Que font les salariés de leur participation ?

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Un salarié. © PHILIPPE MERLE / AFP
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Olivier Samain avec N. M. , modifié à
CONSO - 60% des salariés sont des "fourmis" et optent pour un blocage de leur participation pendant 5 ans. 
ENQUÊTE EUROPE 1

Ils sont 7 millions à avoir reçu leurs avis de participation et d'intéressement ces dernières semaines et ont dû formuler leur choix. Chez ces salariés du privé, on se demande désormais que faire de ces sommes. En 2014, 3,5 milliards d'euros en intéressement et 3,6 milliards d'euros en participation ont été épargnés. Faut-ils les percevoir tout de suite ? Les bloquer pendant 5 ans sur un plan d'épargne d'entreprise ? Et si oui, sur des supports risqués ou sécurisés ? Europe 1 a enquêté pour les choix qui sont faits.

Les fourmis toujours majoritaires... Il y a un ratio qui ne bouge pas cette année encore, celui du 60-40. Ainsi, 60% des salariés sont des "fourmis" en optant pour le blocage de 5 ans. Et 40% sont des "cigales", ils préfèrent toucher l'argent tout de suite même s'il leur faut payer l'impôt sur le revenu sur la somme qu'ils reçoivent.

… et plus prudentes qu'avant. Mais l'élément nouveau, c'est que les "fourmis" sont un peu plus prudentes depuis trois années. Ces salariés complètent leur participation et leur intéressement par des versements volontaires à d'autres moments de l'année. Ils sont même plus nombreux à effectuer des prélèvements mensuels sur leur salaire pour abonder leur plan d'épargne entreprise. Le Perco (plan d'épargne pour la retraite collectif), quand il y en a un, peut aussi bénéficier de ces versements.

Inquiétude sur les retraites. À quoi tient cet effort d'épargne supplémentaire ? Selon Patrick Alaguero de Natixis Interépargne, il est dû à l'inquiétude sur le financement des retraites. "Les négociations en cours sur les retraites complémentaires ne sont pas là pour rassurer les salariés". Par conséquent, "on voit cette année une accentuation de l'utilisation notamment du Perco", avance ce spécialiste.

Des placements en actions. Les salariés "fourmis" font le choix de la sécurité en plaçant leur participation et leur intéressement sur des supports monétaires.  Alors qu'ils attirent encore aujourd'hui la moitié des sommes investies, ils ne rapportent quasiment plus rien. D'où un intérêt grandissant, depuis deux ou trois ans, pour les supports diversifiés, avec par exemple une part en obligations et une part en actions. À la clef, c'est plus de risques mais ça rapporte plus.

 

La loi Macron va harmoniser participation et intéressement. Le ratio de 60-40 qui est, depuis plusieurs années, stable pourrait changer dans l'avenir en faveur des "fourmis". La loi sur la croissance du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, envisage en effet de modifier les règles de l'épargne salariale. Aujourd'hui, si un salarié n'exprime pas son choix lorsqu'il reçoit son avis, sa participation est bloquée automatiquement et son intéressement est versé. Si les dispositions de la loi Macron sont retenues, l'intéressement, tout comme la participation, sera par défaut épargné. Mais jusqu'au 31 décembre 2017, les salariés disposeraient pendant trois mois d'une droit de rétractation.