Smic, prix du gaz, prélèvement à la source, automobile... ce qui change au 1er janvier

Le 1er janvier verra la mise en place du prélèvement à la source, une vraie révolution dans le monde des impôts.
Le 1er janvier verra la mise en place du prélèvement à la source, une vraie révolution dans le monde des impôts. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Salomé Hénon--Cohin avec AFP , modifié à
Comme chaque année, le 1er janvier est une date clé qui voit de nombreux régimes sociaux et secteurs de l'économie évoluer. L'année 2019 n'échappe pas à la règle, avec notamment les annonces faites par Emmanuel Macron début décembre pour répondre à la crise des gilets jaunes.

Votées la veille de la traditionnelle trêve parlementaire par l'Assemblée nationale, les mesures promises par le président de la République entreront en vigueur, pour la plupart d'entre elles, le 1er janvier. D'autres "mesures d'urgence", votées auparavant, les accompagneront. Ces changements sont également à mettre en relation avec le taux d'inflation, qui devrait atteindre les 1,5-1,7% en 2019 selon la Banque de France. Retour sur ce qui va changer pour la nouvelle année.

Revenus et salaires 

Comme annoncé par le gouvernement, le Smic horaire passera de 9,88 euros à 10,03 euros brut de l'heure, soit une hausse de 1,5%. Sur un mois, les 35 heures passent à 1.204 euros nets par mois. 

A cela va s'ajouter la hausse de la prime d'activité pour les travailleurs ayant des revenus proches du Smic (entre 0,8 et 1,5 Smic ). Celle-ci augmentera de 90 euros par mois, ce qui, mis en relation avec la hausse effective du salaire minimum, permettra à cinq millions de ménages de bénéficier d'une hausse nette de leurs revenus mensuels d'environ 100 euros. La demande sera par ailleurs à effectuer sur le site de la Caisse d'Allocations Familiales (CAF), qui versera cette prime à partir du 5 février.

Autre annonce du président : les heures supplémentaires seront exonérées de cotisations sociales et d'impôt sur le revenu jusqu'à 5.000 euros nets par an. Tous les salariés, fonctionnaires compris, pourront en bénéficier. Selon un calcul du gouvernement, cela pourrait représenter une hausse de 500 euros par an pour un salarié payé 1.500 euros par mois.

Pour les retraités

Une hausse nette de 0,3% du montant des retraites de base prendra effet au premier janvier, toutefois bien moindre à l'inflation pour l'année. Cette sous-indexation concerne aussi certains régimes complémentaires (travailleurs indépendants, salariés du BTP, contractuels de la fonction publique), ainsi que les pensions d'invalidité et les prestations pour accident du travail ou maladie professionnelle.

Pour le secteur privé, les cotisations de retraites des salariés augmenteront légèrement. Ces derniers seront par ailleurs incités à travailler plus longtemps, jusqu'à 63 ans, via un nouveau système de "bonus-malus".

Pour cinq millions de retraités, la CSG baissera. Leur taux de prélèvement passera en effet de 8,3 à 6,6%. Cette annonce de dernière minute du gouvernement pourrait prendre plusieurs mois à être mise en place et les bénéficiaires seront remboursés rétroactivement. Elle s'appliquera aux retraités dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 22.580 euros par an, ou 34.636 euros pour un couple.

Enfin, le minimum vieillesse augmentera lui aussi, comme précisé par le gouvernement, passant à 868,20 euros par mois, et 1.347,88 euros pour un couple.

Les prix de l'énergie

Les tarifs du gaz baisseront significativement de près de 2%.

De son côté, le chèque énergie augmentera de 50 euros. Il touchera ainsi 5,8 millions de ménages et les aidera à payer leurs factures d'énergie ou des travaux de rénovation énergétique.

Prélèvement à la source et taxe d'habitation

A partir de fin janvier, 38 millions de foyers fiscaux verront leur feuille de paye changer du tout au tout : avec l'entrée en vigueur du prélèvement à la source. Les taux prélevés directement sur le salaire ont été annoncés en avril-mai dernier. Les salariés verront leur employeur effectuer la démarche de prélèvement de l'impôt, qui apparaîtra directement sur la feuille de paye, comme les cotisations sociales.

Pour les retraités, autre système : ce sont les caisses de retraite qui effectueront ces prélèvements.

Les travailleurs indépendants, quant à eux, verseront un acompte mensuel ou trimestriel, calculé en fonction des revenus des mois précédents, et ajustés selon leurs revenus effectifs. Le site cbanque explique que "le montant de l'impôt sur le revenu restera le même pour chaque ménage, mais la perception se fera tout au long de l'année, au lieu d'un paiement en une fois, en trois fois, ou 10 mois sur 12 en cas de mensualisation."

2018 sera donc une "année blanche", aucun impôt sur le revenu de cette année précise ne sera empoché par l'Etat. Une conséquence collatérale qui permettra aux ménages de ne pas être imposés deux fois la même année.

Cette année, le montant de la taxe d’habitation a diminué de 30% pour 22 millions de ménages. Mais le décalage temporel (une baisse sur un impôt à régler d’un coup ne produit pas le même effet qu’une hausse du revenu net) n’a pas eu l’effet escompté sur le pouvoir d’achat, malgré une lettre écrite par Gérald Darmanin aux contribuables au moment de la campagne de prélèvement. La mesure devrait être plus perceptible en 2019, avec une nouvelle baisse de 30%, avant la suppression totale en 2020.

Formation et apprentissage 

Dans le secteur des formations, les personnes ayant un compte personnel verront celui-ci alimenté en euros et plus en heures. Cela sera équivalent à environ 500 euros par an (800 euros pour les peu qualifiés et handicapés) dans la limite de 5.000 euros (8.000 euros). Les heures déjà acquises, quant à elles, seront converties au taux de 15 euros.

La réforme de l'apprentissage sera également mise en place. De nombreux changements, dans le but d'encourager les étudiants à choisir cette voie, verront le jour : l'âge minimum passe de 26 à 29 ans ; la durée de travail des apprentis est assouplie ; une aide unique va être créée pour soutenir les entreprises de moins de 250 salariés et enfin, une aide au permis de conduire de 500 euros permettra aux jeunes de le passer pendant leur apprentissage.

Santé et environnement 

Le prix de vente des prothèses auditives sera plafonné à 1.300 euros. Le remboursement minimum par la Sécu et les mutuelles passera de 199,71 à 300 euros. Pour les enfants jusqu'à 20 ans révolus, ces deux montant seront alignés à 1.400 euros.

Pour les fumeurs, le forfait d'aide au sevrage tabagique, qui atteignait 150 euros, sera supprimé dans le but d'inciter à l'usage des traitements remboursables. De plus, les substituts à la nicotine seront prescrits sur ordonnance.

De plus, l'Assurance maladie remboursera 6 euros de moins pour certains actes médicaux coûteux, pour lesquels la "participation forfaitaire" de l'assuré passera de 18 à 24 euros. Selon le gouvernement, ce déremboursement partiel vise à "mettre en cohérence" la prise en charge par la Sécu avec un autre décret de 2011, qui avait relevé le seuil d'application de la "participation forfaitaire" de 91 euros à 120 euros.

L'achat, l'usage et le stockage de produits phytopharmaceutiques (pesticides de synthèse) seront interdits aux particuliers et jardiniers amateurs. Les produits pourront même être récupérés pour retraitement par les filières de recyclage spécialisées.

Budget automobile

De nombreuses mesures dans le domaine automobile annoncées en début d'année par le gouvernement ont été repoussées ou supprimées pour répondre aux demandes des "gilets jaunes". La hausse de la taxe carburant a été annulée et le contrôle technique spécifique aux véhicules diesel polluants, repoussé à dans six mois.

La prime à la conversion sera doublée, passant ainsi de 2.000 à 4.000 euros pour les salariés qui ne paient pas d'impôts et parcourent plus de 60 kilomètres aller-retour pour se rendre sur leur lieu de travail. Le malus pour les voitures polluantes sera également durci.

Un coup de pouce sera donné aux jeunes conducteurs. Ils pourront effectuer sept heures de conduite en plus, après avoir obtenu leur permis, pour réduire d'un an la durée de leur permis probatoire, passant de 3 à 2 ans. Pour les jeunes ayant bénéficié de la conduite accompagnée, cela passera de 2 ans à 1 an et demi.

Enfin, les prix des péages autoroutiers augmenteront de 1,9% selon les sociétés d'autoroute, un prix qui devrait être amorti par la hausse de l'inflation.

Promotions 

Les promotions sur les produits alimentaires dans la grande distribution ne pourront pas excéder 34% du prix de vente au consommateur. De facto, les promotions du type "un acheté, un gratuit" seront interdites au profit des "deux achetés, un gratuit". Cela est mis en place dans le but de rééquilibrer le rapport de forces entre producteurs et distributeurs et lutter contre la guerre des prix, accusée de tuer les agriculteurs.