Baroin : "Même le président a le droit au respect de sa vie privée"

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Le député-maire UMP revient sur la conférence de presse de François Hollande, mardi.

François Baroin, député-maire de Troyes, ancien ministre de l’Économie et du Budget

Ses principales déclarations :

 

Vous n'avez pas pu venir en studio...

"On a eu des problèmes avec les agriculteurs qui ont fait le coup de poing cette nuit et ont fait un peu de fumier, ils sont contre la directive nitrates... Je n'ai pas pu vous rejoindre, je m'en excuse."

 

Le Président vous a t-il surpris hier ?

"Il ne m'a pas surpris : j'ai écouté attentivement le programme économique..."

L'adversité le renforce ? Ses proches disent : "Enfin il devient lui-même !"

« Oui, je comprends que les proches disent du bien de lui... Dans la situation actuelle du pays et de sa popularité, c'est la moindre des choses d'affirmer du caractère, du sens des responsabilités et une prise de conscience. Il semble que ce tournant - on verra si l'histoire de ce quinquennat marque un tournant à travers cette conférence de presse - est une prise de conscience autour d'une réalité économique qui s'impose à tous."

Quand il dit "Les affaires privées se traitent en privé", vous lui donnez raison ?

"Je lui donne raison. Même le Président de la République a droit au respect de sa vie privée. Le  Président de la République Française ne prête pas serment sur la Bible, notre hymne n'est pas God Save the Queen. Sur ce point, je trouve que le ton, la forme, donnent raison à la nécessite de garantir la préservation de la vie privée, même pour le chef de l'Etat."

 

Certains croient comprendre qu'il va aller seul aux Etats-Unis...

"Ça, je ne sais pas. Il faut se fixer une ligne : la mienne est le respect de la vie privée. Il a fixé un cadre, attendons ce qu'il dit là-dessus."

Même sous la pression, on ne déballe pas sa vie sentimentale...

"Je le comprends, je le respecte. J'imagine la sincérité lorsqu'il a évoqué le caractère douloureux de ce qu'il vit actuellement. Ce qui est important, c'est que cela ne le détourne pas de la mission que les Français lui ont confié."

Le pacte de responsabilité... Un socialisme d'offre et de la production est-il meilleur qu'un socialisme dogmatique qui distribue ce qu'il n'a pas ?

"C'est indiscutablement mieux qu'un socialisme dogmatique qui distribue ce qu'il n'a pas. Ça n'est pas ce qu'il a fait : ils ont créé 60.000 emplois dans la fonction publique. Aucun pays du monde n'a offert comme réponse à la crise de la zone euro de la création d'emplois publics pour régler les problèmes  de dette et de déficit. Ce n'est pas ce qu'il a fait avec la multiplication des emplois aidés, qui n'est pas autre chose que de demander au contribuable de l'accompagner dans sa prophétie qui n'est pas réalisée aujourd'hui d'inversion de la courbe du chômage. Si c'est une prise de conscience, si elle est solide, si elle est sérieuse, objectivement on ne peut qu'accompagner cette démarche."

Vous ne la rejetez pas comme certains leaders de l'opposition...

"Je la rejette d'autant moins que je fais partie de ceux qui, au gouvernement, ont mis en place cette politique. Je rappelle que, lorsque Nicolas Sarkozy présidait le G20 à Cannes, il a pris l'engagement que la France s'engagerait sur une réforme de structure que le FMI et Bruxelles, tous les experts et tous les autres pays ont engagé quand ils étaient dans cette difficulté : une baisse du coût du travail. C'est ce que nous avions fait avec la TVA sociale."

Hollande ferait du Sarkozy-Fillon-Baroin ?

"Euh... Oui, on peut, d'une certaine manière, si c'est la suppression... La prise de responsabilité du financement de la branche familiale avec la suppression des cotisations entreprises et des cotisations salariales, oui ça va dans la direction d'une politique qui peut produire des effets..."

Vous pourriez voter le pacte de responsabilité, le moment venu ?

"On verra les discussions, l'affectation... C'est le grand manque de François Hollande, semble-t-il... Il faut rappeler qu'il a fait perdre deux ans au pays, cette politique est à rebours de complet de ce qui est mené depuis 18 mois... S'il y a une question économique à poser : comment, jusqu'où ce transfert du coût du travail ? A Bercy, j'étais sur une base de 12%, on avait fait un transfert sur la TVA et la CSG patrimoine de l'ordre de 13 milliards mais on avait l'objectif de faire 25 milliards de plus."

Si le social-démocrate Hollande engage les réformes de structure et relance croissance et emploi, ne rend-il pas plus difficiles les programmes de l'opposition et le retour de Nicolas Sarkozy ?

"Non ! On a des débats très forts avec la gauche, avec la social-démocratie... C'est quoi sur le plan économique ? Ça reste encore et malgré tout de la dépense publique ! Le fait de fixer la question de la réduction des déficits n'est qu'un affichage de paroles."

Vous dites-vous que le François Hollande nouveau peut réussir ? Ou va-t-il échouer de toute façon ?

"J'espère profondément que cette baisse du coût du travail va nous remettre à un  niveau de compétitivité qui nous manque cruellement. L'économie est en cale sèche. Les agents économiques, les entreprises, n'investissent plus. Voyez l'effondrement de l'investissement étranger en France."

Pierre Gattaz fait preuve de complaisance, de complicité avec le gouvernement ?

"Je ne vais pas sur ce terrain. Ce qui compte, c'est ce qui marche : ce qui marche, nous le savons, c'est une baisse du coût du travail, c'est indispensable. Il faut trouver des assiettes fiscales à base large et taux faibles, ou il faut trouver des sources d’économie. Voyez le Portugal et l'Espagne qui ont baissé leurs coûts unitaires du travail."

Ne pensez-vous pas qu’il est en train de faire quelque chose de nouveau ?

"Dans l'histoire des quinquennats, il y a souvent eu des tournants : Mitterrand, Chirac, Sarkozy en raison d'une crise fondamentale financière majeure d'origine américaine... C'est peut-être probablement le cas ! Mais il est au pied du mur, il n'a pas le choix."

A propos de Julie Gayet à la Villa Médicis. Procédure normale, flair, zèle ? (interview réalisée avant l'annonce du milieu de matinée) 

"Je n'en sais rien, je n'ai aucune information ni confidence sur ce sujet. Ce qui m'intéresse, c'est la politique économique qui a été présentée, moins ce feuilleton qui inonde depuis cinq jours les rédactions..."