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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est le début de l’Acte II du quinquennat et il commence fort avec une réforme importante de l’assurance-chômage.

Une réforme sur laquelle les partenaires sociaux n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Ils en ont été saisis fin 2017. Mais ils ont été incapables de trouver un terrain d’entente alors qu’ils sont censés gérer ensemble le système. C’est le fameux "paritarisme" qui remonte au général De Gaulle. Mais le paritarisme a ses limites. Et donc, disons-le, il faut donc un certain courage à l’État pour reprendre la main et prendre le risque de se mettre tout le monde à dos en écrivant lui-même la réforme. D’ailleurs, la meilleure preuve que c’est une vraie réforme, c’est que tout le monde va râler et d’ailleurs râle déjà. C’est le signe infaillible que l’on change les choses et que l’on sort du statu quo. Et c’est tant mieux.

Les syndicats dénoncent un durcissement des conditions d’accès au chômage ?

Oui et le patronat s’élève contre le système de bonus-malus qui va être mis en place pour limiter le recours aux CDD. Il est vrai qu’il n’est pas du tout sûr que ça marche. Donc oui, tout le monde râle. Mais il ne faut pas oublier pourquoi le système doit être réformé : l’assurance-chômage, telle qu’elle existe aujourd’hui, est une machine à produire de la dette. Elle a accumulé une dette qui frise les 36 milliards d’euros c’est-à-dire presqu’une année entière de prestations. C’est absolument intenable ! Or nous avons un des systèmes les plus généreux d’Europe et un des taux de chômage les plus élevés : peut-être faut-il se poser des questions. Notre système est-il vraiment efficace ? Favorise-t-il vraiment le retour à l’emploi ?

Ce sont des questions taboues ?

Oui mais légitimes. Et ce n’est pas parce qu’elles dérangent qu’il ne faut pas les poser. On ne réforme pas l’assurance-chômage quand le chômage explose. On le fait quand il recule et quand le marché de l’emploi s’améliore : c’est le cas actuellement. Imposer comme règle d’avoir travaillé six mois au lieu de quatre mois au cours des 24 derniers mois pour avoir droit au chômage, ce n’est pas illégitime, ce n’est pas indécent. Les conditions sont beaucoup plus restrictives chez nos voisins. Quand le système sera à l’équilibre, on pourra en reparler. Aujourd’hui, ne pas réformer, c’est accumuler lâchement de la dette en se disant qu’on paiera plus tard. Tous ceux que l’on va entendre aujourd’hui pousser des grands cris contre la réforme feraient bien de s’interroger sur leurs responsabilités dans la dérive du système.