Quel statut pour les cheminots de demain ?

24.03.Train ferroviaire SNCF controleur.ALAIN JOCARD  AFP.1280.640
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SOCIAL - La SNCF ouvre jeudi une négociation sur l’organisation du temps de travail, dont les résultats vont influer sur tout le secteur.

L’agenda social est des plus chargés en ce printemps 2015 : en plus du projet de loi El Khomri, un autre grand chantier s’ouvre jeudi : la renégociation de l’accord d’entreprise au sein de la SNCF. Les organisations syndicales sont conviées en début d’après-midi par la direction pour revoir l’organisation du temps de travail et le statut des cheminots. Une réécriture de l’accord d’entreprise d’autant plus centrale que ce document servira de référence pour tout le secteur ferroviaire : en effet, les futurs concurrents de la SNCF sont également en train de négocier le statut des cheminots du privé.

Que souhaite la direction de la SNCF ? Le président du groupe ferroviaire ne l’a jamais caché : il souhaite renégocier "la façon de faire les 35 heures" et "remettre à plat l'organisation du travail". Il n’est pas question de revenir sur la durée hebdomadaire de travail, mais de faire en sorte que ces 35 heures soient pleinement travaillées en fonction des besoins. Car la gestion du temps de travail au sein de la SNCF fait l’objet d’un texte d’une cinquantaine de pages que la direction juge trop détaillée et pas assez flexible : le RH0077. Un document que la direction souhaite réécrire.

L’objectif de ce nouvel accord d’entreprise est évidemment de "faire baisser les coûts" au moment où sa santé financière se détériore. Car la SNCF le sait, l’arrivée de la concurrence risque de lui faire perdre des parts de marché.

Quels changements les syndicats sont-ils prêts à accepter ? Les cheminots souhaitent défendre des conditions de travail "de haut niveau" et ont déjà organisé une journée de grève le 9 mars dernier pour montrer leur détermination. Et ils brandissent la menace d’un nouveau mouvement social le 31 mars.

Sur la défensive, les syndicats sont néanmoins prêts à négocier, à condition que les reculs concédés soient compensés par des contreparties. Ainsi, la CGT "espère améliorer les conditions de vie et de travail des cheminots", a expliqué à l'AFP Josselyn Portalier (CGT) en citant l'exemple du travail de nuit.

Un débat stratégique pour le reste du secteur. Les organisations syndicales savent qu’elles jouent gros : l’accord conclu au sein de la SNCF va grandement influencer l’accord de branche qui se négocie en ce moment et régulera tout le secteur. Or, avec l’ouverture à la concurrence en 2026, certains risquent d’être débauchés par les futurs concurrents de la SNCF. Mais ces derniers sont également très vigilants et font pression dans le sens inverse : l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) estime qu’aucun acteur privé ne pourra être rentable si ses employés bénéficient du même statut qu’à la SCNF. Ces nouveaux accords d’entreprise et de branche doivent être trouvés d’ici le mois de juillet.