Réforme de l'orthographe : la guerre de l'accent circonflexe est relancée

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#JESUISCIRCONFLEXE - De nombreuses voix se font entendre contre la réforme de l'orthographe, qui supprime l'accent circonflexe dans certain cas. 

La modernisation de la langue française va franchir un cap. La réforme de l'orthographe, appelée "orthographe rectifiée", va faire son apparition dans les nouveaux manuels scolaires. Concoctée en 1990 et validée à l'époque par l'Académie française, ainsi qu'en Belgique, au Québec ou en Suisse (où elle est d'ailleurs déjà appliquée), elle n'a qu'un caractère facultatif. Mais en novembre 2015, le Bulletin officiel sur les nouveaux programmes d'enseignement à l'école l'érige en "référence" pour les manuels scolaires, qui devraient ainsi l'intégrer à la rentrée prochaine, selon TF1.

Les principaux changements. Au total, 2.300 mots vont changer. Concrètement, cette réforme permet de retirer l'accent circonflexe à certains mots pour lesquels il n'y a pas de risque d'entraîner de double sens : "s'entraîner" pourra ainsi s'écrire avec un "i" ou avec un "î", "coût" avec ou sans accent. "Mûr", "dû" ou "jeûne" conservent en revanche leur accent. 

Les traits d'union et les "ph" sont aussi dans le viseur de cette réforme. En clair, on peut écrire "picnic", "weekend" ou "nénufar". L'"oignon" peut aussi s'écrire sans son "i". 

Levée de boucliers. La nouvelle de la mise en application concrète de la réforme a revivifié les partisans du statut-quo de l’orthographe. Sur Twitter, les réactions sont innombrables, notamment au travers des hashtags #JeSuisCirconflexe ou #ReformeOrthographe. Voici une liste non exhaustive des tweets qui s'y partagent :

La réforme a aussi des partisans. Discrets pour le moment, les partisans de la réforme, en 1990, étaient eux aussi très nombreux. Dix linguistes avaient par exemple publié un "manifeste" dans le journal Le Monde. "Les Français n’ont donc pas à rougir de leur orthographe, qui est dans l’ensemble régulière et plus cohérente qu’on ne le croit; mais ils risquent de souffrir d’avoir cessé de la moderniser", pouvait-on lire par exemple. "Vouloir conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat implique qu’on s’interroge sur l’écart qui se creuse entre les français écrit et parlé, sur une norme devenue en certains points impraticable, et non transmissible au cours d’études raisonnables", poursuivaient les linguistes.

Et de conclure : "Savoir lire et écrire, posséder pleinement les possibilités de cet instrument incomparable qu’est l’écriture, est un droit civique, et l’accès à la culture écrite un droit des citoyens. […] Sera-t-elle encore en français demain, cette culture, si nous n’assurons pas à l’ensemble de la nation la transmission, la pratique et la connaissance satisfaisantes de l’instrument forgé? Son apprentissage, par le déclin d’une norme désuète, ne risque-t-il pas de décourager nos partenaires européens? L’immobilisme est un handicap pour le développement de la francophonie".