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Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

C’est l’aboutissement d’une révolution toute en douceur, l’Arménie devrait avoir ce mardi un nouveau Premier ministre.

Effectivement, le parlement est convoqué en session extraordinaire et il devrait proposer au chef de l’opposition de former le prochain gouvernement.

Fin de crise à priori ce mardi en Arménie et un  dénouement heureux, sans la moindre effusion de sang, si le Parlement nomme comme prévu le chef de l’opposition  au poste de Premier ministre en charge de former un nouveau gouvernement.

Ce qui ne fait à peu près aucun doute dès lors que l’ensemble des forces politique arméniennes sont tombées d’accord pour trouver une solution pacifique à cette crise. Une véritable révolution puisque des manifestations absolument massives paralysent cette ancienne petite république soviétique depuis maintenant presque un mois. Un mouvement porté essentiellement par les jeunes générations qui, justement, n’ont jamais connu le joug communiste et qui ne supportaient plus ces régimes nationalistes autoritaires menés par d’anciens apparatchiks qui se sont succédés au pouvoir depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. On a une jeunesse qui aspire à vivre normalement, qui n’hésite plus à le dire et à se faire entendre. La jeunesse a finalement réussit entrainer derrière elle les parents et les grands parents, qui avaient pourtant fait preuve d’une très grande patience voire même d’une certaine passivité.

C’est donc une sorte de "révolution orange" comme celles qu’ont connu l’Ukraine et la Géorgie ?

Ça les rejoint. En tous cas, dans ce besoin de respiration. L’envie d’une société civile libre et autonome, le rejet de la corruption et des pratiques claniques des familles issues de la  vieille nomenklatura. En revanche, et ça c’est une énorme différence, les Arméniens ont la ferme intention de garder d’excellentes relations avec Moscou. Les manifestants exigent certes plus de démocratie mais ils ne réclament absolument pas de bouleversement stratégique et une rupture avec leur grand voisin du nord. Il n’y a eu aucun rejet de la Russie pendant tout le mouvement parce que tout le monde sait que la dépendance arménienne est totale, que ce soit pour la fourniture de gaz, de pétrole ou même pour la livraison d’armements. Sachant que l’Arménie est en guerre avec l’Azerbaïdjan depuis l’indépendance de ces deux pays en 1991 parce qu’ils se disputent un petit bout de terre dans les montagnes du Karabagh. Une tension, même légère, avec le Kremlin pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’Arménie.

Est-ce que Vladimir Poutine ne va pas en jouer ?

Les choses étant ce qu’elles sont, il n’y voit aucun intérêt. Le Premier ministre qui va être nommé, Nikol Pachinian, est le chef de file de la révolte. C’est un ancien journaliste mais qui siège au parlement depuis maintenant un bon bout de temps, depuis 2007. Il en connait les codes. Il a obtenu le soutien de tous les partis les plus importants du pays, y compris de certains élus de l’ancien parti au pouvoir. Il a aussi donné très rapidement à la Russie les gages qu’elle attendait et obtenu en retour une position plutôt bienveillante du Kremlin. Il s’est borné à un communiqué officiel faisant état de blanc-seing à la décision du parlement arménien puisqu’il assure qu’il s’agit d’une affaire purement intérieure et qu’il en respectera le verdict.