La France au bord de l’abîme

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Charles Giol , modifié à
Où en est la France en guerre le 18 juin 1940 ? Comment en est-on arrivé à une demande de cessez-le-feu ?

Armées en déroute, population civile déboussolée, classe politique divisée… La France du 18 juin 1940 est une nation en péril. Neuf mois après l’entrée en guerre face à l’Allemagne nazie, il n’a fallu que cinq semaines de combats pour conduire le pays dans cette situation tragique.

3 septembre 1939 : la France déclare la guerre à l’Allemagne

Le 1er septembre, les armées allemandes envahissent la Pologne. Face à cette énième provocation de l’impérialisme nazi, la France et son allié britannique, qui ont adopté pendant des années une illusoire politique d’appeasement, décident enfin de s’opposer à Hitler. Deux jours plus tard, à quelques heures d’intervalle, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Plus de quatre millions de Français sont mobilisés, et partent pour les frontières du Nord et de l’Est.

La "drôle de guerre"

Mais pendant huit mois, les soldats français ne voient rien venir. Car Hitler attend une fenêtre météorologique favorable pour lancer ses blindés et ses avions. C’est la « drôle de guerre », sans le moindre combat. Pour tromper l’ennui, les soldats jouent aux cartes ou au football. On leur fait même planter des rosiers autour des fortins de la ligne Maginot, cette puissante ligne fortifiée construite le long de la frontière allemande.

10 mai 1940 : l’Allemagne déclenche la Blitzkrieg

Mais quand Hitler donne finalement l’ordre d’attaquer, le 10 mai 1940, les Français sont prêts au combat, contrairement à l’idée reçue. Avec le renfort de leurs alliés belges et britanniques, ils alignent autant d’hommes que les Allemands. Ils disposent même d’autant de blindés que leurs adversaires.

C’est en réalité dans le domaine tactique que pêchent les armées françaises. Face à la vitesse des blindés allemands, soutenus par la Luftwaffe, nos généraux, qui prévoyaient une guerre de position, comme en 14-18, se révèlent incapables de réagir.

Dès le 15 mai, les Panzer réalisent une percée décisive dans les Ardennes. Au cours des jours suivants, ils s’engouffrent dans cette brèche et séparent en deux les armées alliées. Un million de soldats anglais et français sont pris au piège au bord de la mer du Nord ; 300.000 d’entre eux parviennent à s’embarquer tant bien que mal pour l’Angleterre, à Dunkerque, du 25 mai au 3 juin.

Au début du mois de juin, les armées allemandes lancent la bataille de France. Franchissant la ligne de défense française improvisée sur la Somme et sur l’Aisne, elles se mettent à déferler sur la moitié nord du pays.

Voici comment les actualités militaires de l’époque, avec une certaine dose de mauvaise foi, imposée par la censure, qui prônait le « bourrage de crâne », évoquaient au jour le jour la débâcle de nos armées, en mai et juin 1940.

Comme des millions de civils, le gouvernement fuit vers le Sud

Pour terroriser la population française, l’aviation allemande bombarde les villes. Et à partir de la fin du mois de mai, dans la moitié nord de la France, ce sont presque 10 millions de civils qui se mettent à fuir en direction de la Loire. Encombrant les routes, ils se retrouvent souvent bloqués, et sont vite rattrapés par la Wehrmacht. Cet exode dérisoire et inutile se révèle une véritable catastrophe humanitaire.

Le 10 juin, le gouvernement de Paul Reynaud, suivi par les parlementaires français, a également fui Paris. Le 14, au moment où les Allemands entrent dans la capitale, les ministres arrivent à Bordeaux, où de violents débats opposent au sein de la classe politique les partisans d’un armistice à ceux qui souhaitent poursuivre les combats. Lorsque le président du Conseil Paul Reynaud cède sa place au maréchal Pétain, le 16 juin au soir, c’est le parti de l’armistice qui l’emporte. Le 17, alors que l’ennemi atteint la Loire, Pétain demande à l’Allemagne les conditions d’un cessez-le-feu. A la radio, il demande aux Français de "cesser le combat ".