Chaque matin, Daniel Fortin fait le point sur une question d'actualité économique.
C’est peut-être la prochaine grande révolution du transport aérien, des avions électriques pourraient bientôt faire leur apparition dans le ciel, c’est en tout cas ce que promet Guillaume Faury le nouveau patron d’Airbus Daniel
Oui et à l’entendre ce sera dans dix ans tout au plus, c’est ce qu’il vient de dire ce week-end au journal allemand le Frankfurter Allgemeine Zeitung, alors il faut le dire c’est un sacré pari parce qu’autant la voiture électrique va très vite devenir un produit ordinaire sur nos routes autant pour l’avion on en est très très loin, il n’existe aujourd’hui aucun vol commercial en propulsion électrique, Easyjet en promet bientôt un pour rallier Londres depuis le continent européen mais à ce jour on a encore rien vu.
"Il faut donner des gages à des passagers de plus en plus écolos dans l’âme, et l’avion électrique est un très bon vecteur d’image pour le faire"
Alors ce qui existe par contre ce sont des prototypes, notamment deux chez Airbus mais de là à passer au vol de tourisme ou de fret aérien il y a encore un pas très grand à franchir, un pas technique d’abord, sachant qu’aucun moteur électrique n’est assez puissant pour assurer la propulsion nécessaire au décollage, et puis l’autre obstacle est psychologique, persuader des centaines de passagers qu’ils voleront dans un avion sans kérozène, ça n’est pas gagné
Mais dans ce cas pourquoi les constructeurs veulent-ils absolument un avion électrique ?
Tout simplement parce qu’ils n’ont pas le choix, un jour l’opinion va leur réclamer des comptes en matière de pollution regardez ce qui se passe aujourd’hui en Suède avec le mouvement dit Flygskam que l’on peut traduire par la "honte de prendre l’avion" il fait un véritable buzz sur les réseaux sociaux, le but des soutiens de ce mouvement c’est de substituer de plus en plus à l’avion des moyens de transports jugés moins pénalisants pour le climat notamment le train. Alors ça peut paraître rétrograde mais ça marche, les 10 premiers aéroports suédois ont vu leur trafic intérieur reculer de 6 % l’an dernier et on n’exclut pas du tout que cette forme de résistance gagne toute l’Europe.
Mais l’avion est-il si polluant qu’on le dit ?
Alors c’est un sujet très controversé mais rendez-vous compte que depuis que je vous parle, une soixantaine d’avions ont déjà décollé dans le monde, aujourd’hui le rythme est de un par seconde, et le trafic va exploser, on prévoit qu’en 2037 il va doubler avec plus de 8 milliards de passagers, alors même si le transport aérien ne représenterait aujourd’hui que 2% des émissions de carbone dans le monde, cet argument n’est plus audible dans le contexte d’aujourd’hui, la réglementation va se durcir pour les compagnies et il faut donner des gages à des passagers de plus en plus écolos dans l’âme, et l’avion électrique est un très bon vecteur d’image pour le faire.
