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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Une erreur de jeunesse qui inspire les éditorialistes de toute la presse, c’est celle de Nathalie Loiseau tête de liste La République en Marche aux Européennes dont Médiapart révélait lundi qu'elle avait figuré à 20 ans sur la liste d’un syndicat étudiant d’extrême droite alors qu’elle faisait ses études à Sciences Po. Nathalie Loiseau ignorait l’orientation politique de cette liste a-t-elle expliqué mardi dans une vidéo, ses valeurs sont aux antipodes de celles de l’extrême droite.

Une communication de crise qui n’a pas convaincu Pascal Coquis des Dernières nouvelles d’Alsace : "Ce qui est vraiment gênant, c’est cette propension qu’ont certains politiciens à feindre l’amnésie à chaque faux pas et à prendre leur auditoire pour des jambons". Dominique Garraud dans la Charente Libre ironise "Une vraie connerie plaide la candidate à la manière de Richard Virenque pris en flagrant délit de dopage, Nathalie Loiseau se serait retrouvée là à l’insu de son plein gré". Et dans Nice-Matin Claude Weil conclut : "Une vraie connerie effectivement, elle aurait dû commencer par-là, on aurait compris".

Alors effectivement, tout le monde a le droit à l’oubli, surtout quand l’erreur de jeunesse remonte à plus de 30 ans. Chirac a bien vendu L'Humanité. Sauf qu’en politique le droit à l’oubli n’existe pas, les erreurs de jeunesse se traînent comme des casseroles. Voilà pourquoi L’Opinion à la veille de la conférence de presse du président de la République titre mercredi matin : "Nathalie Loiseau, le doute gagne".

Les Républicains - Avengers, même combat…

Et ce regain de confiance des Républicains est illustré mercredi dans Le Figaro par une photo. On y voit Laurent Wauquiez, Hervé Morin, François-Xavier Bellamy et quelques piliers de la droite républicaine scruter l’avenir sans états d’âme, le regard déterminé et le menton viril, le photographe les a saisis dans la posture de ces super héros prêts au combat et qu’on retrouve à l’affiche d’Avengers, la super production Disney qui sort aujourd'hui dans les salles et à laquelle la jeunesse ne saurait échapper.

Européennes : Bellamy n’est plus une erreur de casting

La jeunesse à droite, c’est celle de François-Xavier Bellamy qui séduit ceux qui sont allé l’écouter à Bois-d’Arcy dans les Yvelines, non loin de Versailles dont le jeune philosophe est adjoint au maire. Les sondages remontent et les doutes s’effacent. Et les plus sceptiques des seigneurs de la droite font désormais les yeux doux au jeune candidat qui, il y a quelques semaines, était encore considéré comme une erreur de casting.

"C’est vrai que j’étais inquiète en début de campagne", confie Valérie Pécresse. "Aujourd’hui je suis entièrement rassurée, il sait rassembler, il sait écouter, il amène les choses sur le fond avec beaucoup de tranquillité et de sérénité". Idem pour Gérard Larcher qui pensait lui aussi que Bellamy était une erreur de casting : "Chacun sait que je me suis interrogé sur ce choix, mais je suis totalement aux côtés de François-Xavier Bellamy, rien n’arrêtera ce désir-là". Mais il faut entendre Bruno Retailleau couvrir le débutant d’éloge. "Il y a une ferveur Bellamy", assure ce fidèle de François de François Fillon. En fait, la droite découvre avec ravissement qu’elle s’est trompée pour son plus grand bonheur.

Ma personne est sacrée : Mélenchon regrette-t-il d’en avoir trop fait ?

Droit à l’erreur, droit à l’oubli, Jean-Luc Mélenchon va-t-il admettre dans l’interview fleuve qu’il accorde ce matin à Libération qu’il en fait trop ? Qu’il se met trop en colère ? Qu’il a eu tort de surjouer la fureur lors de la perquisition du mois d’octobre au siège de son parti. Voilà sa réponse : "Je regrette de n’avoir pas vu la caméra de Quotidien. Les médias ont diffusé leurs images en boucle". Alors Libération lui rappelle qu’il a bousculé un officiel. "C’est faux", répond-il. "C’est eux qui nous ont bousculé et jeté à terre". Pas de regrets insiste donc Libération et tout le délice de l’entretien est justement dans cette insistance à laquelle Mélenchon se prête volontiers avant de répondre. "Je suis juste un être humain sous le coup d’une agression sans précédent filmé pendant plus de 6 heures à son insu". Ah les erreurs en politique, c’est toujours à son insu. Il doit bien rigoler Richard Virenque.

On n’oublie pas les punks

Et puisqu'on parle du droit à l’oubli et de nos erreurs de jeunesse, parlons de nos années punks, de nos années rebelles avec Télérama.fr qui revisite avec le photographe Yan Morvan les années Thatcher, celles de l’émergence du mouvement Punk, des Mods et des Skinheads. En voilà des mauvaises fréquentations, en voilà des accointances dangereuses, en voilà des copains infréquentables. À voir sur Télérama.fr des photos et des souvenirs qui font l’objet d’une exposition et d’un livre qui ressuscite cette Angleterre qui a donné à l’Europe des Dock Martins, des anneaux dans le nez et sur la langue, des blousons bombers, des coiffures à l’iroquoise, des chiens, des punks à chien, des slogans du genre "No Future" ou "The Queen is dead". Pas mal d’erreurs de jeunesse avec pour bande originale des groupes qui n’étaient pas, eux, des erreurs de casting, des groupes inoubliables les Sex Pistols, les Madness, les Spécials, les Clash tout ça sur fond de chômage, de bagarre de rue, de graffitis et de cuite mémorable. Les photos de l’Angleterre punk de Yan Morvan nous parlent de nos erreurs de jeunesses et du bonheur de se tromper. Les bons souvenir n’ont pas droit à l’oubli.