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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

À la Une : démission, "Petite Poucette" et trottinette

"La surdité n’est pas une fatalité", c’est la Une de l’Union des Ardennes qui délivre quatre conseils à ses lecteurs pour prendre le problème à la racine : agir dès les premières alertes, choisir le modèle adapté, être patient avec son appareil et bien sélectionner son audioprothésiste. La surdité n’est pas une fatalité pour l’Église non plus dont la commission indépendante sur les abus sexuels lance aujourd’hui un appel à témoignage dans La Croix, Libération ou Le Figaro pour écouter la parole de toutes les victimes de prêtres ou religieux depuis les années 50. La surdité n’est pas une fatalité non plus pour Laurent Wauquiez qui a fini par entendre les appels des élus de la droite républicaine à prendre du recul. Sud Ouest titre "Wauquiez se retire". "Wauquiez jette l’éponge", c’est la Une du Midi Libre, des Échos, du Parisien Aujourd’hui en France, ça en fait des éponges. "Wauquiez s’en va, la droite en miettes", titre enfin Le Figaro.

Adieux à Laurent Wauquiez

Si on les lit bien, c’était écrit. Bruno Dive dans Sud Ouest "Le risque pour Wauquiez était de diriger une coquille vide", Jean Levallois de la Presse de la manche "Si Laurent Wauquiez ne quittait pas le parti, c’est le parti qui risquait de quitter Laurent Wauquiez" ou encore Laurent Bodin de l’Alsace "C’est la fin d’un déni de réalité". Curieusement, ceux-là même qui ont montré la sortie à Laurent Wauquiez (Pécresse, Léonetti, Retailleau) sont les premiers à saluer dans le Figaro sa sincérité, sa dignité, sa sagesse, son sens des responsabilités.

Hommages à Michel Serres

Plus sincères sont les adieux au philosophe et académicien Michel Serres ce lundi matin qui est à la Une de Libération ou du Petit Bleu d’Agen, Agen dont il était originaire et où ses obsèques seront célébré samedi, nous dit le quotidien agenais et où il reposera. Dans Libération, Paul Quinio salue lui aussi l’art de nous faire dresser l’oreille, art d’interrompre la litanie des mauvaises nouvelles, son regard sur la marche du monde était bienveillant et optimiste. Pas de danger de tomber dans le c’était mieux avant. Et Paul Quinio cite son best-seller publié en 2012 "Petite Poucette" dans lequel il se penche avec affection sur la génération smartphone. "Le monde change et il faut faire", avec disait le philosophe et historien des sciences. Alors qu’aurait pensé Michel Serres non pas des poucettes mais des trottinettes ? Ces véhicules électriques qu’on loue sur les trottoirs avec son smartphone et qui bouleversent un peu trop la mobilité en ville...

Double fracture après un choc avec une trottinette

Alors que la loi sur les mobilités sera défendue ce lundi à l’Assemblée par la ministre des Transports, elle a fait l’objet de 3.422 amendements, décompte ce matin les Échos, le Parisien-Aujourd’hui en France raconte l’accident qui le 17 mai dernier a coûté à Isabelle Albertin pianiste de l’Opéra de Paris une double fracture du bras droit. "Je n’ai rien entendu et rien vu venir", explique la musicienne qui d’un seul coup s’est retrouvée projetée à terre par une trottinette. "J’ai peur de ne plus jamais pouvoir rejouer", confie celle qui dénonce "un bordel sur les trottoirs de Paris". "Nous les piétons sommes en totale insécurité", déclare la pianiste qui va porter plainte contre la mairie de Paris et qui projette de créer une association contre l’anarchie urbaine et les incivilités. De son côté, le 1er adjoint à la Ville l’encourage à porter plainte contre celui qui l’a renversé mais également contre l’État pour défaut d’engagement ajoutant qu’il attend la loi Mobilité avec impatience. La boucle est bouclée.

Le deux-roues "terreur de la chaussée"

Haro donc sur la multiplication sauvage des trottinettes. Mais tout de même, on lira avec amusement la chronique dans le Point.fr de Thomas Malher qui rappelle qu’à la fin du XIXe siècle, un nouvel engin à deux-roues sème l'anarchie et bien des accidents dans les rues des grandes villes : le vélo. "La terreur de la chaussée", titre un quotidien de Brooklyn. En 1874, la préfecture de Paris tente de réguler la circulation des vélocipèdes, obligeant chaque propriétaire à avoir un numéro d'immatriculation. En 1881, un citoyen New Yorkais plaide devant une commission pour le maintien de l'interdiction des deux-roues à Central Park, afin de "préserver la tranquillité du moyen de locomotion concurrent". À l’époque il s’agissait des chevaux. Alors face au combat du vélo contre le piéton ou de la trottinette contre la voiture, on citera Michel Serres à propos de l’internet qui transforme nos transports et nos communications "Chaque fois qu’il y a un changement de support, il y a un Socrate qui engueule un Platon".