Les Français devraient bénéficier à la mi-décembre d'un "bonus" pour faire réparer leurs appareils électriques et électroniques. 1:20
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Aurélien Fleurot avec AFP , modifié à
Les Français devraient bénéficier à la mi-décembre d'un "bonus" pour faire réparer leurs appareils électriques et électroniques, un coup de pouce inédit pour allonger la durée de vie des équipements et réduire les déchets. Ce fonds réparation, prévu par la loi économie circulaire de début 2020, entrera en vigueur le 15 décembre.

De 10 euros pour une bouilloire ou un grille-pain à 45 euros pour un ordinateur : les Français devraient bénéficier à la mi-décembre d'un "bonus" pour faire réparer leurs appareils électriques et électroniques, un coup de pouce inédit pour allonger la durée de vie des équipements et réduire les déchets. Ce fonds réparation, prévu par la loi économie circulaire de début 2020, entrera en vigueur le 15 décembre, avec une première série d'appareils concernés, suivie d'autres catégories d'équipements à partir de 2024.

500 réparateurs agréés

Doté de 410 millions d'euros pour six ans, son financement est assuré par les industriels, via les éco-organismes chargés de gérer la fin de vie des appareils. Dès la mi-décembre, les particuliers pourront se rendre chez l'un des 500 premiers réparateurs agréés (labellisés "QualiRépar"), et profiter d'une ristourne forfaitaire sur leur drone ou leur hotte en panne.

Parmi la trentaine de types d'appareils éligibles : machine à café à filtre, fer à repasser (10 euros), aspirateur, perceuse/visseuse, lecteur DVD, home cinéma, instrument de musique, vélo, trottinette (15 euros), console de jeux, enceinte (20 euros), cave à vin, lave-linge, réfrigérateur/congélateur, tablette, téléphone portable (25 euros), téléviseur, vidéoprojecteur (30 euros).

L'année 2024 s'ouvrira aux friteuses, imprimantes, robots culinaires et autres fours à micro-ondes. En 2025, seront inclus climatiseurs mobiles, sèche-cheveux, ventilateurs... (www.ecosystem.eco/label-qualirepar). Seront exclus les produits sous garantie (légale, commerciale, ou via une assurance).

"Ce bonus répond à une logique de pouvoir d'achat"

"Ce bonus répond à une logique de pouvoir d'achat, pour réduire le coût de la réparation", explique Nathalie Yserd, directrice générale d'Ecosystem, qui gère ce fonds avec un autre éco-organisme, Ecologic. "Tout ce qui contribue à accroître la durée de vie des produits profite à l'environnement, en évitant de reponctionner dans les ressources naturelles", ajoute-t-elle, abordant cependant "avec humilité" un dispositif "précurseur en Europe".

Aujourd'hui, on estime à 10 millions le nombre de réparations réalisées chaque année en France, où circulent environ 1,5 milliard d'équipements électriques et électroniques. Objectif : accroître ce volume de réparations de 20%. "Tous les coups de pouce pouvant aider à la réparation sont favorables", souligne Alice Elfassi, responsable juridique de Zero Waste France, qui juge cependant ce montant "bien inférieur à ce qui était espéré".

Cela suffira-t-il à convaincre le consommateur ?

L'ONG, avec les Amis de la Terre, a déposé devant le Conseil d'État un recours en annulation du décret de création du fonds. Les associations déplorent une réduction de moitié de l'enveloppe financière, au terme d'intenses discussions entre les parties : l'État a réduit de 20% à 10% le taux plancher de prise en charge des réparations. Selon les deux éco-organismes, les forfaits devraient correspondre à environ 20% du coût moyen de réparation.

Cela suffira-t-il à convaincre le consommateur, d'abord motivé, selon une enquête de l'Ademe, par le prix, puis par le sérieux du réparateur ? "Le seuil psychologique au-dessus duquel il préfèrera racheter un objet neuf est estimé entre 25-30%. L'objectif est donc de s'en approcher", souligne Nathalie Yserd.

Le nombre de réparateurs agréés doit aussi être étendu : 1.500 sont espérés à l'horizon 2023, et 10.000 pour 2027, avec tous les types représentés (indépendants, SAV fabricants, SAV distributeurs). Pour obtenir le label QualiRépar, accordé pour trois ans, tous devront avoir déposé leur candidature auprès d'un organisme certificateur (Bureau Veritas, SGS ou AFNOR), et répondu à un référentiel (compétences, transparence des prix..).

Un "indice de réparabilité" progressivement mis en place

Parmi les premiers agréés, la Maison chartraine, qui vend et répare de l'électroménager près de Chartres. Sa gérante Emilie Lecuyer espère que ce bonus "aidera la démarche de la réparation" : "il faut arrêter de gaspiller ! Je préfère faire durer 5 ans de plus, et si le client est content, dans 5 ans il achètera chez moi. Les gens ont besoin d'être accompagnés, cela ramène de l'humain, du savoir-faire". Et même si certains appareils ne sont pas dévissables, ou sont moulés d'une seule pièce, "des marques permettent toujours la réparation", note-t-elle.

Un "indice de réparabilité" est ainsi progressivement mis en place en France sur certains équipements, pour aider le consommateur dans son choix au moment de l'achat.