Pour l'Union européenne, le nucléaire est-il une énergie "propre" ou "sale" ?

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La considération du nucléaire comme une énergie "propre" ou "sale" a fait l'objet d'une bataille acharnée au sein de l'Union européenne. Et pour contenter l'Allemagne, le gaz est également considéré comme une énergie propre, comme le raconte notre chroniqueur économique Axel de Tarlé, jeudi matin.
ANALYSE

L'énergie nucléaire est-elle une énergie "propre" ou une énergie "sale" ? Lundi, les négociateurs du Parlement européen et des États membres ont estimé que le nucléaire n'était pas formellement exclu du "label vert", auquel le charbon ne peut définitivement pas prétendre. L'enjeu autour de cette question est important. Car si le nucléaire est considéré comme une énergie propre - c'est-à-dire appartenant au giron du "label vert" -, il est éligible à tous les fonds financiers verts, qui correspondent à des centaines de milliards d'euros qui doivent s'investir uniquement dans des projets qui aident à la transition écologique.

Des catégories intermédiaires

Donc, cette question de savoir si le nucléaire est propre ou pas a été l'objet d'une intense bataille en Europe. Avec d'un coté les pays anti-nucléaire comme l'Allemagne, l'Autriche - qui n'a jamais eu de centrale nucléaire sur son sol - ou encore le Luxembourg, qui aimerait que la France ferme ses centrales à sa frontière. De l'autre, on retrouve les pays pro-nucléaire, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni (qui a acheté deux centrales EPR), et puis de nombreux pays d'Europe centrale comme la République tchèque, la Hongrie ou la Slovaquie.

Le nucléaire a donc été considéré, lundi soir, comme une énergie qui pouvait possiblement être incluse dans les catégories intermédiaires, à savoir "habilitantes" ou "de transition". Mais, et c'est la beauté de l'Europe, les Allemands ont également gagné. Car, ils souhaitaient eux que le gaz soit aussi considéré comme le nucléaire. Et ils ont obtenu gain de cause.

Le CO2 ciblé

Cela veut-il dire qu'au nom de la transition écologique, on va financer des centrales à gaz et des réacteurs nucléaires ? L'impression peut être bizarre : ce sont des énergies dites de transition. L'idée, c'est d'inciter les Allemands à remplacer leur centrale à charbon (38% de l'électricité dans ce pays) par des centrales à gaz (qui émet deux fois moins de CO2). 

Quant au nucléaire, il n'émet pas de CO2. Donc, les Français font valoir qu'il faut choisir ses combats dans la vie. Si l'ennemi, c'est le CO2, alors le nucléaire n'est pas l'ennemi. Donc va pour le gaz, va pour le nucléaire ; voilà comment l'Europe a trouvé un compromis qui satisfait à la fois les Français et les Allemands.