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À la Une : Escalade verbale entre Charlie Hebdo et Médiapart

Le coup d’œil d’Eugénie Bastié

16 novembre 2017

Episode - 00 minutes - Société

Description de l'épisode

Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.


Dans la presse ce matin, l’escalade verbale entre Charlie Hebdo et Médiapart.

"On aurait pu s’amuser à observer de loin cette joute entre figure de la vie publique parisienne, écrit Guillaume Goubert dans La Croix, comme une pittoresque empoignade de cour d’école entre le camp Charlie Hebdo et le camp Médiapart. Sauf que le sujet sur lequel ils s’affrontent est grave et que les mots échangés depuis quelques jours comme des obus de mortiers ne cessent de grossir. Plenel dénonce une "guerre aux musulmans", Riss "un appel au meurtre". Et un troisième, Manuel Valls, dit en évoquant "Edwy Plenel et ses sbires : je veux qu’ils rendent gorge". En réalité on a seulement envie de dire aux uns et aux autres : halte au feu, arrêtez. Arrêtez-vous, cette escalade est trop dangereuse, pour vous et pour la société française". Sauf qu’à lire la presse, ça n’est pas prêt de s’arrêter. L’Humanité parle d’une "hystérisation du débat public" et accuse Manuel Valls de "jeter de l’huile sur le feu". Dans Le Point, Franz-Olivier Giesbert en remet une couche sur "l’abbé Plenel (…) compagnon de route de l’islamophilie, ce socialisme des imbéciles qu’on appelle aussi l’islamo-gauchisme". L’hebdomadaire Politis répond que "l’islamo-gauchisme est un mot pour interdire le débat". On ne s’en sort pas.
"La laïcité est prise dans les caricatures", écrit Matthieu Verrier dans la Voix du Nord. "C’est une nouvelle faille, ajoute Bruno Dive dans Sud-Ouest, une fracture de plus en plus béante à gauche". Dans Midi Libre, Jean-Michel Servant fustige plus directement "les règlements de comptes et autre vengeances personnelles entre petits polémistes parisiens. On est bien loin du combat mené il y a trois ans pour la tolérance, dit-il, ces échanges délirants ne font pas honneur à la presse, loin s’en faut". Pourtant, pendant ce temps-là, des journalistes continuent de travailler et de publier des enquêtes sur le bâton de dynamite originel : en l’occurrence, les plaintes pour viol et agression sexuelle contre Tariq Ramadan.

À lire notamment, l’enquête de Ian Hamel dans Le Point.

Oui, le journaliste a déjà publié une biographie du prédicateur en 2007 et il décortique dans l’hebdomadaire "l’histoire secrète de la dynastie Ramadan", il raconte, les rôles bien répartis, Tariq le penseur "le gentil", son frère Hani, défenseur de la lapidation "le méchant". Et puis ce double discours permanent : "En 2014, écrit Ian Hamel, Majda Bernoussi, auteure d’un manuscrit sur sa relation avec Tariq Ramadan, n’avait pas tant été scandalisée par ses frasques que par son indifférence vis-à-vis de la religion : "je ne l’ai jamais vu prier une seule fois, dit-elle. Manger halal ? Il me répétait que ce n’était qu’un détail", une femme d’après laquelle l’islam n’aurait été pour Tariq Ramadan qu’un business juteux".
Un désintérêt pour la religion sur fond d’emprise, de pression et de menaces, c’est aussi ce qui ressort de la longue enquête, fouillée et documentée, de Marine Turchi dans Médiapart. Quatre pages chirurgicales sur le "système Ramadan" et sa spirale bien rodée : séduction, avances pressantes, rapport particulièrement violent puis menaces. L’une des victimes, mordue jusqu’au sang, confie : "je lui ai dit que je n’aimais pas ça, il m’a répondu "je sais, c’est pour ça que je le fais", j’ai fondu en larmes, dit-elle, j’étais terrorisée". Des femmes qui racontent les coups de fil de menaces, les mails de prétendus avocats qui, en réalité, n’existent pas, l’irruption de faux profils Facebook pour les intimider. "Depuis le 28 octobre, conclu Marine Turchi, nous avons sollicité à de multiples reprises Tariq Ramadan et son avocat en vain".
C’est que, visiblement, la défense du prédicateur préfère alimenter d’autres journaux. Le Parisien par exemple, dit "avoir eu connaissance" d’une partie du contenu d’échanges Facebook entre Tariq Ramadan et Henda Ayari, l’une des femmes qui a porté plainte pour viol. Un contenu très favorable à l’accusé puisqu’on y découvre les propos d’une femme lui demandant pardon, l’implorant de ne pas la bloquer sur le réseau social. "C’est trop tard, écrit-il, tu m’as fait du mal". Une "manipulation" d’après les avocats d’Henda Ayari, "cette information a pour but de discréditer notre cliente qui, à l’époque, était sous l’emprise d’un homme exerçant sur elle des pressions psychologiques extrêmement fortes".

Voilà pour l’affaire Ramadan, mais il y a aussi d’autres titres dans la presse ce matin.

Oui, par exemple, on l’aurait presque oubliée, la mobilisation contre les ordonnances réformant le code du travail. "Les manifs, ça eut payé", affirme l’Opinion qui acte l’échec avant même que le défilé ne démarre. Tout ça à grand renfort de Laurent Berger : "les manifs, dit-il, ça sert à montrer notre faiblesse". La mobilisation sociale, c’est le vieux monde. D’ailleurs, la Une du Figaro va dans le même sens et parle de "la bataille perdue des syndicats". "Macron neutralise la rue". La photo est explicite, on y voit le président, tout sourire, discutant avec deux employés en gilet de sécurité, visiblement ravis. Emmanuel Macron donc, qu’on retrouve en couverture de Challenges : "fonctionnaires, régimes spéciaux, contrôle des chômeurs : le président face aux tabous". Macron toujours, en une de l’Obs qui parle de son "peuple", "les marcheurs du président". Macron encore, en couverture de Paris Match : "reportage exclusif, une semaine dans la vie du président". Mais, malgré ce déferlement de dossiers spécial Macron, ce n’est pas lui que vous verrez le plus ce matin.

Sans conteste, celui qui fait la Une, c’est Bernard Laporte.

Et oui, la France a donc été désignée pays organisateur de la Coupe du Monde de rugby 2023 et l’on voit surgir des petits Bernard Laporte un peu partout dans vos journaux. Laporte qui sourit en Une de Libération Champagne, Laporte qui salue de la main pour Centre Presse, Laporte avec un ballon pour Sud-Ouest, Laporte qui serre les poings pour L’Équipe. "On a gagné" titrent La Montagne et La Provence. Alors on disserte sur le "cocorico qui retenti", comme dit Jean-Louis Hervois dans La Charente Libre. Oubliée l’affaire Altrad, oubliés les soupçons de favoritisme et de pression exercé par Bernard Laporte sur la commission de discipline de la Fédération Française de Rugby. Oubliée aussi ses difficultés pour sauver sa tête de président de la fédération. L’Afrique du Sud dénonce un processus d’attribution opaque, mais peu importe. Célébrons ! Encore une fois, il faut profiter, comme nous y incite Aujourd’hui-en-France, de "cette grande nouvelle pour le pays !" Reste à avoir un quinze qui gagne. Mais ça, c’est encore une autre histoire.

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