Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les 30 milliards de déficit qui nécessitent de couper les dépenses publiques, les voitures électriques qui ne séduisent plus et l'hommage à Bertrand Blier.
Mon cœur fait vroum
Les Français sont de moins en moins nombreux à croire en la voiture électrique. C’est ce qui ressort d’un sondage pas très politiquement correct que publie la Croix aujourd’hui.
Au lendemain de l’annonce par Donald Trump de l’abandon de l’accord de Paris, (ce qui provoque d’ailleurs des cris d’orfraies de la part des commentateurs), les Français eux disent leur opposition à la décision européenne d’interdire les véhicules thermiques dans 10 ans. Ils sont 70% à estimer que c’est une mauvaise décision dans cette enquête de l’IFOP.
La part des personnes interrogés qui pensent acheter un véhicule électrique dans les années à venir ne cesse de diminuer et de manière spectaculaire. Ils étaient 32% en 2022 ils ne sont plus que 22% aujourd’hui.
« Trop d’impôt, pas assez d’économie ».
Sinon la grande affaire du moment... C’est de trouver 30 milliards d’économie. C’est d’ailleurs assez nouveau dans notre pays, une sorte de quasi-consensus est en train de se dégager autour de la nécessité absolue de réduire le train de vie de l’Etat : « La mode du quoi qu’il en coupe » comme l’appelle Cécile Cornudet des Echos.
Même le RN, réputé étatiste écrit elle, se fait fort d’entonner l’air du « Trop d’impôt, pas assez d’économie ».
Alors des idées d’économies on en a plein quand on est dans l’opposition. Exemple Eric Ciotti qui dans le JDNews cette semaine détaille les 120 milliards d’euros qu’il couperait dans la dépense publique. Et à la tronçonneuse. « Javier Milei trace un sillon inspirant » déclare l’ancien président des LR.
Le problème c’est que quand on est aux affaires on est curieusement beaucoup moins courageux.
Trouver des impôts nouveaux est à priori plus simple. Témoin ce débat au sein même de la majorité autour de ces propositions de taxer plus les retraités fortunés ou de faire travailler 7 heures de plus les actifs.
Mais en matière d’économie, « le gouvernement est loin du compte » titre le Figaro.
« Parce que d’accord, ces économies sont proclamées, tambourinés même, mais sans jamais être documentées » constate Gaétan de Capèle dans son éditorial. « De ce que l’on comprend -poursuit il-, le ministère des finances va demander à tous les autres de faire des efforts selon la technique du coup de rabot. Mais pour les réformes de structures, il faudra prendre son mal en patience. Et en attendant on a beau compter et recompter les fameux 30 milliards restent à ce jour introuvables.
« Alger terre de contraste »
On passe au choc des publicités.
Je ne vous parle pas suffisamment de la pub de vos gazettes mais ce matin je ne résiste pas à mettre en parallèle cet encart du Figaro qui appelle à unir nos efforts et rassembler des picaillons pour Boualem Sansal qui croupit dans les geôles algériennes, et cette publicité trouvée dans la Croix. Le quotidien catholique propose à ces pieux lecteurs un voyage en Algérie du Nord du 24 avril au 2 mai. « Découvrir l’Algérie aujourd’hui, c’est faire la connaissance avec une église résolument tournée vers la rencontre avec l’Islam, écrit le quotidien avec des trémolos dans la plume. Une sélection La Croix ! et avec les compliments de Boualem.
Mais on va terminer par un dialogue beaucoup moins inter-religieux.
Le dialogue des « Valseuses ».
« On n’est pas bien ? A la fraîche... »
1974, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu. Toute la presse revient aujourd’hui sur la disparition de Bertrand Blier, « le dynamiteur du Cinéma français » comme l’appelle Yves Jaeglé du Parisien. Lisez son portrait ce matin qui est aussi celui d’une époque.
Bertrand Blier explique-t-il, c’était le fils de Bernard Blier et de Mai 68 ! Dans la France de Pompidou qui meurt et de Giscard qui entre à l’Elysée 2 mois après la sortie du film. Ses valseuses sont un coup de tonnerre.
« Un film impossible aujourd’hui, indépassable dans sa peinture d’une liberté absolue qui touche au cynisme, au machisme, au sexisme mais plus encore au refus de tout code social ».
« Blier -poursuit-il-, est peut-être avec Claude Sautet, dont il est l’antithèse absolue, le plus grand peintre de la société française des années 70-80. Celle qui sort du gaullisme et entre dans la révolution sexuelle ».
« Le ménage à Trois, l’impossibilité du choix. Sautet en a fait un film romantique dans César et Rosalie. Bertrand Blier le rend à sa noirceur glauque dans la femme de mon pote avec Thierry Lhermitte, Isabelle Huppert et Coluche... Et la musique de JJ Cale que les amateurs n’ont pas oubliée.