Investissement, dette : comment l'Etat va soutenir la SNCF

© SEBASTIEN BOZON / AFP
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Manuel Valls a dévoilé mercredi l'ampleur de son geste envers la SNCF pour l'aider à relever les défis qui l'attendent. Et calmer la grogne des cheminots.

Aide à la rénovation du réseau, défense du réseau Intercités, possible reprise de la dette : le gouvernement a dévoilé mercredi l'ampleur de son soutien à la SNCF, et ce dernier se chiffre en millions d'euros. Ce coup de pouce était déjà prévu mais la mobilisation des cheminots l'a probablement accéléré : le gouvernement a récemment contraint la direction de la SNCF à accepter un accord plus favorable aux cheminots, et donc plus coûteux pour l'entreprise. Le gouvernement a donc décidé de compenser ce manque à gagner à court terme.

Le détail des annonces. Manuel Valls a notamment promis 100 millions d'euros supplémentaires pour rénover le réseau en 2017, ce qui porte le soutien de l'Etat à 500 millions d'euros d'ici 2020. Le gouvernement a également promis une subvention de 90 millions d'euros en faveur du fret ferroviaire pour l'année 2016. L'Etat assumera par ailleurs "l'équilibre économique" des lignes Intercités, lourdement déficitaires, a-t-il précisé.

Vers une réduction de la dette ? Le Premier ministre a évoqué un autre dossier, encore plus lourd : la dette de la SNCF et surtout de la SNCF Réseau, propriétaire et gestionnaire des infrastructures. Manuel Valls a en effet évoqué une possible reprise de cette dette tout en précisant que le gouvernement ne se déciderait qu'en août prochain. 

Il faut dire que la SNCF est endettée à hauteur de 44 milliards d'euros, dont les trois-quart sont à la charge de SNCF Réseau. Or l'Etat n'est pas étranger de cette dette : il est l'unique propriétaire de l'entreprise et, comme dans le secteur nucléaire, il influe énormément sur les ouvertures de lignes et leur desserte. De plus, il a refusé de régler ce dossier en 1997, lorsqu'il a séparé la SNCF en deux entités et transmis la majeure partie de la dette de la SNCF à RFF, qui est depuis devenu SNCF Réseau. La dette de la SNCF est donc en partie aussi celle de l'Etat. D'ailleurs, l'Allemagne a réglé les 35 milliards de dette de la Deutsche Bahn lorsque l'homologue allemand de la SNCF a lui aussi été scindé en deux. 

Le réseau Intercités menacé. Une partie du réseau SNCF subsiste seulement grâce aux subventions de l’Etat, qui finance certaines lignes pour offrir une alternative au transport routier et favoriser la mobilité. C’est notamment le cas du réseau Intercités, dont le nom officiel est "trains d'équilibre du territoire (TET)" et qui comprend 30 lignes : 22 lignes de jour et 8 lignes de nuit.

Sauf que ce réseau Intercités séduit de moins en moins. Sa fréquentation a baissé de 20% depuis 2011, et fait perdre toujours plus d'argent à l’Etat : le déficit devrait dépasser 400 millions d'euros en 2016. "Chaque billet vendu nécessite plus de 100 euros de subventionnement public en moyenne", résumait fin février le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies. Si le réseau Intercités n'échappera pas à une réorganisation, l'Etat a donc promis son soutien financier. 

Pourtant, la grève se poursuit. Malgré ces douceurs, le mouvement de grève semble parti pour continuer : si les cheminots ont obtenu gain de cause pour leur accord d'entreprise, certains contestent encore l'accord de branche et surtout la loi Travail. La grève a ainsi été reconduite pour jeudi par les assemblées générales de cheminots dans de nombreuses régions, selon un décompte de l'AFP : en Ile-de-France, Aquitaine, Poitou-Charentes, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne, en région lyonnaise (Loire, Rhône, Drôme, Ardèche) et marseillaise, ainsi que le secteur de Chambéry (Savoie, Haute-Savoie, Isère, Ain) et les villes de Tours et Dunkerque.

L'équilibre des forces est néanmoins en train de changer : si Sud Rail est toujours opposé aux accords proposés, la CGT a annoncé mardi qu'elle prendrait "le temps nécessaire" pour analyser ces documents. Et depuis mardi, la confédération syndicale ne donne plus de consigne de vote, laissant aux assemblées générales de grévistes le soin de "déterminer les suites" de ce mouvement.