Zone de turbulences pour les drones de Parrot

Parrot souffre dans le domaine des drones grand public.
Parrot souffre dans le domaine des drones grand public. © Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Clément Lesaffre
Confronté à des résultats décevants en fin d'année, Parrot taille dans ses effectifs et revoit sa stratégie sur les drones grand public.

Coup d'arrêt pour Parrot. Le numéro 1 français du drone et acteur majeur sur la scène internationale fait face à des résultats plus mauvais qu'attendus. Le chiffre d'affaires au dernier trimestre 2016 est inférieur aux attentes de l'entreprise, la faute aux ventes de drones grand public, pas au niveau espéré. En conséquence, Parrot va amplement tailler dans ses effectifs.

Chiffre d'affaires insuffisant. Si le chiffre d'affaires de l'activité automobile de Parrot (équipement pour voitures connectées) est satisfaisant à 23 millions d'euros sur le dernier trimestre 2016, ce n'est pas le cas des drones. Le cœur d'activité de Parrot est en souffrance avec un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros : 11 millions pour le professionnel et 49 millions pour le grand public. Avec les objets connectés, le chiffre d'affaires global du 4ème trimestre 2016 s'élève à 85 millions d'euros, loin des 100 millions espérés il y a deux mois à peine. C'est aussi moins qu'au dernier trimestre 2015, quand le chiffre d'affaires atteignait 108,2 millions d'euros.

150 postes supprimés en France. Résultat, le pionnier français a annoncé son intention de supprimer 290 postes au sein de sa branche drones, qui compte 840 salariés - soit plus des trois quarts des 1.040 personnes employées par Parrot. Cette réduction de 30% des effectifs concerne les équipes affectées au développement, au marketing et au support des drones. En France, cela se traduit par "la suppression d'environ 150 postes", précise Parrot. En réaction à cette décision, l'action de l'entreprise à la Bourse de Paris plongeait de 17% mardi en fin de matinée.

Tassement des ventes grand public

Dans le détail, ce sont les drones grand public qui mettent Parrot dans le rouge. "La dynamique commerciale du 4ème trimestre dans les drones grand public n’a pu être atteinte qu’au prix de marges insuffisantes pour assurer une croissance rentable de cette activité à moyen et long terme", explique l'entreprise basée à Paris. "Parrot prend acte de l’évolution du marché des drones grand public et considère que la gestion de son développement sur ce segment passe par une adaptation de son offre dans un contexte de réduction des coûts", ajoute-t-elle. Cette "adaptation" se traduit par la volonté de la société de réduire son nombre de nouveaux produits afin de mieux concentrer l'innovation née de l'expérience du groupe.

Parrot Disco

Concurrence internationale. Parrot souffre également de la concurrence internationale sur le marché des drones de loisir, devenu très disputé en quelques années. Le Français - qui commercialise des drones depuis 2010 dans une gamme de prix allant de 119 euros (mini-drone) à 1299 euros - n'a pas profité des fêtes de fin d'année. L'aile volante Disco, lancée en septembre, n'a pas trouvé le public visé, à savoir les aficionados capables de dépenser 1300 euros pour un drone. La faute aussi aux concurrents qui investissent le marché français et n'hésitent pas à casser les prix. Principale menace : le chinois DJI, qui détient les deux tiers du marché mondial des drones de loisir.

L'avenir est dans les services aux professionnels

Les autres acteurs français du drone s'en sortent mieux car ils se concentrent principalement sur les drones à usage professionnel, un secteur qui continue de croître. Parrot est avant tout un constructeur d'engin alors que des entreprises comme Airinov (agriculture), Delair-Tech (industries), Terra Drone (cartographie) ou Flying Eye (prise de vue) ont centré leur activité sur les services associés. Soit ces entreprises fabriquent leurs propres drones selon leurs besoins, soit elles externalisent la production (Parrot fournit par exemple Airinov). Une stratégie qui fonctionne : Airinov a doublé son chiffre d'affaires en 2015 et continue de croître, Delair-Tech affiche une croissance à deux chiffres et ouvre des bureaux à l'international...

Priorité au domaine professionnel. Les services aux professionnels sont désormais plus valorisés que les drones en eux-mêmes. Cartographie des besoins énergétiques des plantations, analyse aérienne d'un bâtiment en construction, surveillance des voies ferrées, sécurité d'infrastructures sont des services de plus en plus prisés. Une étude du cabinet PwC estime que le marché du drone professionnel pèse aujourd'hui 120 milliards d'euros dans le monde. Parrot bénéficie d'ailleurs pleinement de ce marché en plein envol : "L’activité dans les drones professionnels (cartographique/monitoring, agriculture et inspection) a continué de se développer. L’offre de drones, de solutions et de services professionnels a été rationalisée et a continué de s’étoffer", indique l'entreprise.

10% de croissance en 2017. En dépit de ses mauvaises ventes de drones, Parrot n'est pas en danger dans l'immédiat puisque grâce à sa levée de fonds de 300 millions d'euros effectuée en 2015, l'entreprise conserve "une situation financière saine". Avec le "développement d'un positionnement original sur le segment grand public" et "une montée en puissance dans le segment professionnel", Parrot espère atteindre une croissance de 10% en 2017 dans les drones et l'automobile. Un objectif raisonnable alors que les 34% de croissance entre 2014 et 2015 semblent déjà bien loin.