Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce jeudi dans les journaux, on se remet du séisme provoqué par la démission de Nicolas Hulot. L’après Hulot, nouveau casse-tête du gouvernement titre le Figaro . Qui pour remplacer Hulot ? se demande Ouest France qui préfère néanmoins consacrer sa Une à la rentrée des classes, de même que la Provence qui vient nous rappeler qu’une des nouveautés de cette rentrée c’est que la Marseillaise deviendra obligatoire pour les enfants de la patrie qui entrent en CE2.
Puisque l’on parle de cette rentrée des classes, il faut s’arrêter sur la rentrée ultra photogénique du ministre de l’Éducation nationale.
Emmanuel macron a perdu Nicolas Hulot mais il peut compter sur Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l’Éducation présentait ce mercredi les nouveautés qui attendent les élèves lundi prochain. Il attaque la rentrée à "plein volume" s’enthousiasme Paris Match qui propose en double page une photo du ministre au lac de Vouglans dans le Jura. Le ministre juché sur une planche à voile, le mollet assuré, le pied marin, la casquette fringante un ministre véliplanchiste qui doit savoir jouer avec des vents le plus souvent contraires explique l’hebdomadaire. Le ministre de l’Éducation est également photographié dans l’Obs, le regard déterminé, avançant vers le lecteur coiffé cette fois d’un petit chapeau qui lui donne de faux airs de Jean Dujardin dans OSS 117 ou de Jacques Tati dans Les vacances de Monsieur Hulot. Mais il n’y a pas que la forme du chapeau, il y a le fond. Dans l’Express, le ministre présente son plan pour les professeurs qu’il faut mieux former, mieux accompagner, mieux évaluer et qui résume son ambition par une de ces formules un peu facile qui, jusqu’à présent, lui ont réussi : "Être le ministre des professeurs, c’est être encore mieux le ministre des élèves".
L’évaluation est au cœur du projet de Jean-Michel Blanquer.
Ça n’est plus un tabou nous explique le Parisien Aujourd’hui en Franc e et Les Échos, l’évaluation des élèves sera systématisée en CP, CE1 et 6e. Mais la nouveauté, c’est que le ministre veut engager une véritable évaluation des établissements de manière "décontractée" dit-il. "Décontractée" un mot qui ne suffira pas pour certains syndicats d’enseignants pour qui existent déjà des outils d’évaluation. Mais pour Les Échos, le chantier explosif du ministre est décrit dans un courrier adressé aux recteurs , que le quotidien s’est procuré. Le ministère y lance dans une langue de bois redoutable le chantier de réduction des régions académiques de 17 à 13. Et ça c’est autrement plus compliqué que d’interdire le portable à l’école ou de rendre obligatoire la Marseillaise. Pendant ce temps-là, nous explique l’Opinion, les Chinois font entrer les robots et l’intelligence artificielle à l’école avec l’assistant d’éducation autonome Keeko . Ce petit robot est équipé d’une caméra, raconte des histoires, enregistre des vidéos, propose aux enfants des exercices de logique et symbolise l’ambition chinoise d’être le leader du monde en matière d’intelligence artificielle. Les Gaulois qui résistent au changement dans l’Éducation peuvent dormir tranquille, en Chine le changement c’est à marche forcée.
Et si c’était les lobbys qui étaient les freins au changement ?
Les freins mais aussi les moteurs du changement en démocratie. Ils sont partout ce matin dans la presse les lobbys. À commencer par La Croix et Libération . Libération où Laurent Joffrin nuance leur rôle et refuse de verser dans le complotisme. "Chaque groupe, écrit-il, a le droit de faire valoir ses arguments auprès du pouvoir. Sauf que dans la compétition des influences, les lobbys économiques hostiles à l’écologie ont des moyens bien supérieurs à ceux des ONG ou des syndicats". En réalité ce qui distingue le lobby agricole, chasseur, nucléaire ou celui des vendeurs d’alcools c’est qu’il défend sa cause quand l’ONG ou l’association d’utilité publique milite pour une cause d’intérêt général.
C’est le cas du philosophe Alain Finkielkraut dans l’Express ce jeudi matin.
Finkielkraut, militant inattendu de la cause animale , évoque dans l’hebdomadaire sa détestation de la zootechnie et l’exploitation industrielle des animaux. Il dirige un ouvrage à paraitre la semaine prochaine sur la question animale. Alain Finkielkraut qui dit sa tendresse pour les vaches : "paisibles dit-il, sans malice, parfois d’une gaité puérile, on croirait de grosses dames qui font semblant d’avoir 14 ans", s’émeut le philosophe qui explique le lien étroit qui existe entre l’humanité et le respect de la cause animale.
Finkielkraut, ami des bêtes, appréciera donc la Une ce matin de Nord Littoral. Le chien arrive en jet privé titre le quotidien nordiste. L’animal dont on ignore le petit nom a été pris en charge par un chauffeur qui lui fera traverser la Manche vers l’Angleterre ou l’attendront ses maîtres. La raison de ce traitement luxueux, le contrôle vétérinaire effectué au départ de la France est moins tatillon que celui pratiqué dans les aéroports anglais.
On est ici à la pointe de la cause animale.