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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une quinzaine d’arrestations ont eu lieu lundi, un peu partout en France. Des militants écologistes radicaux qui intéressent la justice qui enquête sur les dégradations commises en décembre dernier dans une usine Lafarge des Bouches-du-Rhône.

Des militants proches du mouvement des Soulèvements de la Terre, selon le site Reporterre qui relate l’affaire. Les Soulèvements de la Terre, c’est ce conglomérat informel de contestataires écologistes et anticapitalistes qui s’est aussi illustré -entre autres - en organisant les manifs qui avaient mal tourné contre les bassines de Sainte Soline, en mars.

Les Soulèvements de la Terre outrés de ces arrestations.

Ils ont publié un communiqué de presse : “L'opération policière s'inscrit de toute évidence dans l'escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois”

Un peu fort de café.

Il y a quelque chose d’assez ironique de voir ces vengeurs masqués autoproclamés de la cause climatique, avides pour certains d’en découdre, se plaindre de trouver une résistance.

La complainte du gentil militant écologiste réprimé se heurte à la réalité des faits.  200 individus proches des soulèvements de la Terre ont mené dans l’usine Lafarge de Bouc bel air ce qu’ils appellent pudiquement un “ désarmement”. Ce qui dans notre en langage commun, ça s’appelle déprédations et sabotages. Quatre millions d’euros de dégâts.

Les militants concernés ne sont pas inquiétés parce qu’ils sont écologistes. Ils le sont parce qu’ils sont en train de dériver dangereusement. L’inquiétude des autorités, c’est que l’écosabotage cause des morts ou se transforme vite en écoterrorisme: Quand les soulèvements de la terre appellent à “Mettre en échec par les moyens adéquats les projets écocidaires d’aménagement du territoire et détruire les infrastructures qui les rendent possibles”, on est fondé à s’inquiéter si on est simplement attaché à la Démocratie et à l’Etat de droit. - comme on serait fondé à s’inquiéter, par exemple, que des militants antiavortement tiennent le même discours pour des raisons qu’ils jugent tout aussi bonne. Eh oui, le bien, c’est une notion très subjective.

Les  gardes à vue pourraient durer jusqu’à quatre jours  dans le cadre d’une enquête pour “association de malfaiteurs” selon Reporterre. Les autorités ne poussent-elles pas le bouchon un peu loin ?

La question se posait déjà lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé, fin mars, l’engagement d’une procédure de dissolution contre les Soulèvements de la Terre. Qui n’a pas avancé à ce jour. N’était-ce pas pousser à la radicalisation ?

Le problème d’un conglomérat comme les Soulèvements de la Terre, c’est que les ferments de radicalisation sont déjà là. Il agrège des militants convaincus et sans doute inoffensifs, d’autres qui ont trouvé là un bon prétexte pour faire le coup de poing... Et une poignée de vrais idéologues qui soufflent sur les braises pour faire naître des vocations de têtes brûlées. Un des maîtres à penser des Soulèvements de la Terre s’appelle Andreas Malm. Un activiste suédois auteur d’un ouvrage appelé “ comment saboter un pipeline”. Ce qui n’a rien d’une métaphore provocante. Il théorise les limites du pacifisme et de la Démocratie dans la lutte climatique. Il préconise carrément la violence armée, admirant les exemples donnés par le Hamas. Les Soulèvements de la Terre n’ont jamais désavoué la méthode.