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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur la candidature d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle, qu'il tarde à annoncer.

Il reste 12 jours à Emmanuel Macron pour se déclarer officiellement candidat à sa propre succession.

Oui, cette annonce devra être faite au plus tard le vendredi 4 mars à 18 heures. Et ce qui apparaissait jusqu’ici comme le privilège du chef est peut-être en train de se retourner. Le privilège du chef, c’est la possibilité qu’a le chef de l’Etat de d’entrer en campagne le plus tard possible tout en continuant d’occuper le devant de l’actualité. Ce privilège, c’est ce que dans la macronie on décrit en disant complaisamment qu’Emmanuel Macron est "le maître des horloges". Ce privilège, c’est celui d’occuper le devant de la scène politique et de faire fructifier son avance dans les sondages pendant que les autres candidats se fatiguent et s’abîment entre eux en s’enlisant dans une campagne dont le favori reste absent. Depuis que cette stratégie d’une entrée en campagne tardive a été mise au point, il a toujours été prévu de révéler la candidature à la faveur d’un moment de calme relatif dans les obligations du Président. Une fenêtre dans l’agenda forcément un peu fou d’un chef de l’Etat, une sorte de pause à l’occasion de laquelle il devenait facile d’expliquer aux Français que, Président jusque-là, il pouvait alors basculer et devenir candidat. Bien sûr, le discours officiel c’est "il gouvernera jusqu’au dernier jour", mais la réalité est différente. Le Parlement arrête de siéger à la fin de la semaine, les ministres n’ont plus de dossier à pousser. L’action de l’exécutif se met en roue libre. La voie est dégagée pour une annonce de candidature…

… qui ne vient toujours pas…

En effet. L’Elysée recule à chaque fois l’échéance. On avait laissé entendre que ce pourrait être début puis vers la mi-février, puis entre le 15 et le 20. On a ensuite compris que ce devrait être cette semaine (avant le week-end). Et puis finalement, tout pourrait encore être décalé.

Ce serait donc une déclaration dans la dernière semaine possible pour le faire ?

Exactement. Et c’est là que le privilège du chef disparaît. Jusque-là, tout avait été parfaitement cadencé. Le carnet de chèque avait parfaitement fonctionné, chaque colère potentielle était étouffée dans l’œuf. Les chiffres du chômage continuaient à être exceptionnellement bons. Même le virus du Covid y avait mis du sien, le variant Omicron ayant eu le bon goût de frapper vite et fort de façon à donner au pays l’impression que l’épidémie pourrait ne plus être qu’un lointain souvenir au moment où Emmanuel Macron se déclarerait candidat et que la campagne électorale pourrai enfin son plein. Mais pas de chance, le dossier ukrainien est venu perturber tout ce bel agencement. La tension est telle, l’activité diplomatique si intense que le chef de l’Etat, qui plus est Président en exercice du Conseil européen, ne peut pas déblayer son agenda pour faire campagne. Le privilège du chef devient du coup la contrainte du chef.

Ce que vous racontez, c’est un peu la fable du lièvre et de la tortue…

C’est vrai, même si il n’y a pas de moment idéal pour se lancer dans la course à l’Elysée. Choisir l’instant est toujours un pari à très haute intensité. Nicolas Sarkozy par exemple, dernier Président sortant à s’être représenté, avait été obligé d’accélérer son entrée en campagne à cause de la dynamique déployée par François Hollande. Cette fois, Emmanuel Macron pourrait être contraint de se déclarer trop tard, avec le risque (durant ces 12 jours qu’il lui reste), de ne plus avoir le choix du moment, de ne plus pouvoir trouver la fenêtre de calme relatif qui lui permettrait, comme il l’espère depuis le début, de glisser doucement de sa position de Président à celle de candidat. Le maître des horloges, pour le moment, il s’appelle plutôt Vladimir Poutine.

Oui, cette annonce devra être faite au plus tard le vendredi 4 mars à 18 heures. Et ce qui apparaissait jusqu’ici comme le privilège du chef est peut-être en train de se retourner. Le privilège du chef, c’est la possibilité qu’a le chef de l’Etat de d’entrer en campagne le plus tard possible tout en continuant d’occuper le devant de l’actualité. Ce privilège, c’est ce que dans la macronie on décrit en disant complaisamment qu’Emmanuel Macron est « le maître des horloges ». Ce privilège, c’est celui d’occuper le devant de la scène politique et de faire fructifier son avance dans les sondages pendant que les autres candidats se fatiguent et s’abîment entre eux en s’enlisant dans une campagne dont le favori reste absent. Depuis que cette stratégie d’une entrée en campagne tardive a été mise au point, il a toujours été prévu de révéler la candidature à la faveur d’un moment de calme relatif dans les obligations du Président. Une fenêtre dans l’agenda forcément un peu fou d’un chef de l’Etat, une sorte de pause à l’occasion de laquelle il devenait facile d’expliquer aux Français que, Président jusque-là, il pouvait alors basculer et devenir candidat. Bien sûr, le discours officiel c’est « il gouvernera jusqu’au dernier jour », mais la réalité est différente. Le Parlement arrête de siéger à la fin de la semaine, les ministres n’ont plus de dossier à pousser. L’action de l’exécutif se met en roue libre. La voie est dégagée pour une annonce de candidature…