Le Brexit compromet un peu plus les délicates négociations sur le Tafta

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COMMERCE - Le Brexit intervient alors que les négociations sur le traité transatlantique devaient s’accélérer.

Officiellement, le Brexit n’a rien changé : le secrétaire américain au Trésor a souligné lundi que les négociations avec l’Union européenne sur le Tafta "continuaient". Mais dans les faits, le traité transatlantique de libre-échange est de plus en plus dans l’impasse. Et le sommet européen organisé mardi et mercredi ne devrait pas changer la donne.

Où en est le Tafta ? Egalement appelé TTIP, le Tafta est un traité de libre-échange que l’Union européenne et les Etats-Unis négocient depuis 2013. Son objectif : éliminer les barrières douanières et règlementaires entre les deux zones pour favoriser les échanges commerciaux et l’activité économique. Européens et Américains négocient donc pour définir des règles et des normes communes aux deux continents, des discussions qui prennent beaucoup de temps tant le diable se cache dans le moindre détail.

Trois années plus tard, les négociations sont entrées "dans une phase importante et cruciale", assurait fin mai le principal porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. Ce dernier invitait alors les Etats européens à apporter leur soutien à ce traité lors du prochain sommet européen, prévu le 28 juin. Sauf que le Brexit est passé par là.

Le Brexit complique un peu plus les discussions. Le vote des Britanniques va en effet bouleverser la donne, à plus d’un titre. Le format des discussions n’est déjà plus le même : les Etats-Unis ne négocient désormais plus vraiment avec 28 mais 27 Etats et se demandent s’ils doivent entamer des discussions à part avec Londres. Or, il se trouve que Londres était l’un des principaux partisans de cet accord et qu’il ne pèse désormais plus dans la délégation européenne.

En face, les Européens ont toujours évoqué le sujet avec précaution : les opinions publiques y sont opposées en Allemagne, en France ou encore en Italie et le fait que les négociations soient secrètes n’a pas arrangé la situation. Depuis le Brexit, le Tafta est donc considéré comme un sujet secondaire et bien moins pressant. Autant dire que l’objectif de trouver un accord avant 2017 est désormais très compromis.

En France, on préfère même ne plus en parler. Avant même le Brexit, le sujet était déjà sensible, comme l’avait confirmé la dernière déclaration de François Hollande sur le sujet. "Dans cette discussion engagée depuis plusieurs mois et que certains voudraient accélérer, il ne peut pas être question de sacrifier nos intérêts à l'obtention d'un accord", avait-il prévenu mardi, avant d’ajouter : "la France n'acceptera pas de dispositions susceptibles de mettre en cause notre système agricole et alimentaire, notamment dans le secteur de l'élevage".

Le vote des Britanniques n’a évidemment pas arrangé la situation, ravivant la crainte que le Tafta dope le vote extrême, la crainte du président de la République : "le danger est immense face au populisme et aux extrémismes", avait-il d'ailleurs souligné vendredi après le vote britannique. Ce qui explique pourquoi Manuel Valls a adopté un ton très critique dimanche : "dorénavant, aucun accord de libre-échange ne doit être conclu s'il ne respecte pas les intérêts de l'Union. L'Europe doit être ferme. La France y veillera. Et moi je vous le dis franchement, il ne peut pas y avoir d'accord de traité transatlantique. Cet accord ne va pas dans le bon sens", a martelé le Premier ministre. Autant dire que lors du sommet européen de mardi et mercredi, les Européens parleront surtout Brexit et très peu Tafta.