conflit, attaques terroristes ou catastrophe naturelle ! Le livret est traduit en 13 langues. La Suède est un pays sûr mais "les menaces existent et mieux vaut s’y préparer", disent, en gros, les autorités. La Russie n'est pas citée dans le fascicule mais les responsables suédois craignent une agression en cas de conflit ouvert avec l'Otan. Les deux pays sont riverains de la mer Baltique.