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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur les difficultés de la gauche à reconquérir le pouvoir alors que ce sont déroulées les universités d'été des différents partis ce week-end.

La gauche a fait sa rentrée politique ce week-end.

Ce sont les écolos d’Europe-Écologie les Verts, la France Insoumise et le PS qui ont tenu leurs Universités d’été ces derniers jours. Les socialistes à La Rochelle, lieu emblématique du parti dans ses années de puissance, et les deux autres (les Verts et les Insoumis) à Toulouse, la ville de Jaurès, (là aussi, on fait appel aux figures historiques de la gauche).

Ils étaient à Toulouse, au même moment ?

Oui mais pas ensemble. Chacun dans son coin. Alors bien sûr, il y a eu des visites de courtoisie, quelques discours des uns chez les autres, mais rien qui permette d’imaginer un rapprochement. Au contraire.
Il est vrai que ces deux forces politiques ont actuellement une dynamique radicalement différente. Or en politique, comme dans la vie des affaires d’ailleurs, dès qu’on parle rapprochement, c’est la question du leadership qui s’impose immédiatement. La France Insoumise traîne le souvenir de son piètre score aux élections européennes (6,3%) et Jean-Luc Mélenchon doute et fait douter de lui au sein même de son mouvement. A l’inverse, les écolos surfent sur la belle performance de Yannick Jadot aux mêmes européennes et ils se sentent pousser des ailes.

Et sur le plan des idées ?

Là non plus, pas de plate-forme commune. La France Insoumise, qui défend une ligne de gauche radicale, est ultra-critique sur la position actuelle de Yannick Jadot. Depuis quelques mois en effet, le leader des Verts a initié une sorte de prudent recentrage en reconnaissant que l’écologie et l’économie de marché pouvaient faire bon ménage. Autrement dit, que la solution aux problèmes climatiques et d’environnement passe aussi par les entreprises, et pas forcément par le refus de la croissance. Bon, tous les écolos ne sont pas encore convertis à cette ligne, mais on voit bien que cette position est irréconciliable avec la rupture avec le capitalisme que veut imposer le parti de Jean-Luc Mélenchon.
Bon, c’est assez classique : il y a d’un côté une gauche qui assume désormais de vouloir gouverner, et de l’autre une gauche de protestation.

Et les socialistes ? Ils étaient donc à La Rochelle ?

Oui, ou plutôt, une partie d’entre eux était à La Rochelle. Plusieurs anciens Premiers secrétaires étaient absents, plusieurs anciens Premiers ministres étaient absents, et leur tête de liste aux européennes, Raphaël Glucksmann, s’est fait sèchement recadrer après avoir carrément prôné la dissolution des anciens partis politiques, dont le PS… Ambiance.
En fait, la seule chose que semblent vraiment partager les socialistes, c’est l’idée que leur avenir sera écologiste ou ne sera pas.
Bon, c’est sûrement vrai, mais le problème, c’est que tout le monde se revendique de l’écologie. Emmanuel Macron a profité du G7 de Biarritz pour multiplier les messages sur l’environnement et démontrer sa vigilance sur l’état de la planète. Les incendies en Amazonie, le rejet du libre-échange avec le Mercosur, la proposition d’une taxation des multinationales, tout ce vocabulaire est celui de la gauche. Ce week-end, pendant que les différentes gauches tenaient leurs universités d’été, Emmanuel Macron parlait à leurs électeurs.

Et la droite, dans tout ça ?

Toujours en vacances et toujours ailleurs…