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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la stratégie politique d'Emmanuel Macron qui se rendra dans le petit village de Saint-Cirq-Lapopie, dans le Lot.

Ce mercredi après-midi à Saint-Cirq-Lapopie, dans le Lot, Emmanuel Macron lance son nouveau tour de France.
Ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs que le Président de la République est reparti en campagne : objectif 2022. La réalité, c’est qu’il ne s’est jamais arrêté d’être en campagne, en tout cas depuis qu’il avait lancé l’initiative du Grand débat pour éteindre la colère des Gilets jaunes. Ça avait bien fonctionné, et le chef de l’État avait alors saisi tout l’intérêt qu’il y a à rencontrer les gens, à se déplacer à leur contact. Et à passer lui-même ses messages.

Emmanuel Macron a choisi de faire sa première étape dans un département à la "ruralité heureuse", comme il dit.

Saint-Cirq-Lapopie est un lieu "qui permet de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l’est pas". C’est clair ! Le choix c’est de parler à la France des campagnes, pas à celle des villes ; de s’appuyer sur la richesse de notre histoire, pas sur un futur idéalisé. Saint-Cirq, c’est un petit village, des vieilles pierres, des rues étroites et tortueuses, un site et des ruines de toute beauté qui nous replongent dans le passé. On est loin du Président de la "start-up nation". Alors, bien sûr, ce n’est que le début de l’opération tour de France

Il y aura donc d’autres épisodes, d’autres villes-étapes dont certaines symboliseront probablement à leur tour le futur.

Sûrement, oui. Mais Nicolas Beytout note qu’Emmanuel Macron a donné une longue interview à la presse régionale, il y a un mois dans laquelle il annonçait le déconfinement. Il note qu’il a accordé, il y a une semaine, un long-long entretien à la revue Zadig, en forme d’hymne à la France, à sa géographie et à ses différences. Pas aux entrepreneurs 2.0. Ceux-là, il les a conquis en 2017 avec son message sur la modernité. Est-ce qu’il les a conservés ? Oui, en partie. Il a 40% de bonnes opinions dans les sondages, ce qui est élevé à ce stade de son mandat, et à la différence de ses prédécesseurs, il peut encore déambuler dans les rues. Alors il s’attaque à séduire une autre France, moins "mondialisée", plus populaire celle-là.

Est-ce une bonne stratégie politique ?

En tout cas, c’est une stratégie qui vient de loin, puisque c’est la troisième fois (avec le centenaire de 14-18 et le Grand débat) qu’il parcourt le pays. Le risque, malgré tout, c’est que cette campagne ne finisse par changer les termes de l’affrontement avec l’adversaire qu’il privilégie (Marine Le Pen, bien sûr). Jusqu’à présent, le match se déroulait sur un mode binaire, chacun dans son camp : mondialiste contre souverainiste ; France ouverte contre France fermée, France rêvée contre France vécue. En plongeant dans le pays profond et en mettant l’accent sur la ruralité et la France éternelle, Emmanuel Macron quitte un peu son territoire de prédilection pour s’approcher de celui de la patronne du Rassemblement national. Le match va s’intensifier.