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C’est surprenant, mais pour qu’il y ait biodiversité et évolution, il faut qu’il y ait extinction d’espèces.

L’Auvergne est belle, c’est un "hot spot de naturalité". Pourtant, elle n’échappe pas à l’érosion de la biodiversité. De nombreux mammifères ont disparu en Auvergne ces dernières décennies.
Paradoxalement, Fanny Agostini pense que c’est normal que des espèces disparaissent, que cela fait partie du processus de l’évolution.

Pour qu’il y ait biodiversité, il faut qu’il y ait disparition ou presque. La biodiversité, c’est l’ensemble de tout ce qui vit comme les arbres, les animaux, les champignons, les bactéries ou même nous. Mais comment est-ce qu’on en est arrivé là ? La réponse, c’est l’évolution.

Chaque être vivant est composé d’une multitude de gènes qui sont constamment recopiés avec une précision extraordinaire lorsque nos cellules se divisent pour se renouveler. Le système de copie des gènes a beau être remarquable, il n’est pas infaillible. Recopiez la même phrase trois fois, il y a peu de chance qu’une faute d’orthographe surgisse. Si par contre vous recopiez cette même phrase des centaines de millions de fois, et qu’à chaque fois que vous faites une faute d’orthographe vous la conservez pour les phrases suivantes, il y a fort à parier que la dernière phrase sera très différente de la première.
C’est exactement ça le principe de l’évolution, sauf que l’on ne parle pas de faute d’orthographe et de phrase, mais de "mutation" et de "génération". Avec un peu de chance, de hasard et des fautes d’orthographe bien placées qui vont finir par former de nouveaux mots, il se pourrait même que vous écriviez une phrase encore plus précise que celle d’origine. Dans ce cas, vous allez sélectionner cette phrase qui devient votre nouveau modèle, et vous débarrasser des autres "brouillons".

Dans la nature, ce phénomène s’appelle la "sélection naturelle".

Les mutations qu’accumulent les organismes vivants vont parfois leur procurer un avantage, comme une phrase mieux construite. Cet avantage va rapidement se propager dans la population car ceux qui le possèdent auront plus de chance de survivre et de se reproduire. Ils deviennent alors le nouveau standard, le nouveau modèle de l’espèce.
Les individus qui ne possèdent pas cet avantage vont tôt ou tard être amenés à disparaître car ils sont moins efficaces et compétitifs, tout comme la première phrase que vous avez écrite qui n’est pas aussi précise que la nouvelle.
C’est au fil des générations que la nature a pu former des phrases très différentes, et écrire le livre qu’est la biodiversité. Chacune des phrases est adaptée à une situation précise en fonction de son contexte, de son environnement. Ce livre de la vie continue de s’écrire et se perfectionne un peu plus chaque jour. Des chapitres sont modifiés, des espèces s’éteignent et de nouvelles apparaissent : c’est une histoire sans fin. La disparition fait partie intégrante de la création, c’est un processus qui n’est jamais figé.

Des espèces s’éteignent et de nouvelles apparaissent : c’est une histoire sans fin! La biodiversité n’est pas figée, elle bouge. Ce qui n’est pas normal en revanche, c’est que les activités humaines détruisent les espèces plus rapidement qu’elles ne se créent. Le drame c’est que l’on arrache des pages du livre sans même nous en rendre compte et que le processus de l’évolution est en train de sévèrement se gripper.

D’où la sixième extinction de masse dont on entend parler. Toutes espèces compte pour que nos écosystèmes puissent tenir debout, d’où l’urgence de prioriser nos actions pour préserver la biodiversité.

Pour aller plus loin, un cours très brillant sur le sujet d’un cador, spécialiste de l’évolution Pierre-Henri Gouyon.