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, Clément Lesaffre avec AFP , modifié à
Air France-KLM a annoncé mardi un plan de mesures de renforcement de son capital, avec notamment une opération de 4 milliards d'euros de l'Etat français pour recapitaliser la compagnie, approuvée par la Commission européenne. En échange, Air France va devoir notamment céder 18 créneaux horaires à l'aéroport d'Orly.

La Commission européenne a approuvé mardi un projet de l'Etat français d'accorder jusqu'à 4 milliards d'euros d'aide à Air France, pour recapitaliser la compagnie aérienne mise à terre par la pandémie et l'effondrement du trafic passagers. En contrepartie de cette aide, "Air France s'est engagée à mettre à disposition des créneaux horaires à l'aéroport saturé de Paris Orly, où (elle) détient une puissance significative sur le marché. Ces dispositions donnent aux transporteurs concurrents la possibilité d'étendre leurs activités dans cet aéroport", a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, pour justifier son feu vert, dans un communiqué.

18 créneaux pour d'autres compagnies

Au total, 18 créneaux seront cédés à d'autres compagnies, a annoncé le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. Air France détient actuellement 300 créneaux quotidiens, soit une belle majorité du planning de l’aéroport, grâce auxquels elle peut effectuer 125.000 vols par an. Une cession de créneaux inadmissible pour les syndicats : "C’est ce qu’on a de plus précieux, on se tire une balle dans le pied", s’étrangle la section CGT d’Air France. "Bruxelles demandait 24 créneaux. C’était trop, ça aurait affaibli Air France et ça aurait été contre-productif. On a bien négocié", assure en revanche à Europe 1 le cabinet de Bruno Le Maire.

L'Etat français sera autorisé à monter à "un peu moins de 30%" du capital d'Air France, contre 14,9% aujourd'hui, dans le cadre de ce plan, a aussi précisé le ministre de l'économie. C'est le niveau le plus élevé depuis la fusion avec KLM en 2004. La France détenait alors 44% du capital avant de descendre à 23%, puis 18% en 2005 lors d'une ouverture d'actions au salariés. 

La recapitalisation d'Air France prévoit "la conversion du prêt d'État de 3 milliards d'euros déjà accordé par la France en un instrument de capital hybride" ainsi qu'une "injection de capital par l'État" via une augmentation de capital "ouverte aux actionnaires existants et au marché", dans la limite d'un milliard d'euros, a expliqué la Commission européenne dans son communiqué.

Des limitations

Le plan est assorti de limitations. L'injection de capital par l'Etat français "ne dépassera pas le minimum nécessaire pour garantir la viabilité d'Air France et de sa holding et pour rétablir la situation de fonds propres qui était la sienne avant la pandémie de Covid-19", a souligné l'exécutif européen.

Par ailleurs, l'Etat français "recevra une rémunération appropriée pour l'investissement, et des mécanismes supplémentaires ont été mis en place pour inciter Air France et sa holding à racheter la prise de participation de l'Etat résultant de la recapitalisation". L'Etat français devra présenter un plan pour réduire sa participation au capital. "Tant que la recapitalisation n'est pas remboursée à 100%, Air France et sa holding sont soumis à une interdiction de dividendes", a également souligné la Commission. KLM, le partenaire néerlandais au sein du groupe Air France-KLM, ne bénéficiera pas de l'aide, selon la Commission.

Air France-KLM a annoncé mardi prévoir une perte d'exploitation de 1,3 milliard d'euros au premier trimestre 2021. Son directeur général Benjamin Smith a jugé que l'aide publique lui apportera "une plus grande stabilité pour aller de l'avant lorsque la reprise commencera". L'entreprise dit disposer "d'une solide liquidité et de lignes de crédit de 8,8 milliards d'euros au 28 février 2021", et prévoit "toujours une reprise significative de la demande" cette année.