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Romain David
Interrogée par Europe 1, Pascale Hébel, directrice de la consommation au Crédoc, estime que ce nouveau scandale va renforcer la tendance à la baisse en matière de consommation de viande rouge. 

De la viande avariée polonaise s'est retrouvée dans l'assiette de consommateurs français. Près de 800 kilos de viande issue d’animaux malades abattus en Pologne sont rentrés frauduleusement en France. 650 kilos ont pu être identifiés par les services du ministère de l'Agriculture, dont 500 kilos ont été détruits, et 150 autres kilos déjà vendus, vraisemblablement hors des circuits de la grande distribution, a fait savoir le ministère de l’Agriculture. De quoi générer les plus vives inquiétudes chez les consommateurs. 

De scandale en scandale. Pour Pascale Hébel, directrice de la consommation au Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), ce nouveau scandale sanitaire pourrait amplifier la défiance des Français à l'égard de la viande bovine, déjà au cœur de plusieurs polémiques ces dernières années. "On a diminué notre consommation de viande de bœuf depuis les années 1980, pour des raisons nutritionnelles. Avec la crise de la viande de cheval, on a eu une accentuation de cette baisse. Cette nouvelle crise va réaugmenter les peurs qui étaient déjà à leur paroxysme en 2016", pointe-t-elle au micro d’Europe 1.

La viande de bœuf, un produit sensible. "C’était déjà sur la viande que l’on avait les plus fortes inquiétudes", relève Pascale Hébel. "Il y a toujours eu, de tout temps, des problèmes sur la viande rouge. Dans les premiers abattoirs, il y avait des maladies. Ce sont des produits difficiles à maîtriser en termes de sécurité sanitaire", souligne-t-elle.

Alors que vient de s’ouvrir le procès des "lasagnes au cheval", portant sur 500 tonnes de viande de cheval vendues comme de la viande du bœuf, ce nouvel épisode pourrait augmenter les craintes, et donc les exigences du consommateur. "On est dans un contexte où l’on accumule tous les éléments qui font que les Français sont de plus en plus inquiets de ce qu’ils mangent", explique Pascale Hébel. "Le fait qu’il y ait encore un événement, et que ça touche des boucheries, […] va encore donner plus d'éléments aux consommateurs pour s'éloigner de ces produits-là", estime-t-elle. Des produits dont la consommation est déjà impactée aujourd’hui par d’autres facteurs, comme le bien-être animal, les critères de santé, ou encore l'écologie.