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Aurélien Fleurot et Benjamin Peter, édité par Anaïs Huet , modifié à
ENQUÊTE - Une étape est franchie. En France, les projets autour des véhicules autonomes se multiplient et devraient se concrétiser d'ici quelques mois, avec le soutien de l'État.

Les véhicules autonomes sont-ils fiables ? Et comment vont-ils s'intégrer dans la circulation ? En France, de nombreux projets vont voir le jour dans les mois qui viennent, signe d'une accélération technologique dans ce domaine.

Car désormais, on ne parle plus simplement de véhicule autonome, mais de véhicule autonome sans aucun conducteur à bord pour reprendre la main en cas d'urgence. Il y aura toujours une supervision, certes, mais à distance, et c'est là la grande nouveauté. Pour en arriver là, la France mène deux actions parallèles : d'abord en faisant évoluer notre cadre législatif, avec la loi Pacte, puis en investissant plus de 110 millions d'euros sur une quinzaine de projets, comme celui d'Easymile, une société basée à Toulouse, où Europe 1 s'est rendue.

Rouler dans un véhicule autonome, bientôt aussi usuel que monter dans un ascenseur ?

Dans cette navette, pas de volant, pas de pédale, juste une quinzaine de places, comme dans n'importe quel transport en commun. Tout autour, une profusion de capteurs pour localiser la navette dans l'espace, assurer la sécurité des passagers et de son environnement. "Si on simule un obstacle brutal, si on se jette devant elle, la navette pile", décrit Alexandra Marié, cheffe de projet chez Easymile. La navette est capable de repérer un passage piéton ou de déterminer la couleur d'un feu de signalisation.

Pour Benoit Perrin, cette sécurité est essentielle pour que les usagers acceptent de grimper dans un véhicule sans chauffeur. "Le mot-clé, c'est la progressivité. Sur des choses simples, aujourd'hui, on est prêt. Peu à peu, on sera sur des choses de plus en plus compliquées." À l'intérieur, on dépasse rarement 20 km/h, et on oublie vite que personne ne conduit. Pour Mathieu Petit, ingénieur, on va tous très vite s'y habituer. "J'aime comparer ce service aux ascenseurs dans les années 50. Les gens avaient peur de les prendre. Il y avait des grooms à l'intérieur pour habituer les gens. Maintenant, c'est complètement usuel de pouvoir monter dix étages en dix secondes", illustre-t-il. 

Des projets qui se multiplient

Des projets comme celui de Toulouse, il en existe une quinzaine un peu partout en France. Mercredi matin seront d'ailleurs présentées les navettes qui circuleront dans quelques semaines sur le plateau de Saclay, dans l'Essonne, sur des voies réservées. Près de l'aéroport de Nantes, un service de navettes va également arriver. Du coté de Montpellier, une start-up finalise son projet de livraison de colis par droïdes, des "robot-livreurs". Tous ces projets sont soutenus par l'État, qui a choisi deux consortiums pour les développer. On y trouve des constructeurs automobiles (Renault, PSA), des équipementiers comme Valéo, mais aussi des collectivités et des opérateurs de transport en commun.

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Repenser les infrastructures urbaines

C'est d'ailleurs principalement pour les transports en commun que l'on verra ce type de navettes circuler, car elles seront utiles sur les trajets courts : aller à la gare, chez le médecin ou faire quelques courses dans les zones rurales ou périurbaines. Ensuite, direction les centre-villes. Mathieu Dunant est directeur de l'innovation à la RATP, et pilote trois projets, dont un totalement inédit : l'insertion de navettes autonomes dans le pire trafic de France, en plein Paris. Forcément, cela nécessite quelques adaptations. "C'est l'ensemble de l'écosystème urbain qu'on s'attache à étudier avec cette expérimentation. On parle beaucoup de feux rouges et de carrefours connectés. C'est quelque chose que l'on va expérimenter à cette occasion", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Toutefois, si vous voulez lire sur la banquette arrière en roulant, ce ne sera pas avant 2030, selon les constructeurs. Mais là aussi, de gros progrès sont déjà réalisés. PSA et Renault sont notamment en train de mener des tests sur des tronçons d'autoroute. La technologie fonctionne, mais il reste à évaluer à quelle vitesse elles seront autorisées à rouler.