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Les "majors" européens du pétrole, comme Total, Shell ou BP, vont investir à eux seuls 170 milliards de dollars dans les énergies renouvelables d’ici 2030. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les géants mondiaux du pétrole, Total, Shell, BP et les autres, se battent à coup de dizaines de milliards de dollars pour devenir des géants des énergies renouvelables.

Oui, c’est leur nouvel Eldorado. Les "majors" européens du pétrole vont investir à eux seuls 170 milliards de dollars dans les énergies renouvelables d’ici 2030, ça vaut tous les "plans verts" brandis ici ou là par les gouvernements. C’est la transition énergétique, non pas version grands discours, mais version concrète. Au passage, ceux qui vouent aux gémonies les géants du pétrole, par exemple en refusant que Total soit sponsor des JO de 2024 pour des raisons d’image, ont bien tort. C’est avec l’argent du pétrole que l’on va financer dans les dix-vingt ans qui viennent les énormes investissements dans l’éolien ou le solaire.

Cela signifie que ces grands groupes pétroliers vont devoir complètement se transformer ?

Oui, imaginez qu’une société comme Shell, par exemple, veut devenir le numéro un mondial de l’électricité en 2030, dans à peine dix ans ! À cet horizon, le quart du chiffre d’affaires des grands groupes pétroliers devrait être réalisé dans les énergies qui n’émettent pas de CO2 comme le solaire ou l’éolien. Ces entreprises devraient y consacrer plus de la moitié de leurs investissements soit autant d’argent qu’elles auraient investi, à une autre époque, dans la prospection pétrolière. C’est donc bien à une transition massive que l’on va assister dans les prochaines années.

Total n’est pas en reste.

Total va voir sa production de pétrole stagner voire baisser légèrement au cours de cette décennie, ce qui n’est jamais arrivé depuis un siècle. Il va évidemment continuer à investir dans le pétrole et surtout dans le gaz. On a tendance à l’oublier mais Total est numéro 2 mondial dans le gaz naturel liquéfié. Mais surtout, il prévoit une augmentation massive de sa production d’électricité renouvelable : 85 gigawatts à l’horizon 2030. Ce qui fera du groupe français une très grande compagnie d’électricité et le classera dans le Top 5 du renouvelable dans le monde. Ceux qui font la transition énergétique aujourd’hui, ce sont pour une très large part les compagnies pétrolières.