Le gouvernement face au casse-tête du livret A

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Olivier Samain avec B.G. , modifié à
DELICAT - François Hollande doit décider s'il baisse ou non le taux de rémunération de 1% du livret A. Une décision qui serait logique économiquement, mais qui reste sensible politiquement.

Les plus de 60 millions de Français propriétaires d'un livret A vont-ils voir le taux de rémunération passer sous la barre symbolique des 1% ? C'est la question à laquelle devra répondre lundi ou mardi François Hollande. En effet, le chef de l'Etat attend la recommandation du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer à ce sujet. Or, ce dernier avait déjà préconisé une baisse de ce taux au début de l'année 2015. Et pour cause, l'inflation (autour de 0,3%) et les taux d'intérêts très bas rendent cet abaissement logique d'un point de vue économique et financier. Si l'Elysée venait à suivre strictement la loi, il devrait donc annoncer une baisse du taux du livret A à 0,5%.

Décision "rationnelle économiquement". Le seul hic, c'est que cette décision, si elle apparaît rationnelle économiquement, s'avérerait très impopulaire d'un point de vue politique. Et pour cause, le livret A est le placement financier le plus répandu en France, avec 60 millions de bénéficiaires. Quand Christian Noyer avait recommandé l'abaissement du taux en début d'année 2015, l'Elysée n'avait pas suivi son avis pour cette raison. Pourtant, comme l'explique Philippe Crevel, président du Cercle des épargnants ce serait une décision "rationnelle économiquement". Cependant, il est bien conscient que le livret A reste "un sujet sensible, abaisser le taux du livret A en-dessous des 1% pourrait provoquer un processus de retrait des capitaux assez important". 

>> Réécoutez l'interview de Philippe Crevel du Cercle des épargnants sur Europe 1


Philippe Crevel : "Le livret A est une épargne...par Europe1fr

"Privilège certain" pour les banques françaises. Lundi, l'association de consommateurs CLCV a plaidé pour le maintien à 1% du taux du Livret A, notamment pour protéger l'épargne des personnes à revenus moyens ou modestes, "ces derniers ayant tendance à garder durablement leurs fonds sur ce support". Selon l'association, la France est "l'un des pays en Europe qui compte la plus faible part de comptes de dépôt rémunérés", ce qui constitue un "certain privilège" pour les banques françaises. L'évolution du taux du Livret A représente enfin, selon l'association, un "réel 'marqueur psychologique' d'évolution du pouvoir d'achat" et une baisse sous le seuil de 1% "serait considérée comme un signe récessif". Depuis la création de ce produit d'épargne en 1818, son taux n'a jamais été inférieur à 1%.