Le regroupement familial va-t-il passer aux frères et soeurs pour les mineurs isolés ?

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Nicolas Dupont-Aignan affirme que le regroupement familial va passer aux frères et soeurs pour les mineurs isolés.

Vrai Faux : la loi sur l'immigration débattue à l’Assemblée.

Parmi d'autres propositions, un amendement voté cette semaine cristallise la colère à droite : l’extension du regroupement familial aux frères et sœurs des mineurs isolés. Pour Nicolas Dupont-Aignan, une bombe migratoire.

"Je ne sais pas si vous réalisez, ce que cette loi immigration. Le regroupement familial va, pour les mineurs isolés, passer aux frères et aux sœurs ! C'est Alice au Pays des Merveilles en France".

Le regroupement familial va s'étendre aux frères et soeurs pour les mineurs isolés. Vrai ou Faux ?

Il faut être précis. Oui, le regroupement va s'étendre aux frères et aux sœurs mineurs de certains jeunes migrants, mais tous ne sont pas concernés. Sur 25.000 mineurs isolés qui sont accueillis, aujourd'hui, dans les départements, une poignée seulement pourront faire venir leur fratrie : ceux qui ont obtenu le statut juridique de réfugiés, donc qui ont fui des guerres, des persécutions. Il a été accordé, l’an dernier, à 437 mineurs étrangers seulement. La loi les autorise déjà à faire venir leurs parents, mais quand ils ont été tués, leur fratrie est parfois la seule famille qu’il leur reste. Concrètement, cette loi permettra de faire venir un très petit nombre d'enfants.

L’opposition craint un d’appel d’air.

Oui, la droite comme le Front National, redoutent le « signal » envoyé aux candidats à l’immigration, la création de filières d’immigration : des parents enverraient leurs enfants comme "têtes de pont".

Il est permis d’en douter au vu du profil de ces jeunes migrants. Ils demandent rarement l'asile, parce qu'ils ne l'obtiendraient pas : la plupart viennent de pays qui ne sont pas en guerre (Guinée, Côte d’Ivoire, Mali…) et s'ils sont nombreux (50.000 ont tenté, en 2017, de se faire reconnaître comme mineurs), cet afflux concerne toute l'Europe (la Suède, par exemple, en a recensé 45.000).  Tous, enfin, n'obtiennent pas la protection réservée aux enfants : en 2017, 15.000 jeunes ont effectivement été reconnu comme mineurs et pris en charge par les départements.

Cependant, il ne faut pas minimiser le défi qu’ils représentent. Leur nombre a explosé depuis 2 ans. Ils occupent 19% du parc de l’aide social à l’enfance, et les départements n’arrivent parfois plus à les héberger. Le coût financier est considérable, les procureurs signalent partout des problèmes de délinquance, et leur accueil est parfois indigne : certains, en grande souffrance, n’ont pas de suivi véritable, d’autres dorment dans la rue. Et ce problème, le projet de loi actuel ne l’aborde pas. Pour deux raisons :

- La première, c’est qu’on ne peut pas les rejeter, la Convention des Droits de l'Enfant s'applique dans le monde entier même aux États-Unis de Donald Trump, on prend en charge ces mineurs en errance.

- La deuxième, c’est que ce sont les départements, depuis les lois de décentralisation, qui en ont seuls la charge. Le gouvernement négocie avec eux pour trouver des ressources financières, améliorer le tri qui est fait pour déceler les migrants qui ne sont pas mineurs…

Enfin la lutte se concentre sur les nombreuses filières de passeurs, qui tirent profit de cette situation. Une règle en France, est plus souple qu'ailleurs : ceux pris en charge avant 16 ans obtiennent plus facilement, à leur majorité, un titre de séjour.