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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le groupe automobile Renault veut vendre d’ici trois ans plus d’un demi-million de voitures en Chine, le premier marché du monde. Son avenir se joue en partie là-bas ?

Renault a présenté cette semaine au salon automobile de Shanghai une petite voiture 100% électrique et low cost, la K-ZE. Une voiture conçue en Chine avec Dongfeng, le partenaire chinois de Renault et Nissan, fabriquée là-bas avec des composants venant à 90% de Chine. Et donc à un prix réduit. Si je vous en parle, c’est parce que cette voiture symbolise, au fond, à elle toute seule, le triple défi que doit relever le constructeur français : la Chine, l’électrique et le low cost.

C’est sur ces trois sujets que se joue l’avenir de Renault ?

Oui : la Chine, parce que c’est tout simplement le premier marché mondial. On ne peut pas être un grand groupe automobile et être absent de ce marché. Or pour vous situer les ordres de grandeur, la Chine a immatriculé près de 24 millions de voitures particulières l’an dernier. Et Renault n’en a vendu que 200.000. Il vise maintenant le demi-million en 2022, ce qui restera encore modeste. L’autre grand défi, c’est l’électrique. Renault a pris de l’avance, il est leader mondial avec Tesla en nombre de voitures vendues, les deux se situant évidemment aux deux extrémités du marché, entrée de gamme et haut de gamme. Mais les autres constructeurs arrivent, notamment chinois. Et puis Renault est aussi leader sur le low cost, avec notamment la Logan. C’est un segment rentable, les marges dans le low cost sont même souvent supérieures aux autres segments. Le low cost, c’est 40% des ventes de Renault. Donc vous le voyez, la voiture que lance aujourd’hui Renault en Chine concentre les trois défis du groupe.

Trois défis qu’il aurait du mal à relever sans Nissan ?

Exactement. C’est avec Nissan que Renault a créé la co-entreprise qui va produire sa nouvelle voiture chinoise. L’alliance avec le partenaire japonais est également cruciale pour réussir et survivre dans la révolution de l’électrique au moment où cette technologie change de dimension pour devenir un marché de masse. L’affaire Carlos Ghosn a  fragilisé l’alliance Renault-Nissan. Nissan est par ailleurs affaibli par ses propres performances médiocres en ce moment. Mais on voit bien à quel point l’Alliance est essentielle pour les deux dans un marché automobile mondiale qui évolue à toute allure et dont le centre de gravité est de plus en plus asiatique.