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C’est mardi prochain qu’aura lieu un vote sur le tracking. Cette appli qui, lorsqu’elle est installée sur votre téléphone, permet de savoir si vous côtoyez ou non quelqu’un qui est porteur du virus.

Oui, une technologie qui s’est révélée très efficace en Asie du Sud-Est (en Corée du Sud, par exemple) , mais qui a un inconvénient majeur : votre téléphone, qui en sait déjà beaucoup sur vous, peut devenir soit un auxiliaire de santé, soit un mouchard au service de la police, soit encore un agent commercial à la solde de tous ceux qui peuvent exploiter vos données personnelles et faire du business avec. D’un côté, une vraie arme contre la pandémie, mais de l’autre un vrai risque pour les libertés…

C’est pour ça qu’il y aura un vote du Parlement…

Exactement, alors, ce n’était pas le choix initial d’Emmanuel Macron : lors de sa dernière intervention télévisée, il avait expliqué que, compte tenu des enjeux de liberté mais aussi du progrès que ça pouvait nous faire faire dans la lutte contre le coronavirus, il allait demander un débat au Parlement. Un débat (un « vrai, profond, politique », précisera ensuite l’Elysée), mais pas de vote. C’est ça qui vient de changer : le gouvernement a fini hier par accepter de faire voter les parlementaires sur l’éventuelle adoption de cette technologie (et plus tard sur la sortie du confinement). Et il le fait après que toutes les oppositions l’avaient exigé : la droite, la gauche, mais aussi l’opposition interne à la République en Marche. Et c’est précisément cette opposition-là, cette fronde-là qui gênait le gouvernement…
Pourquoi ? Ils sont nombreux au sein de la majorité à être opposés à cette appli ?

Les habituels, les « usual suspects », comme on dit. Principalement l’aile gauche du parti, mais la faille s’élargissait à d’autres, et elle courait jusqu’au sommet de la macronie. Et s’il n’y avait pas eu vote, la majorité risquait de jolis remous politiques. En pleine recherche de concorde nationale, comme s’y attache Emmanuel Macron en ce moment, ça faisait un peu mauvais genre… Et puis, sur une question qui touche aux libertés fondamentales (comme celle de circuler, ou de protéger son anonymat), un vote démocratique, c’est quand même la moindre des choses…

Bon, il aura lieu, ce vote…Ça devrait clôturer le dossier ?

Oui, mais ça dépendra de l’étendue des possibilités qu’offrira l’appli StopCovid ; plus elles seront nombreuses (et potentiellement protectrices pour la santé), moins elles seront approuvées (parce que potentiellement menaçantes pour les libertés). C’est le dilemme classique entre sécurité et liberté. Quant à savoir si la faille au sein de la majorité se comblera ensuite, je pense que non, que le mouvement d’Emmanuel Macron est au contraire à la veille de quelques solides débats sur l’axe politique à suivre en sortie de confinement ? Plus à gauche, plus redistributif, plus business ? Dans ce domaine-là aussi, le déconfinement sera beaucoup plus compliqué que le confinement.