Natacha Polony, La Revue de presse 18.01.2016 1280x640 6:00
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La presse quotidienne revient ce lundi sur la courbe du chômage qui ne s'inversera visiblement officiellement pour la réélection de François Hollande.

Ce matin en Une de vos journaux on se partage entre les optimistes, les sceptiques et les narquois.

Pour les optimistes, ce sera rapide :
La Croix : Former les chômeurs, chiche !

Pour les autres :
Les Echos : Chômage, les raisons du mal français.
Ouest-France : Chômage, Hollande joue son va-tout.
Libération : Chômage, un pari à tout prix.
Le Parisien : Chômage, le calcul de Hollande.
Le Figaro : Chômage, le plan de Hollande pour être candidat.
L’Opinion : Plan Hollande, pôle emploi saturé.
Et puis, en Une de Médiapart : Kerviel : une magistrate dénonce à son tour une enquête manipulée.

  • Chômage

Bon, les Unes annoncent la couleur : personne ne croit que le nouveau plan puisse changer quoi que ce soit à l’état de l’emploi en France.
Une nuance tout de même. Laurent Joffrin, dans Libération, nous explique que ce n’est pas bien d’avoir mauvais esprit. "Il est désormais possible qu’à la fin des fins, la courbe du chômage s’inverse en France. Une partie de cette diminution proviendrait de créations d’emplois nouvelles liées à la croissance, l’autre de dispositifs de formation. Il n’en faudrait pas moins pour que le résultat ainsi obtenu soit aussitôt dénigré. Sous Hollande, quelque chose pourrait aller mieux ? Horreur !" C’est vrai, c’est moche, ce scepticisme affiché.
Dans le Parisien, par exemple. Le journal nous explique pourquoi l’inversion de la courbe devrait être acquise. En gros, par un tour de passe-passe entre chômeurs de catégorie A et chômeurs de catégorie D, en formation. Pas grâce à une supposée croissance, donc. Le Parisien titre d’ailleurs : Comment Hollande veut sauver son emploi, et Donat Vidal Revel nous explique que ce sont les Français qui pourraient le faire passer en Président de catégorie D, c’est-à-dire "non tenu de rechercher un emploi en raison d’un stage ou d’une formation".

  • Italie

C’est dans les pages Économie du Figaro que l’on trouve un petit article intitulé : Rome attaque la Commission Européenne. Matteo Renzi a décidé de ne plus se laisser faire, ni sur les migrants, ni sur le soutien aux banques, notamment allemandes, accordé par Bruxelles : "Nous avons accompli nos réformes et nous demandons à tous le respect. Il est fini, le temps où quelqu’un pouvait imaginer de télécommander l’Italie depuis Bruxelles. Nous ne pouvons plus continuer à vivre dans une position subalterne vis-à-vis de l’Europe et de l’Allemagne". En Italie, on fait de la politique.

  • Congélation d’ovocytes

Le magazine Elle l’affiche en Une. Son grand combat pour 2016, ce sera le droit pour toutes les femmes de congeler leurs ovocytes pour devenir mère quand elles le veulent. Rien à voir avec le fantasme de faire des enfants jusqu’à pas d’âge, nous dit Olivia de Lamberterie. Elisabeth Badinter, René Frydman considèrent qu’il s’agit d’une simple liberté à accorder. Dans un petit contrepoint, Dorothée Werner estime qu’il ne s’agit pas un progrès mais un problème sociétal pris à l’envers. Devoir choisir entre sa vie privée et sa vie professionnelle est tout sauf une avancée pour les femmes. C’est encore une fois sur le corps des femmes totalement objectivées que pèsent les injonctions de la société. Un débat qui ne fait que commencer mais qui semble déjà tranché à partir du moment où s’imposent les mots droit et liberté.

  • Clonage

L’article des Echos donne le vertige. Il nous explique que 20 ans après la brebis Dolly, le clonage humain est possible. Un chercheur de l’Oregon a d’ailleurs développé in-vitro, pendant plus de six jours, un embryon humain cloné. Le truc pour réussir ? Plonger l’ovule dans un bain de caféine. Bien sûr, tout cela est interdit et les chercheurs se rassurent en expliquant qu’on peut obtenir aujourd’hui des cellules souches par d’autres biais pour des thérapies cellulaires. Mais un Chinois à la tête d’une énorme entreprise de clonage de bovins explique benoitement : La technologie existe déjà : si le clonage est autorisé, je crois qu’aucune autre entreprise ne sera mieux placée que la nôtre pour la mettre en œuvre. Et certains y voient déjà une autre réponse à l’infertilité des femmes, bref un juteux marché.

  • L’amour à la campagne

Les médias nous parlent en permanence des nouvelles applications qui permettent aux célibataires de se rencontrer. Mais le monde nous raconte comment ce bonheur sur smartphone est réservé aux urbains. Tinder n’est pas dans le pré. "Le réglage de base, c’est 2 kms, raconte Alban qui habite un village de Loire-Atlantique. Ici, ça va jusqu’au bout du champ qui entoure ma maison. La seule chose que je peux matcher, comme on dit sur Tinder, c’est une vache. Si j’étends à 10 kms, ça draine tout Frossay, mais là-bas, les filles, je les connais, j’étais au collège avec elles et elles sont toutes déjà mariées avec 2 enfants". Alors comme les autres, il étend le rayon d’action, attend des heures que son téléphone charge les profils sans la 4G, et évalue si la fille vaut le coup de faire 100 kms en voiture pour un café. Les seuls pour qui c’est une bénédiction, ce sont les homosexuels. Au moins, eux, peuvent sortir de la solitude sans se dévoiler.

C’est étonnant, mais on trouve ce matin en tête des articles les plus lus sur Atlantico une reprise du site de Marianne datant de 2011. Un article hilarant sur la nouvelle traduction du Club des cinq. Le Club des 5 et les Saltimbanques est devenu le Club des cinq et le Cirque de l’Etoile. Annie ne pleure plus tout le temps et ne fait plus la tambouille, pas de sexisme. Plus de trace d’imparfait, les enfants d’aujourd’hui parlent au présent. Plus de nous, que du on. Les mots compliqués, basta. Quant aux descriptions, elles sont trop ennuyeuses : "Ils passèrent une heure à discuter, puis le soleil disparut dans un flamboiement d'incendie, et le lac refléta de merveilleux tons de pourpre et d'or". devient : "Ils passent encore une heure à discuter, puis le soleil disparaît derrière les sommets alpins, et le lac prend des reflets dorés". Au moins, avec cette formation, les enfants n’auront pas l’idée d’aller lire Georges Orwell.