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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse aux élections régionales qui servent d'entrainement à la présidentielle de l'an prochain.

Le premier tour des élections régionales, dimanche, sera une sorte de cahier de brouillon avant la présidentielle de l’an prochain, selon Nicolas Beytout.

Oui, parce qu’à l’issue de ce scrutin, on aura un début de réponse à la plupart des questions qui vont déterminer les rapports de forces en 2022. La première grande question qui sera tranchée, c’est bien sûr : est-ce que le Rassemblement national peut franchir son plafond de verre.

Et remporter une ou plusieurs région(s) ?

Oui. Alors, ça ne voudra pas dire que Marine Le Pen sera automatiquement élue, mais que les déplacements de voix en faveur du RN (qu’elles viennent de gauche ou de droite) sont désormais suffisants pour décrocher le pouvoir. Et parmi les éléments qui peuvent ou pas rendre cet événement possible, il y aura le comportement des adversaires du Rassemblement national.

Par exemple Renaud Muselier en Paca ?

Oui, ce sera la deuxième grande question : comment faire barrage et arrêter cette force politique qui semble grossir inexorablement ? Faut-il mélanger les candidats de droite avec ceux d’En Marche ? Faut-il le faire avant le premier tour, comme ça s’est passé en Paca ? Les sondages sont peu enthousiasmants. Faut-il plutôt le faire entre les deux tours pour fusionner les listes, ou au contraire se retirer quand on n’est pas en mesure de gagner ?

Se retirer, c’est ce qu’on appelle le front républicain ?

Oui, vieille notion qui semble avoir pris brusquement un coup de vieux, parce que celui qui se retire du second tour, eh bien il disparaît du paysage politique pendant tout un mandat. Pas simple à assumer, l’idée que pour lutter contre un adversaire politique on doit s’effacer complètement. Et d’ailleurs, c’est la troisième grande question : au profit de qui se retirer ? C’est le dilemme de La République en Marche : faut-il se retirer en faveur d’une liste de droite mieux placée (ça pourrait être le cas de François de Rugy en Pays de la Loire), et dans ce cas donner un bon gros signal de droite à l’électorat Macron ? Ou faut-il se retirer en faveur d’une liste de gauche, et offrir une victoire au Parti socialiste (question que se posera en Bourgogne Franche-Comté) ? Pas un signal très simple à assumer, là non plus. En tout cas, ce choix dira beaucoup de la stratégie d’Emmanuel Macron vis-à-vis des autres partis.

Et vis-à-vis de ses adversaires potentiels à la présidentielle ?

C’est la quatrième grande question : est-ce qu’il fera retirer les listes de La République en Marche pour faciliter l’élection de Xavier Bertrand (ou de Valérie Pécresse), et dans ce cas-là contre quoi ? Comment essayera-t-il de monnayer ça ? Ou est-ce qu’il essaiera de leur faire mordre la poussière au risque de faire gagner le Rassemblement national, avec toutes les répercussions que cela aura. Dimanche et dans huit jours, c’est vraiment le début de la bataille présidentielle qui va se jouer.