Publicité
Publicité
Allemagne : Angela Merkel paie cher sa politique d'ouverture

Allemagne : Angela Merkel paie cher sa politique d'ouverture

La Carte blanche de Catherine Nay
05 décembre 2015 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Catherine Nay pose en son regard en Allemagne, sur Angela Merkel, qui fait face à une crise intérieure en raison de sa politique d'ouverture aux réfugiés.


Avec un chômage au plus bas, la chancelière aurait dû le 29 novembre dernier fêter l'anniversaire de ses dix années au pouvoir dans une certaine euphorie. Mais les vents ont tourné. Celle que les allemands surnomment "Mutty" (la mère) n'est plus leur personnalité préférée. Elle a perdu 30 points de 84% d'opinion positive, elle est passée à 54% et se classe désormais à la 4e place. C'est Wolfgang Schäuble, numéro 1, influent ministre des finances, qui a osé comparer son accueil illimité de syriens à une avalanche commise par un skieur imprudent et qui risque de tout emporter. L'attaque est on ne peut plus claire.

La grogne s'installe dans le pays, la famille conservatrice CDO et CSO est en forte baisse dans les sondages, tandis que le parti de droite populiste AFD recueille plus de 10% d'opinion positive, un bond de plus de 6 point en quelques mois. L'AFD, qui organise des manifestations anti migrants chaque semaine, et qui demande la démission de Merkel. Celle qui passait pour la femme la plus accueillante, la plus puissante d'Europe est désormais sur la défensive. Un hebdomadaire allemand s'interroge : est-ce le début de la fin ?

Alors que le congrès de la CDO a lieu dans quelques jours à Karlrou, elle va affronter une rébellion sans précédent dans son parti. Les deux poids lourds de son gouvernement, Schäuble et Thomas de M, mèneront la danse. Y a-t-il un risque de putsch ? Il faudrait que tous les barons se liguent contre elle, proposent un nom pour la remplacer, mais l'Allemagne est dirigée par une coalition et le SPD qui soutient Merkel n'accepterait jamais Schäuble comme chancelier, c'est sa chance. La CSO bavaroise l'accuse d'avoir perdu le sens des réalités. Le droit d'asile n'a pas de limites, disait-elle en septembre, et elle a ouvert les vannes sans consulter personne. On estime à 1 million le nombre de réfugiés qui seront arrivés en Allemagne cette année, mais on ne connait pas le chiffre des demandeurs d'asile. L'administration qui les enregistre est débordée. A Berlin, on ne sait plus où les loger, 500 personnes arrivent encore chaque jour. Il y a de gros problèmes d'organisation, et l'armée doit intervenir pour installer des camps de fortune où les migrants s’entassent et se battent entre eux car les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles, et les bénévoles, si enthousiastes en septembre pour apporter de l'aide, pallier les insuffisances de l'administration, sont exténués. 250 maires ont écrit à la chancelière pour lui dire qu'ils ne peuvent pas remplir leur mission, les länder ont atteint leur capacités limite d'accueil, il manquerait donc 370 000 places d'hébergement d'ici la fin de l'année.

 

Face à tout cela, Merkel peut-elle rebondir ?

Ce sera difficile mais elle ne veut pas perdre la face, ni renoncer à ses convictions : le droit d'asile est inscrit dans la Constitution, répète-t-elle. "Nous arriverons" est son mantra depuis septembre, mais beaucoup d'allemands jugent à présent qu'on y arrivera pas. Depuis deux semaines, elle commence à faire machine arrière, avec des contrôles aux frontières, des expulsions accélérées de demandeurs déboutés, des renvois de syriens dans les pays d'entrée de l'Union, s'il ne s'agit pas de la Grèce, elle s'est aussi rendue en Turquie pour demander l'aide du Président Erdogan en échange de quoi l'Europe apportera 3 milliards d'euros. Mais qui va payer, ce n'est n'est pas encore très clair. Les européens doivent trouver une réponse commune, dit la chancelière, invoquant la solidarité, à quoi le président du Conseil Européen, Donald Tusk, rétorque : "Ce n'est pas un problème de solidarité mais de capacité européenne". En clair, les européens ne peuvent supporter le choc d'une décision unilatérale. Quand Angela Merkel joue la fin de son mandat et sa réélection en 2017, sur le pari d'une chute rapide du nombre d'arrivées en Allemagne et sur le partage équitable entre européen, le pari est risqué. La reine Merkel pourrait donc un jour perdre sa couronne.

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari - La France en face
Politique

La France en face

Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk

Alexis Delafontaine
Politique

La semaine politique

Alexis Delafontaine

La semaine politique, c'est une heure de débats et d’interviews consacrés à l’actualité politique.

Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, s’entretient avec ceux qui font l’actualité nationale et internationale. Produit par le média belge « 21NEWS », ce podcast est à découvrir sur Europe1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

devilno
Politique

Le grand rendez-vous

Pierre de Vilno

Une heure d’entretien incontournable en partenariat avec CNEWS et Les Echos. Une personnalité politique, un dirigeant économique ou un intellectuel revient sur les grands thèmes de l'actualité et répond aux questions sans détour de Pierre de Vilno pour apporter des réponses concrètes aux Français.

De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, Europe 1 a tendu son micro à tous les chefs d’État de la Ve République. Réécoutez ces entretiens exclusifs issus de nos archives qui ont marqué l’histoire politique française.<br /> Vous découvrirez entre autres, le tout premier débat radio ou encore le premier numéro du « club de la presse »…<br /> <br /> “Les Grands Entretiens” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Politique

Démissions !

Olivier Duhamel

Les mandats non déclarés de Jean-Paul Delevoye et les homards de François de Rugy : en l’espace de quelques mois, deux ministres de premier plan ont été poussés vers la sortie en pleine tourmente. Deux cas d’actualité dans une liste en réalité très longue. Avec les meilleures archives d’Europe 1, le politologue Olivier Duhamel raconte l’histoire des démissions de ministres sous la Ve République, d’Antoine Pinay à Jean-Pierre Chevènement, des "Juppettes" à Arnaud Montebourg. Au fil des années, nos ministres en sont venus à répondre de moins en moins de leurs actes sur le plan strictement politique pour relever d’une responsabilité morale, plus diffuse, plus aléatoire. Au point de mettre la démocratie en danger ?Ce podcast est réalisé en partenariat avec Le Club des Juristes.

Jacques Chirac, l’ancien président de la République, est mort à l’âge de 86 ans. Il n’était plus apparu en public depuis plusieurs années mais son destin a épousé pendant des décennies celui de la France, de la Corrèze à l’Elysée. Découvrez nos récits et réécoutez nos meilleures archives dans ce podcast "Chirac : une histoire française".

Politique

Après #PassionConstitution, Olivier Duhamel revient pour une nouvelle série "podcastique" en huit épisodes intitulée "Nos présidents dans la tourmente". Car cela ne vous a pas échappé : Emmanuel Macron a dû faire face ces derniers mois à une crise sociale et politique d’une ampleur inédite, celle des "gilets jaunes". Mais avant lui sous la Ve République, d’autres chefs de l’Etat français ont également affronté des tempêtes, des tourmentes, des "affaires", bref des crises en tout genre. Comment ont-ils fait face ? Et en quoi les institutions les ont aidés à tenir ? Ce podcast est réalisé en partenariat avec Acadomia

1958-2018 : il y a 60 ans naissait la Ve République. Mais la Constitution n’a pas été écrite en une nuit et ce régime ne s’est pas installé du jour au lendemain, loin s’en faut. Dans une série originale inédite imaginée pour Europe 1 Studio, Olivier Duhamel raconte la naissance de la Ve République. De Colombey-les-Deux-Eglises à l’Elysée, en passant par Alger : découvrez ce récit en huit épisodes avec les archives de l’époque au micro d’"Europe numéro 1".