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SAISON 2015 - 2016

Emmanuel Macron lance son mouvement, "En marche". Que veut-il exactement ? Quelles sont ses chances ?

Quand on a de l'ambition, une cote de popularité qui dépasse les 40 %, bref, des vents favorables dans le dos, comme on dit dans le jargon nautique, on sort le spi, on met les voiles et "en marche". C'est justement le sigle choisi par Emmanuel Macron pour son mouvement "En Marche". EM, comme ses initiales, c'est chic !  Il l'a dit à Amiens, ville où il est né, il souhaite créer une structure horizontale, participative qui transcende les partis. Pas à gauche, pas à droite, partout. Emmanuel Macron lance ses filets dérivants. Qui m'aime me suive. Etait-ce dû à l'éclairage ? On l'a vu sur scène, l'air encore plus jeune, encore plus mince, tout en angle. Plus l'air de quelqu'un qui a trop bossé avant ses examens que le gendre idéal. Un pâlichon à qui ma grand-mère aurait donné une cuillerée d'huile de foie de morue. Il entend apporter des idées neuves pour le pays et les mettre en œuvre demain.

Mais demain c'est quand ? Mystère... En tout cas, Emmanuel Macron est déjà un grand politique car il choisit un bon moment pour sortir et joueur sa carte. François Hollande est au plus bas dans les sondages et Manuel Valls, qu'il insupporte, a dévissé. Bien sûr qu'il a intégré la présidentielle dans son agenda. Et il l'a dit, il sera loyal à François Hollande s'il est candidat. Les Hollandais veulent croire que le Ministre travaille pour le Président, comme si ceux qu'il séduit, c'est à dire 35% de sympathisants de gauche et 59% de sympathisants de droite, pouvaient contribuer à le faire réélire. On rêve. Si Macron plaît autant c'est aussi parce qu'il est l'anti Hollande : pédagogue, audacieux...

Et si François Hollande n'y allait pas, il pourrait se lancer en son nom. Il se présenterait en candidat libre sans passer par la primaire, parce-qu'il ne crée pas un sous courant du PS. Son mouvement l'installe à la fois en dehors et en dedans des partis.

A droite ? A gauche ? Les deux ! Au plan économique, c'est un libéral décomplexé qui ose dire aux jeunes : devenez milliardaires et qui juge que la vie d'un entrepreneur est souvent plus dure qu'un salarié. Mais il est à gauche, quand il prend ses distances sur la déchéance de nationalité, quand il parle de son inconfort philosophique, ou encore quand il juge la loi El Khomri mal engagée. Il s'attire les bonnes grâces du PS alors que les dispositions les plus contestées du projet venaient directement de lui. La volonté de Manuel Valls de le tenir à l'écart est sa chance. Tandis que le Premier ministre et Madame El Khomri s'y embourbent, lui garde sa liberté de parole et d'action.

Serait-il le nouveau Giscard ? Oui, pour la jeunesse, la séduction sans doute mais Valérie Giscard d'Estaing, à 36 ans, était ministre de l'Economie et des Finances alors qu'Emmanuel Macron doit partager Bercy avec Michel Sapin. Valérie Giscard d'Estaing avait une ambition présidentielle mais il a ramé. Elu député à 30 ans, en 1956, il a d'abord créé un parti, puis un groupe parlementaire. Il aura mis 18 ans pour arriver à l'Elysée. Toute carrière politique exige un sacre du suffrage universel. Emmanuel Macron pourrait-il y déroger en passant directement de la case Bercy à l'Elysée ? Ce serait le sacre d'Uberman !