Un grand patron anglais gagne 183 fois plus qu’un employé

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BIG MONEY - Alors que les rémunérations progressent lentement outre-Manche, celles des PDG ne cessent de grimper.

Dans les grandes entreprises, le PDG gagne toujours substantiellement plus que l’employé lambda. Sauf que l’écart entre le bas et le haut de la pyramide ne cesse de se creuser outre-Manche, à en croire le dernier rapport du centre d'études High Pay Centre publié lundi : en 2014, le patron d’une des cent plus grosses entreprises cotées outre-Manche gagnait 183 fois la rémunération moyenne. Soit presque 5 millions de livres de moyenne par an (7 millions d’euros), là où le salaire moyen d’un employé anglais était de 27.195 livres (38.345 euros). Et ce fossé ne cesse de grandir, comme le montre cette infographie.

Un écart qui se creuse aussi au sein des grandes entreprises. Les employés des plus grandes entreprises cotées, qui gagnent en général mieux leur vie que la moyenne, connaissent le même sort. Alors qu’un PDG gagnait 47 fois le salaire moyen de ses employés en 1998, ce ratio est passé à 139/1  en 2011, puis 146/1 en 2013 et 148/1 en 2014.

"Au-delà de ce qui est raisonnable". "Les rémunérations de cette taille vont bien au-delà de ce qui est raisonnable ou nécessaire pour récompenser ou encourager les dirigeants", a estimé Deborah Hargreaves, directrice du centre d'études interrogée par l'AFP.

"L'inégalité a atteint des niveaux stratosphériques", a réagi Frances O'Grady, la secrétaire générale de la confédération syndicale TUC. "Après des années de chute du niveau de vie, c'est une honte que les dirigeants d'entreprises s'arrogent une part toujours plus importante des fruits de la croissance. Nous avons besoin d'une reprise qui bénéficie au plus grand nombre et pas seulement à quelques-uns", a-t-elle ajouté.

Des outils pour limiter les abus existent pourtant. Du côté de la Confédération des industries britanniques (CBI), on estime que "les rémunérations élevées ne sont justifiées que par des performances exceptionnelles et il doit toujours y avoir un lien clair entre les deux". Des performances difficiles à évaluer lorsqu’on sait que la très bonne tenue des cours boursiers est en partie liée à un rattrapage boursier post-2008 et à un afflux de liquidité venant des banques centrales.

Et le représentant du patronat britannique d’ajouter que "les actionnaires ont désormais le droit de voter sur les politiques de paie des entreprises et il est important qu'ils se servent efficacement de ce droit". Des outils existent en effet, notamment le dispositif de "say-on-pay", qui oblige une entreprise à obtenir l’avis des actionnaires à propos de la rémunération des dirigeants. Sauf que cet avis n’est que consultatif et que la direction de l’entreprise n’est pas obligée de le respecter : ce fut notamment le cas l’année dernière avec le patron du géant de la publicité WPP, qui a empoché 59 millions d’euros malgré l’opposition des actionnaires. En 2014, seuls deux vetos des actionnaires ont été suivi d’effets : chez le groupe de luxe Burberry et le groupe de certification Intertek.