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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse au Front républicain qui se met en place avant le second tour des élections régionales.

Malgré ses premières déclarations, le candidat de la gauche en région Sud Paca a été obligé de se retirer avant le second tour des élections régionales pour faire barrage au Rassemblement national de Thierry Mariani.

Le "front républicain" n’est pas mort. Le front républicain, c’est ce principe en vertu duquel une liste se retire complètement du second tour d’une élection pour faire barrage à un parti extrémiste, en l’occurrence le Rassemblement national. Pendant la campagne pour les régionales, de nombreuses voix se sont élevées pour contester cette mécanique assez controversée : parce que, se retirer de la compétition électorale, c’est disparaître complètement pendant six années. C’est ce qui va à nouveau se passer pour la gauche en Paca où Renaud Muselier (qui a de bonnes chances de l’emporter) n’aura donc face à lui que le camp de Thierry Mariani.

C’est un système contesté, mais par qui ?

Par les partis les plus faibles, bien sûr, ceux qui justement doivent se faire harakiri au nom de ce fameux front républicain. La République en Marche, qui savait très bien qu’elle était mal implantée en région, a par exemple imaginé de procéder non pas à des retraits pour faire barrage aux extrêmes, mais à des fusions avec les listes les mieux placées, qu’elles soient de droite ou de gauche. Avantage, ça ne fait disparaître personne du paysage politique, et ça donne le petit coup de pouce de la victoire. Inconvénient, c’est de la tambouille entre partis. Et donc ça ne s’est pas fait…

Il y aura pourtant des fusions de listes avant le second tour, comme la gauche en Ile-de-France, en Bourgogne ou en Pays de la Loire.

Oui, mais là, il s’agit de fusions entre listes d’une même couleur politique. Ailleurs, les champions sortants (les Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse) ont tous verrouillé leur liste. Pas question de marchander avec la majorité d’Emmanuel Macron.

Il n’y aura donc qu’un seul exemple de front républicain, en Paca ?

Oui. Remarquez, il aurait pu y en avoir un autre. En Pays de la Loire, quatre listes pouvaient se disputer le second tour. Celles des Républicains, largement en tête, suivie de deux listes de gauche, puis en queue de peloton celle de la majorité présidentielle emmenée par François de Rugy. Les deux listes de gauche vont fusionner pour créer une puissante alliance Verts-France Insoumise-Parti socialiste. Ces trois-là ne sont d’accord sur rien, Matthieu Orphelin qui conduit la liste est un écolo tendance dure, allié à un parti, LFI, souvent présenté comme le pendant extrémiste du Rassemblement national. C’est François de Rugy qui détient la clef de l’élection : il va se maintenir, avec le risque de faire basculer une des régions les plus dynamiques de France aux mains d’une gauche très idéologue. Se retirer, de la part de la majorité présidentielle, plutôt centriste, ça aurait été redonner un sens à la stratégie du barrage face aux extrêmes. Ce front républicain-là, face à une certaine gauche, n’est pas encore né.